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Forums de Reggae Tabs

#1  15-09-2006 19:48:37

Jah Rasta Mo
 

La grande histoire...

...parceque des fois voilà c'est comme ça !  

Franchement, y'a une heure, mon coloc rentre. Il entre d'une manière assez rapide, et me fait un signe de tête assez explicite:"bouge pas, j'ai un truc qui va te faire plaisr", le vois-je en train de me dire.
Et là, il me pose un truc vert sur mon bureau. Il me fait:
-Vas y molo
C'est du costo" (tout en rime, comme f'est voliiiiii...!  )
-ok!
J'prends mes feuilles et pi chacun devine de suite quoi fais-je....  
Quinze lattes plus tard je decide enfin de vous raconter la petite histoire (ou plustot la grande   ) du fameux et rare "Radio nova collector:" édition 1995.

50 ANS DE BOB MARLEYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY!!!!!!!!
(Et c'est pas fini!)

YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!:D    
(En plusieur posts!!!   1 page par jour:D=ou plus si l'humeur y est...)=

En spécial dédicasse pour DEUNS, de la part de Sergei, et de moi, mais aussi pour vous tous car je vous aime.  

Je demanderai à TOUS les membres de ce forum de ne pas poser un seul post sur ce topic. Ca gacherait l'histoire. C'est pourquoi un post spécial intitulé: "La grande histoire: commentaire!" verra naissance.

Pour la bonne lecture de chaque personne désirante vivre cette histoire de A à Z, Merci de

RESPECTER CETTE REGLE!!!  

Merci.

Pour ceux qui ne sont pas intéressés, merci de passer le chemin sans rien dire.

Et c'est partiiiiiiiiiiiiiiiiiii mon kiki!! Yeahhh!!!  









1945. 6 février. Naissance de Nesta Robert Marley, fils de Norvat Marley, capitaine, et de cedella Booker.

A 6 ans, Nesta Marley décide d'être chanteur.

A Saint Ann, dans la campagne, on est pauvre. Cedella Booker est la fille d'un paysan chrétien et "bush doctor", rebouteux. Comme partout en Jamaïque, la famille chante le gospel dans les églises.
Quand le capitaine Norval Marley arrive sur son cheval, il a la stature du Blanc qui supervise des travaux dans la forêt. Il a cinquante ans et ressemble à Rimbaud, Cedella en a dix-huit et ressemble à Josephine Baker. Ils s'aiment.Nesta Robert Marley naît le six février 1945.
Cedella n'a jamais tari d'éloges pour le capitaine, qu'elle décrit comme doux et aimant. Il est rentré à Kingston, pourtant, en laissant la paysane enceinte. Mais il l'épouse. Scandale chez les Marley, une famille de planteurs qui le déshéritent: un Blanc n'épouse pas une Noire. Norval Marley sombre dans la boisson et la pauvreté. Et il disparaît.
A Saint ann, Nesta, le petit métis, chante comme tout le monde dans les choeurs d'église. Surtout, il se taille une réputation de voyant: il lit les lignes de la main.
Il a cinq ans quand le capitaine déchu refait surface, et annonce qu'il veut placer son fils dans une école privée de la capitale, chance inespérée pour un gamin de la campagne. A l'arrivé du bus, Norval Marley est là pour l'accueillir.
De nouveau, mystère. Un an plus tard, une amie de la famille tombe sur le môme qui traine dans Spanish Town. Sa mère le ramène au village, qui acclame ce retour. On lui demande de lire l'avenir, comme avant. Il répond :"Non.C'est fini. Maintenant je suis chanteur".
Ses copains le défient de montrer ce qu'il sait faire. D'après Cedella Booker, Bob a chanté "Touch Me Tomato", un classique du pur folklore jamaïcain: le mento. Le public éclate de rire et fait un triomphe. Premier show, premier succès. On trouve aujourd'hui "touch me tomato sur 'pop' & Mento" des Jolly Boys (chez Sonic Sounds/Ras Records). Quand au capitaine Marley, on ne la jamais revu. Il mourrut dans la solitude en 1955.

...

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#2  15-09-2006 20:16:16

fenek
 

Re: La grande histoire...

et voila..... gaché  

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#3  15-09-2006 20:43:24

leboube
 

Re: La grande histoire...

d'accord avec fenek pas besoin de nous donner envie c'est gacher  

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#4  15-09-2006 21:02:17

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Années 50 Le Jamaïcain Harry Belafonte lance le calypso aux Etats-unis.

Dans quel univers musical a grandi Bob Marley? Dans les années 50, la pure musique jamaïcaine s'appelle encore le mento. Mais c'est le calpso que les Blancs découvrent.
"Touch me tomato, la première chanson jamais chantée en public par Marley, à l'âge de six ans, est un classique du folklore, la seule musique pure jamaïcaine: le mento.
Le mento vient des percussions. En jamaïque, les esclaves n'avaient pas le droit de jouer au tambour, censé transmettre des messages comme le tam-tam, subversifs et hermétiques aux Blancs. Mais pour les tribus, les rythmes étaient l'identité même. On les apprenait aux jeunes malgré tout. Ce sont souvent les communautés d'esclaves évadés, les marrons, qui ont sauvé l'héritage.
Quans ces tambours d'Afrique ont rencontré des mélodies d 'Europe, le mento est né. Même alchimie que le gospel. Le mento est une musique folk qui ressemble à d'autres musiques venues des esclaves. Les chansons rituelles "Jawbone" des marrons de JamÏque ont un air de famille avec les chants Juka du Sirinam, comme toutes les musiques noires avec appel-réponse. A l'extrême sud des Antilles, les airs du calypso de Trinidad ressemble tellement au mento qu'on les confonds souvent. Pas étonnant: au XVII² siècle, la moitié des esclaves transbordés en JamaÏque étaient des Akan et des Ga-Adangmé, ou des Kromanti de la côte d'or(Ghana actuel).
En 1953 aux Etats-Unis, Harry Belafonte lance le calypso avec des tubes comme "Banana Boat(Day O). Le calypso est un rythme binaire venu des carnavals de Trinidad, mais Belafonte a passé son enfance en JamaÏque? et plusieurs de ses morceaux sont des mentos, comme son célèbre Matilda. Il participe à la vogue pour les musiques antillaises et sud-américaines des années 50 (bossanova, manbo,cha-cha-cha). Le calypso devenu international est une sorte de musique officielle des îles. C'est elle qu'on sert aux touristes venus danser le limbo sur les plages de Montego-Bay.
Mais l'engouement pour exotisme n'a pas récupéré le mento, resté une musique pure, populaire, aux messages codés à demi-mot dans la tradition des musiques d'esclaves, qu'on retrouvent dans le blues ou... le futur reggae.

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#5  15-09-2006 21:32:49

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Dans Kingston se multiplient les sound-systems, des discothèques mobiles. La jamaïque danse dans la rue. Avec le sound-system naît le deejay moderne.

En 1950, la base américaine de Kingston, source de disques, ferme. Mauvaise nouvelle pou les Jamaîcains amateurs de jazz et de rhythm & blues. Pour entendre leurs idoles, Louis Jordan ou Fats Domino, ils se tournent vers la radio.
Dans les campagnes, les villages perdent leurs orchestres, mais dans les rues de la ville circulent des camions sonorisés, discothèques mobiles, les fameux "sound-systems".
Aux commandes, les deejays. Leur boulot consiste à fixer la foule en baratinant, comme des animateurs de radio, les ancêtres des rappers.
Le plus fameux des sound systems est celui de Sir Coxon. Coxson laisse les disques et le micro à Count Machuki, qui présente les morceaux à la lumière des djs des radios américaines. Des incitations brûlantes, pour entrîner les gens à danser, comme du temps du quadrille des cow-boys.
Machuki a un assistant, Stitt, qui le remplace quend il est trop saoul, c'est à dire souvent. Stitt est né avec un visage difforme (il a dû se faire arracher des incisives). Stitt, "point de suture", sera vite sacré King des djs. Et c'est là, au début des anées 60, que King Stitt invente le rap.
Copiant d'abord Machuki ou Sir Lord Comic, il développe un style où les enchaînements de mots entrent dans le rythme. Quand il lance un disque de ska, souvent jazzy et ses paroles, ses intros et ses relances se substituent au chant absent. King Stitt va être lui-même copié: les djs célèbres des années soixante, U Roy, King Sporty, Dennis Alcapone, I Roy, Big Youth puis Dillinger, lui doivent beaucoup.1967 sera la prochaine date-clé: King Tubby lance les "versions", ces premiers remix des tubes en vogue où l'on a enlevé la voix du chanteur. Le dub est né, anticipant la house music, la techno et la jungle. Dès 1969 il s'enrichit d'effets sonores en tout genre. Le pubilc enthousiaste chante les paroles dans les soirées, et les djs s'en donnent à coeur joie. Trouvant enfin le champ libre pour s'exprimer, ils développent leur style proche du rap.

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#6  15-09-2006 22:26:33

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1956 Cheikh Anta Diop invente l'afrocentrisme.

Les Blancs avaient blanchi l'histoire. Dans les années 50, une nouvelle vision apparaît: l'afrocentrisme. Des intellectuels noirs soutiennent la thèse: l'Afrique mère des civilisations. Les premiers pharaons étaient noirs. Pourquoi pas le Christ?

En 1920, Marcus Garvey avait frappé les foules avec son slogan:"retour en Afrique". Au millieu des années 50, un groupe d'intellectuels noirs donne du fond historique aux paroles de Garvey.
Afrocentrisme. Les Blancs avaient blanchi l'histoire. Il suffit d'ouvrir trois vieux manuels pour être édifié: les Egyptiens sont des Blancs. Sorti d'où? Peu importe. Blancs comme l'invention et la théorie, la philosophie et la théorie, la philosophie, la logique, l'astronomie, tous ces mots venus du grec.
En 1954, Cheikh Anta Diop, historien, rapelle que les pharaons, certains du moins, étaient noirs. Pour les afrocentristes, des pharaons noirs ont construit les pyramides. Ils prétendent mordicus qu'arrivé devant le Sphinx, Bonaparte, ou l'un de ses officiers, agacé par les traits négroïdes du monument, fit tirer au canon sur ce nez qui les narguait.
Hannibal? Il était négroïde comme la plupart des phéniciens et la chute de Carthage a marqué la fin de l'influence nègre en Méditéranée.
Il est fascinant de relire l'histoire sous l'angle égyptien. Prenez le cultte d'Isis: il s'est répandu en Occident à l'époque de César et il a survécu jusqu'au XVI² siècle, quand le cardinal Briçonnet fit détruire la dernière statue d'Isis à l'abbaye Saint-Germains-des-Près, en 1514.
Il y a sept mille ans, tout serait parti de Nubie, c'est-à-dire du Soudan. Les premières dynasties auraient été noires métisses, aimant les captives blanches du Nord.
En réfléchissant, on ne voit pas pourquoi l'Afrique sahénienne n'aurait pas vécu le même genre d'exodes et de conquêtes que l'Europe. Huns, Mongols, pourraient être là-bas, par exemple, les Peuls, Doualas, Dogons, Haoussas ou Singales. Les Peuls, nomades du Sahel, longtemps vus comme des Noirs blanchis par un métisse sémite, auraient pu quitter l'Egypte lors de l'invasion perse au VII² siècle avant Jésus-Christ. Et les Egyptologues recommandent de lire l'interview du vieux sage dogon Ogotemmeli par Marcel Griaude.
Les langues? Comme le disait aimablement William Budge au début du siècle :"Les Egyptiens, fondamentalement africains, en ont les vertus et les vices. Aucun peuple africain ne peut être considéré comme capable de métaphysique. On ne peut pas traduire Aristote dans leurs langues."
Faux. Chomsky a depuis, montré l'absurdité de cette affirmation, et Diego a traduit en wolof ou en serere des textes classiques.
Pour beaucoup de rastas comme Marley, Sélassié l'Héthiopien étant le descendant du roi Salomon, ce juif était forcément noir comme lui. Une partie au moins des Juifs étaient noirs à l'origine, comme les Falaches d'Héthiopie, avant d'être métissés par des millénaires d'invasions barbares blanches venus du nord. Le premier roi chrétien n'était-il pas, comme Sélassié, un orthodoxe éthiopien, bien avant l'empereur romain constantin? L'afrocentrisme recoupe les réflexions des rastas inspirés par la Bible anglo-saxone de King James. Moïse et les juifs étaient noir. La preuve: il portait des dreadlocks

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#7  15-09-2006 23:09:23

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1962 Bob Marley enregistre son premier ska (un bide) et rencontre les Wailers.

De la rencontre des tambours rastas et du jazz naît une nouvelle musique: le ska. Bob Marley a 16 ans et comme toute la Jamaïque, il fait du ska. Après le ska viendra le rocksteady, puis le reggae.

Dans les collines vivent les rastas. Au tournant des années 60, ils descendent en ville pour manifester sans violence mais aussi avec leurs tambours.
L'un des maîtres-tambours s'appelle Count Ossie. A Kingston,les jazzmen l'invitent dans leurs clubs avec ses chevelus. De la rencontredes tambours (nyabinghi rasta, ettu, burru et marrons) et du jazz naît une nouvelle musique: le ska. En 1962, c'est au rythme du ska que la foule chante l'indépendance.
La même année, Chris Blackwell fonde Island Records et sort "My Boy Lollopop", le premier tube ska. Succès mondial, le premier de la musique jamaîcaine.
Bob Marley a maintenant seize ans. Il habite avec sa mère à Kingston, dans le quartier de Trench Town. Métis, il a quelques problèmes au collège. Apprenti soudeur, il fréquente les "rude boys", les voyous de la ville.
Un jour de 1962, il débarque chez le producteur Leslie Kong, qui lui enregistre un titre."Judge Not". Un tube country en version ska, évidemment. "Judge not" fait un bide.
Là, Marley se montre intelligent. Il a compris. Et il file chez Joe Hoggs.Joe Higgs, le prof de chant redoutable, un rasta qui ne croit qu'à la dureté pour inculquer aux débutants la précision et la discipline. Marley apprend. A l'époque, il y a toujours deux frimeurs du quartier qui traînent chez Joe Higgs. Bons gars, mais "rude boys". Peter Tosh et Bunny Livingstone. Un mois plus tard, les trois larrons jouent ensemble. Ils appellent leur groupe les Wailers (de "to wail": se lamenter) et se lancent dans le terrible circuit des studios de Kingston, à la recherche du producteur qui les propulsera vers la gloire et leur paiera des costards.

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#8  16-09-2006 01:35:24

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1964 Coxson lance les waillers: "Simmer Down" numéro un en Jamaïque.

Coxson. C'était un message intelligent aux jeunes Jamaïcains: Pas de gaffes!

Le producteur de Bob Marley, Coxson, avait fait sa fortune dans les sound-systems. Au Studio One, tout le monde tente sa chance. Bob s'impose comme leader naturel du groupe. Il n'oublie pas les ghettos et son premier ne passe pas la pommade.

En 1951, juste après le passage d'un ouragan dévastateur, une madame Darlington fut la première femme à faire tourner un sound-system en Jamaïque. Madame Darlington avait un fils, Clement Dodd, dit "Sir Coxson", parti aux Etats-Unis à la recherche des premiers enregistrements de rhythm and blues.
"J'envoyais les disques à ma mère et elle s'est mise au sound-system, Ca s'est tout de suite appelé "Coxson's Downbeat". J'avais un ampli Bogen 35 watts et deux enceintes Celestion, un truc anglais qui pouvait tout encaisser. Il y avait une section cuivres de l'université pour souteir le son, madame Darlington était aux platines avec une radio branchée sur les enceintes devant son magasin. On captait un programme de Nashville et une radio des forces Armées. Moi, je passais ma sélection de vieux trucs boogie-woogie, jazz. Ce qui marchait à l'époque, c'était Billy Eckstine et Sarah Vaughan."
Pour faire mousser son system, Coxson réalise des "dub plates", disques gravés sur acétate à un seul exemplaire.
"Pour attirer la foule, il fallait avoir les meilleurs disques. Le plus important, c'était de passer ces dub plates. Les gens ont fini par demander comment se les procurer et là, on a compris que ça pouvait avoir une valeur commerciale. J'ai été un des premiers à m'investir à fond, sessions hebdomadaires et tout le toutim."
Coxson monte le Studio One. D'après Bunny Wailer, les Wailers y ont enregistré "Simmer Down" et le lendemain même de leur première audition. Coxson:
"Sûrement pas. A l'époque, ils ne faisaient que des reprises. Je recherchais un feeling avec des voix jeunes, harmonisées, un esprit de groupe et ils m'ont tout de suite impressionné. Je leur ai demandé d'écrire, on s'y est mis et un soir on a monté 'it hurts to be alone". Il leur a fallu du temps, parce qu'ils avaient surtout fait des trucs style doo wop. Il y avait du travail, comme polir un pierre brute, mais Bob était doué. Il voulait prendre les choses en main et il avait tout ce qu'il fallait pour. Leurs principaux rivaux étaient les Techniques, avec le chanteur Slim Smith et les Wailers ont dû s'accrocher, car Slim Smith chantait mieux que Bob." Coxson connaît le métier et en février 1964, "Simmer Down" devient numéro un en Jamaïque.
"J'ai tout de suite compris que ce morceau était ce qu'il fallait aux jeunes Jamaïcains, un message intelligent. "Pas de gaffes!". On oublie qu'au début, Junior Braithwaite se voulait le leader des Wailers, mais c'était Bob le leader naturel, ça s'entend quand il chante "Simmer Down", et il l'est resté. Avec le succès des Wailers, tout le monde s'est mis à faire du ska. Ils s'étaient imposés."
C'était une musique totalement inédite: la musique des victimes("sufferah music") un torrent brut jailli du ventre des ghettos. attitude exemplaire de la part des Wailers, qui chantaient aux jeunes délinquants crâneurs de Kingston: "Gardez votre calme".
Partout, à la radio, sur les phonos, on entendait la sufferah music. Ce chant rebelle provoqua chez les jeunes une rage nouvelle, car ces vérités sonnaient juste.
De 1963 à 1966, Coxson a fait enregistrer aux Wailers une centaine de titres, dont pas mal de reprises de tubes étrangers:"What's new Pussycat" de Tom Jones, "And I love her" des Beatles, etc.
Coxson: "A vrai dire, j'avais un peu adopté Bob, dont la mère avait émigré au Delaware. Le père de Bunny ne pouvait plus s'en occuper, et pendant deux ans il a vécu au studio. Il s'y sentait bien, il était sur place pour commencer les répétitions à l'heure. Il était dans le bain."
Au fait: Clement Coxson fait bosser les Wailers pour trois livres sterling par personne par semaine et un costume neuf par concert.

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#9  16-09-2006 02:05:56

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Les Wailers. L'industrie du disque en Jamaïque, c'est de la piraterie.

Les trois Wailers, Peter Tosh, Bunny Livingstone et Bob Marley, racontent leurs débuts dans les studios jamaïcains.

"Avant la formation des Wailers, vous chantiez déja en solo?
-Peter Tosh: Oui. Un peu. Bob faisait ses enregistrments. On se connaissait depuis longtemps, on a grandi dans le même quartier. Bob et Bunny allaient à l'école ensemble.
-Qu'est-ce qui vous à poussés à former un groupe?
-PT: Savoir que l'harmonie, c'est la force et l'unité.
-BM: Bien avant le ska, on écrivait déjà nos propres morceaux. Moi je m'y suis mis vers seize ou dix-sept ans. C'est pas facile, au début. On jouait même des trucs des Impressions.
-Combien de temps s'est écoulé entre la formation du groupe et vos premiers enregistrements?
-BM: Environ un an.
-Avec qui avez-vous signé en premier?
-BM Avec un mec qui s'appelle Coxson. Depuis, il y en a eu trois autres. Aujourd'hui, on a notre propre label, Tuff ong.
-Vous avez sorti combien de simples?
-PT :Je ne sais pas, plus d'une centaine je pense.
-Combien de tubes?
-BM :Des tubes? Je fais pas gaffe, tu vois, mais il y en a un paquet.
-Quand avez-vous commencés à être payés pour vos chansons?
-BM :Jamais.
-Il y a beaucoup de magouilles dans l'industrie du disque?
-PT : A Kingston? Yeah, man. Pour ça, on est des chefs. Ici, c'est la procédure légale. Un type s'amène, se dit producteur, prend deux mecs pour chanter un morceau et s'il a du bol, ça devient un tube qui se vent à trente mille exemplaires. Il dira aux deux chanteurs: "voilà trois shillings, revenez l'année prochaine". L'industrie du disque en Jamaïque, c'est de la piraterie. En attendant que ça change, il faut travailler avec l'étranger.
-Les producteurs tiennent tout?
-BM : C'est l'artiste le plus important, parce que sans lui...tu vois? Mais le producteur, il a l'argent. Nous, on en gagne pas: on devient célèbres. Et comment je fais pour manger?"

(Recueilli en 1973 par Danny Holloway)

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#10  16-09-2006 03:19:26

leboube
 

Re: La grande histoire...

petite rectification en toute amitié
1er enregistrement 1959 judge not (rock steady)
2 eme one cup of coffee 1960

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#11  16-09-2006 12:46:37

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Vision Walker. Les wailers, on aurait dit un gang qui remontait la rue.

Constantine "Dream Vision" Walker était le chanteur des Soulettes.

"J'ai commencé à chanter à treize ans, en 63. Un jour, ma cousine Rita Anderson m'a demandé de faire des harmonies sur un de ses morceaux,"Blood Stain". Ca a tout de suite sonné professionnel, comme un classique. Une copine d'école de Rita, Marlène Gifford, nous a rejoints et on a formé les Soulettes. Pour le premier passage radio, sur une radio amateur, on a repris "What's tour name", un classique de r&b américain.
RS : Comment as-tu rencontré Bob, Bunny et Peter.
CW : Par Andy, un ami qui m'avait entendu chanter avec Rita. Il nous a présentés à Coxson, à qui on a plu, et qui avait déja signé les Wailers. Les Wailers, on les voyait passer devant chez nous pour aller chez Coxson. On aurait dit un gang qui remontait la rue. Ils faisaient sensation avec leur démarche, et Peter, avec sa guitare à la main. Les enfants, les gens, suivaient leur vibes.
]url] RS : Vous faisiez combien de prises avant de garder la bonne?[/url]
CW : Trois au plus, et la première était toujours la meilleur. On était payé par face de 45 tours, on faisait un morceau par jour et pour gagner du temps tout le monde jouait avec les Skatalites et il fallait assurer."

(Recueilli en 1994 par Roger Steffens)

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#12  16-09-2006 13:19:29

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Beverly Kelso. Il y avait trop de ganja au studio.

Beverly Kelso, oiseau chanteur des Wailers pendant trois ans.

"En 1963, j'avais seize ans et je me produisais dans un "fun club", sur Wellington Road. Les jeunes venaient y danser, montrer ce qu'ils savaient faire. Une nuit, vers trois heures, je chantais dans l'allée centrale quand Bob est entré. Après, il m'a demandé si je voulais chanter dans son groupe. J'ai rigolé. Il m'a dit :"C'est sérieux" J'ai répondu :"Quand tu veux." Trois jours après, il est venu chez moi me dire qu'on enregistrait le lendemain. Le studio, c'était bien sûr celui de Clement "Coxson" Dodd, le Studio One."
Pour ses débuts en studio, Beverly Kelso enregistre le premier succès des wailers, une composition de Marley intitulée "Simmer Down". Un message aux voyous éxités des bas-fonds de la Jamaïque, relevé de l'âpre sax ténor de Roland Alphonso sur fond ska.
"On a répété dix minutes et Bob m'a fait chanter ce refrain en boucle derrière lui : "Simmer down, simmer down"; Tout s'est passé très vite et presque aussitôt j'ai appris que notre disque était un succès et qu'on allait donner des concerts un peu partout, au Palace par exemple, et voyager entre Kingston et Montego Bay.
"Ma soeur m'a fait une robe dorée assortie aux costumes que M.Dodd avait payés aus Wailers. M.Dodd avait aussi prévu une séance de photos publicitaires. Je n'en revenais pas.
"J'ai quitté les Wailers 1966 à cause de l'attitude de Bob dans le travail. Dès qu'on faisait la moindre faute il vous engueulait: parce que c'est comme ça que lui il avait appris, avec Joe Higgs.
"Je pleurais, je menaçais toujours de partir. Parfois il s'excusait :"Oh Beverly, tu me connais." Mais c'était dur à encaisser et un jour je suis partie pour de bon."
Bunny Wailer confirme :"Ca devenait très professionel. A cette époque, les Skatalites enregistraient avec nous la plupart des titres ska. Il fallait se maintenir à leur niveau et Beverly n'a pas voulu suivre."
Autre raison au départ de Beverly Kelso: la ganja au studio. Les Wailers aux commandes, leur frime de voyous, leur codes, les volutes des spliffs qui tournaient sans cesse, c'était trop.
"Ca devenait irrespirable. A chaque inspiration, dès que je m'approchais du micro, je toussais et ça les rendait furieux. Ils répétaient :"C'est parce que toi, tu ne fumes pas". Je n'étais pas du tout d'accord mais je n'avais pas envie de me disputer là-dessus."

(Recueilli par Timothy White)

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#13  16-09-2006 13:40:40

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1966. 10 février 1966 à Kingston, Nesta Robert Marley, chanteur, épouse Alvarita Constantia Anderson, chanteuse. Le lendemain du mariage, il part aux Etats-Unis retrouver sa mère émigrée et chercher du travail.

21 ans, anarqué, marié, Bob part bosser aux Etats-Unis.

Du coup, il rate la visite d'Hailé Sélassié en Jamaïque. On lui racontera.

Après cent titres et quelques tubes chez Coxson, Bob Marley avait des costards, mais pas un dollard. Le 10 février 1966, il a épousé Rita, la choriste des soulettes. Ils attendent un enfant. Pour gagner de l'argent, Bob émigre aux Etats-Unis chez sa mère. Et trouve un mi-temps chez Chrysler, à porter des pièces entre les ateliers.
En son absence, un événement a eu lieu à Kongston. Hailé Sélassié est venu en visite officielle et des scènes singulières se sont déroulées. A l'aéroport, douze mille rastas sont venus voir le dieu vivant, le Roi des Rois annoncé par une prélidiction. Ils occupent en foule et en dreadlocks les bords de la piste. Les tambours roulent. Le dieu vivant sort, voit cette foule, recule dans la cabine : on ne l'a pas prévenu qu'il est le Messie des rastas. Il finit par sortir et s'engouffre dans une décapotable.
Plus tard dans la ville, les rastas courent sous la pluie, derrière la voiture où Hailé Sélassié, remis de ses émotions, salue le peuple noir.

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#14  16-09-2006 13:55:01

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Rita. J'ai vu les stigmates.

Elle court derrière la voiture, Sa Majesté se retourne et ...

"Quand on s'est marié et que Bob est parti pour l'Amérique, j'ai lu la Bible. Et je me suis dit, merde, tout est dans la Bible! Et puis Sa Majesté est venue en Jamaïque. Il fallait que je vois cet homme. Je ne voulais pas être une "rude girl", j'ai été élevée pour être une chrétienne. Bob n'était plus là et tout pouvait arriver. Ce qui pouvait me convaincre, c'était les traces de clous dans ses mains. Car la Bible dit :"Tu le reconnaîtras grâce aux traces de clous dans ses mains".
"Et me voilà sur le bord de la rue à attendre que la voiture officielle arrive de l'aéroport, sous la pluie, il pleuvait des cordes et il faisait soleil en même temps. La voiture est arrivée et j'ai vu ce petit homme, comme un petit agneau, il faisait signe de la main, et quand il s'est tourné vers moi, mes yeux l'ont vu entièrement! J'ai dit "Jésus!". J'ai regardé à nouveau et il a fait comme ça (elle salue de la main). J'ai regardé dans sa main et j'ai vu un point noir. Je crois que je me suis évanouie. J'ai changé. J'ai dit non, ça ne peut pas être vrai, Jésus Christ...c'est LUI ! Et je suis rentrée à la maison et j'ai vu ma tante, je lui ai dit, auntie, j'ai vu... l'homme, et... c'est lui! Elle m'a dit que je fumais trop de ganja! J'ai cherché, comme disait Bob, j'ai cherché et cherché et j'ai trouvé."

(Recueilli par Bruno Blum en 1993)

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#15  16-09-2006 14:04:58

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Vision. On en parlait depuis toujours.

Vision Walker, le chanteur des Soulettes.

"Rita Marley a dit qu'elle a vu des stigmates sur sa main. Toi aussi?
-Ouais, c'est vrai, j'ai vu des trucs. Chacun a vu un truc différent. Quand il s'est retourné, comme pour nous saluer, j'ai senti la force de cet homme, c'était mustique! Il y avait longtemps qu'on attendait ça: l'arrivée du Roi des Rois est une prédiction rasta très connue, on en parlait depuis toujours.
-C'est le moment où Bunny Wailer, Peter Tosh et toi, vous vous laissez pousser des locks?
-Oui.
-A son retour d'Amérique, Bob partageait-il les idées des rastas?
-Oui. Il avait toujours eu ça en lui, mais il ne le savait pas."

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#16  16-09-2006 14:50:47

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Qui sont les rastas? Une religion noire qui a trouvé son language: la musique.

En Jamaïque, ils existent depuis les années 30. Ils vivent dans les collines. Plus ou moins mal vus a cause de leur look "dread", plus ou moins persécutés. Mouvement à la fois religieux, inspiré par la Bible, et politique, nourri de la misère des ghettos et des paysans. C'est dans les années 60 qu'ils se montrent au grand jour. Ils ont enfin trouvé leur language : le reggae.

Perry Henzel réalisateur du film "The Harder They Come" avec Jimmy Cliff. Jamaïcain blanc, il connaît les rastas depuis l'enfance. Interview.

"Des rastas, on ne connaît souvent que les dreadlocks, les fameuses nattes. Quelle est la signification des locks?
-Porter des locks remonte au voeu du Nazaréen de ne pas se coiffer ni se couper les cheveux. Ca pourrait être affreux, mais en fait cela donne une certaine noblesse, non? Rappelons-nous: Jésus avait des locks.
-Le rastafarisme est-il une religion?
-C'est une façon de penser et de vivre qui résulte d'une grande consommation de ganja. Il faut remonter au début des années quarante. J'habitais en Jamaïque et je me rendais à cheval dans une maison où vivaient un tiers à peo près de tous les rastas que comptait alors le monde. Ils passaient leur temps à fumer de l'herbe, lire la Bible, se raconter des histoires et rigoler. Ils ne parlaient pas de leur pauvreté, mais plutôt du pied qu'ils prenaient.
"Un jour, un vieux rasta m'a raconté qu'au début de l'humanité les deux fils d'Adam ont reçus deux bénédictions différentes. L'un a reçu la bénédiction de la nature, l'autre celle de la science. L'esprit qui aimait la nature et en dépendait entièrement recevait d'elle tout ce dont il avait besoin, même si c'était un esquimau vivant dans la neige. L'autre craignait et haîssait la nature, et comptait sur sa bénédiction pour la détruire. Mais, à mesure que les réfugiés du monde naturel ravagé grossissent les rangs des ravageurs, l'abondance fait place à une empoignade pour mettre la main sur des ressources de plus en plus rares. Tel est le mythe que m'avait raconté ce vieu rasta, et n'est-ce pas ce qui arrive aujourd'hui?
-Les deux concepts clés des rastas sont "Ital" et "Babylone.
-Ital évoque un mode de vie naturel, mais plus encore l'idée de ne pas êtr esclave des biens matériels. C'est aujourd'hui une idée répandue, et souvent exprimée de manière ennuyeuse. Mais en Jamaïque, vivre ital n'a rien d'ennuyeux? J'y ai vécu pendant vingt ans, sans électricité. Même si on est en désaccord avec, la façon de vivre rasta n'implique au moins aucune violence. Voilà ce que dit ital :"Il n'est pas de superbe environnement, de superbe femme, de superbe nourriture que je ne puisse obtenir par moi-même. Ce n'est pas toi qui peux me le donner, et si tu veux que j'abandonne tout ça pour une télé couleur, alors garde ta télé". Ital est une philosophie stoïque qui voit la seule et vraie liberté dans le fait de se contenter de peu. Nul besoin de mener une vie agitée, dans un état permanent d'avidité.
-Et Babylone?
-Babylone dit le contraire d'ital: "Si, tu dois vivre dans l'agitation et l'avidité! Il nous faut ton énergie pour payer des impôts, faire la guerre, faire les tas de trucs qu'on attend de toi." Ce qu'il y a de mieux, à mon avis, dans le rastafarisme ce n'est pas l'aspect religieux, Sélassié Ier, etc. C'est que le rasta identifie l'ennemi :"Fais gaffe à Babylone".
-Le reggae a-t-il un avenir?
-Bien sûr. Regarde la country music : qui peut dire pourquoi le fermier blanc indépendant a trouvé son expression dans la musique de Nashville Tennessee? Et pourquoi l'identité d'une jeunesse noire et pauvre s'est incarnée dans les ghettos de !kingston Jamaïque? Peut-être parce que les Jamaîcains, bien avant les autres peuples noirs anglophones des tropiques, ont capté des radios américaines. Peut-être parce que nous avons en Jamaïque une tradition de liberté d'expression, pratiquement unique dans le monde tropical. Tant qu'il se trouvera des pauvres dont l'ambition est de s'élever, on marchera sur les traces des pionniers du reggae, à commencer par Bob Marley. La musique prendra des formes différentes mais l'esprit sera le même."

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#17  16-09-2006 15:57:12

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Les Wailers se tirent à la campagne, culitivent leurs ignames et fument la bonne herbe des collines.

Nature, potes, musique. Vision Walker en était. C'est lui qui remplacé Bob dans les Wailers pendant son séjour aux Etats-Unis.

"Quand Bob est rentré, en 1967, vous vous êtes installés à Nime Miles.
-Oui, quelques semaines après son retour. Bob avait envie de nature. Il voulait cultiver la terre, les ignames que son père avait plantés. On vivait là, Bob, Rita et moi, et Bunny faisait des allers-retours. Avant, en ville, on ne restait jamais longtemps sur place, on bougeait. Mais là, Bob avait envie de se retrouver. On faisait beaucoup de musique et on répétait surtout la nuit, dans la cabane où il était né. Il faisait un de ces froids là-haut, avec le brouillard jusque devant la porte! C'est en souvenir de àa que, plus tard, Bob a écrit "Misty morning". Dans la cabane, on écoutait souvent 'Eleanor Rigby" et Bob s'en est inspiré quand il a écrit "Sun is shining."

(Recueilli en 1994 par Roger Steffens)

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#18  16-09-2006 16:48:09

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1968. Bob Marley devient rasta, les Wailers passent au reggae.

Rasta, Bob Marley l'était depuis longtemps mais il ne le savait pas. Les rastas s'indentifient à un nouveau rythme : le reggae.

Quand la première communauté rasta, installée depuis les années trente au "Pinnacle" à Sligoville près de Spanish Town, a été expulsée manu militari en 1954, le mouvement s'est éparpillé dans l'île.
A Kingston, les rastafariens s'installent en un lieu nommé Back O'Wall,"le dos au mur". Au début des années 60, les trois Wailers traversent chaque jour cette zone pour se rendre à leur ghetto de Trench Town. Marley rencontre alors les meneurs historiques : Leonard Howell, Mortimer Planno, Prince Emmanuel,etc. Parmi ses amis, il y a Bragga et Georgie, qui habitent toujours aujourd'hui à Hope Road derrière l'actuel musée Marley, et d'autres rastas comme Joe Higgs, son prof de chant. Marley est donc au contact de cette culture révolutionnaire, mal vue en Jamaïque, dès 1962 au moins.
Combien sont les rastas : inquante mille? cent mille? Dans le groupe, Bunny Wailer est le premier à se laisser pousser les tifs : avec les cheveux crépus, les nattes se formet naturellement. Bob et Peter suivent vers 1965. Il coupent leurs nattes une première fois, mais Bob est déja convaincu sur le fond. Il parle de Rastafari à tout le monde. Quand Hailé Sélassié vient en Jamaïque, Rita Marley, déja bigote chhrétienne, est convertie par les stigmates qu'elle voit dans la main du Négus.
A son retour des Etats-Unis, Bob quitte Coxson, bon producteur et mauvais payeur, et fonde un label indépendant : Wailin 'M'Soul. Il enregistre son premier morceau rasta, "Selassie Is The Chapel", adaptation d'un gospel rendu célèbre par Elvis Presley. 45 tours rarissime, avec les choeurs de Rita Marley et trois tambours nyabinghi, la signature de la tradition rasta.
Bob vit alors dans les collines, à Nine Mile où il est né. Il descend parfois à Trench Town où, comme lui, des centaines de musiciens adoptent la dialectique rasta, examinent leurs racines africaines et découvrent une saga : les pharaons noirs, les juifs d'Ethiopie, l'église orthodoxe éthiopienne, Hailé Sélassié et le roi Salomon.
Entre-temps, un nouveau rythme est apparu en Jamaïque: le reggae. Après le ska, le tempo a ralenti: place au rocksteady. Puis le balancier est reparti dans l'autre sens et le rocksteady a accéléré. Quelques musiciens, dont Glen Adams, organiste des Upsetters, ont inventé un point d'orgue : "Tudut-tut'."Le nouveau rythme est baptisé "streggae" (femme facile) dans l'argot des musiciens.
Le premier "reggae" officiel, en 1968, est une chanson de Toots and the Maytals : "Do the Reggae". Les Wailers s'y mettent aussi avec deux titres :"My Cup"(une reprise de James Brown) et "Duppy Conqueror. En 1970, Marley prend comme manager ce bon Mortimer Planno, le leader rasta, l'homme qui avait accueilli Hailé Sélassié sur la passerelle de l'avion.
Ainsi se mêlent, inextricablement, le reggae et le mouvement rasta. Lee Perry, Burning Spear, Max Romeo, Thirld World, U Roy, Pablo Moses, Prince Far I, le reggae qui compte est rasta, et les rastas musiciens font surtout du reggae.
Parias à l'origine dans la société jamaïcaine, les rastas sont mieux acceptés depuis Marley. En 1995, un chanteur reggae se doit de paraître rasta. Mais la spiritualité, l'Afrique, les éléments les plus intéressants du rastafarisme sont alors laissés de côté au profit des clichés ganja, rebelle, dreadlocks.

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#19  16-09-2006 17:26:26

quark
 

Re: La grande histoire...

Bonsoir à tous

Jah Rasta Mo, je t'adore mais là tu fais un monologue sur l'afrocentrisme. L'histoire on la connait qu'elle soit passée ou à venir. On est tous dans l'unité, moi en buvant de la bière et toi en t'envoyant de l'herbe. Je crois que nous nous plaignons nous mèmes. Ta musique est exceptionnelle et je te remercie d'etre dans ce forum et de m'avoir autorisé à jouer un de tes morceaux pour ma mère.
J'ai relu le topic et je te présente mon respect.
respect pour tous

NB Je ne savais pas que tu avais connu Bob Marley

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#20  18-09-2006 10:16:50

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

Bob Marley fabrique des colliers pour Woodstock.

L'été 1969, Bob Marley repart aux Etats-Unis. Avec son copain Ibis Pitts, ils font de la musique et des bijoux.

"Tu as gardé quelques-uns des bijoux fabriqués par Bob Marley?
-Non, j'ai tout embarqué à Woodstock pour les vendre. On tordait du fil de fer, on faisait des formes, avec des couleurs, et on enfilait des perles et des pierres. Il y avait des boucles. Des bouts de bois. J'ai essayé de faire venir Bob à Woodstock avec moi, mais on avait passé la nuit à fumer et fabriquer les bijoux et je suis parti sans lui.
-C'est la première fois que j'entends cette histoire. Je parie qu'en lisant ça, des anciens de Woodstock vont fouiller leurs tiroirs et, s'ils tombent sur un truc en fer avec des perles, se dire :"Wow, et si c'était lui?""

(Recueilli par Roger Steffens)

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#21  20-09-2006 10:55:07

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1969. Marley rencontre enfin Lee"Scratch" Perry le producteur dément.

Lee Perry. Bob s'est laissé embarquer par Babylone, mais l'amour a sauvé son esprit.

Lee Scratch est connu pour sa folie, mais c'était le dieu du remix et il a fabriqué le grand Marley.

Sa folie: une inquiétante schizophrénie qui s'est agravée dans son studio Black Art auquel il a mis le feu en 1981, sans même le faire exprès. Son groupe, les Upsetters, étaient les meilleurs. Lee Scratch Perry a cosigné avec Marley quantité de perles, réglant les arrangements, les voix et le son des cinq albums de la "période Lee Perry".

"-Le son Upsetter, avec Carly Barett à la batterie et Family man à la basse, a changé le son du reggae. Et Bob Marley est arrivé chez toi.
-Les jeunes musciens entendaient mon son et voulaient me rejoindre, prêts à jouer ce genre d'idées marantes et bizarres. Pour Bob, ça ne marchait plus avec Coxson et les Wailers n'étaient plus très solides. En 69, Bob est reparti, en Amérique je crois, sans avoir entendu mon son si spécial. A son retour, il m'a dit qu'il voulait travailler avec moi. J'ai répondu que je ne tenais pas à travailler avec un chanteur car à l'époque je faisais des titres sans voix, des instrumentaux. En plus, Coxson m'avait usé, et j'avais décidé d'énerver le monde. Mais j'ai regardé Bob et au fond de moi j'ai senti que quelqu'un l'avait envoyé.
"Il m'a chanté "My Cup is overflowing, and I don't know what to do". Je me suis dit, en tant que producteur, que j'écoutais un artiste, une inspiration, une vraie confesion. "Ma tante déborde, je ne sais que faire" (morceau de James Brown NDR). Je n'ai rien dit, mais j'ai réfléchi.
-Da quels autres morceaux te souviens-tu?
-Beaucoup de trucs qu'il voulait entegistrer n'avaient pas la qualité alors j'ai donné des idées. "Keep on moving", c'est lui et moi. "Small axe", c'était mon idée, j'ai écrit les paroles. "Duppy conqueror" aussi. Plustard, je lui ai donné "Punky reggae party", ce qui a fait une sacrée connexion entre le reggae et le punk. Là, il a commencé à avoir des ennuis. Bunny Wailer a senti que le pouvoir était passé du côté de Bob, et il a essayé de le monter contre moi. Puis Bob a rencontré des gens importants, et ce qui s'est passé n'est pas de sa faute. Quelque chose d'étrange est arrivé. On l'a emporté au loin. Lui ne voulait pas.
-Que penses-tu de tes enregistrements avec les Wailers?
-C'est le meilleur. Ils vivront pour toujours. Ce qui a sauvé Bob, c'est l'amour.OK? Donc Bob devrait respecter l'amour. Il n'aurait pas dû se laisser emmener si loin.
-Bob a été sauvé?
-Son esprit oui, mais son corps est mort. Par sa faute.
-L'amour l'a sauvé? L'amour de qui?
-Moi
-Tu as écrit une chanson, "Repent". Qui doit se repentir?
-Dieu a envoyé un homme nommé Jungle Baptist. Il a apporté ce message à Lee Scratch Perry pour que je le transmette. Il n'y a pas de pouvoir plus fort que le repentir. Tout le monde veut le pouvoir de l'argent mais le repentir, c'est le pouvoir ultime, total.
-[url]Bob s'est repenti de t'avoir laissé tomber pour le succès à Babylone?[url]
-Bob a été envoyé par moi, l'empereur Rastafari, pour faire son boulot."

(Recueilli en 1992 chez Lee Perry à Zurich par Bruno Blum)

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#22  21-09-2006 10:52:02

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

1970. Lee Perry les arnaque. Les wailers se tirent avec les frères Barrett.

Chris Blackwell, Eric Clapton, les deux Blancs qui vont lancer Marley et le reggae3

1972. Dans la dèche à Londres, Bob Marley signe avec Chris Blackwell.

Chris Blackwell. On a rajouté des solos, c'est ce qu'il fallait aux Wailers pour réussir.

Le patron d'Island Records, l'homme qui a fait connaître le reggae au monde, dernier producteur de Bob Marley.

"-Comment as-tu rencontré Bob Marley? Tu l'as entendu à la radio quand tu vivais en Jamaîque?
-Non. Vers 1962, j'étais producteur en Angleterre et j'ai reçu une bande de Leslie Kong, le patron des disques Beverly's, un producteur qui avait découvert pas mal d'artistes, dont Jimmy Cliff. Il m'a envoyé une bande dans une petite boîte où il y avait écrit "Robert Morley". Ca m'a fait penser à l'acteur anglais Robert Morley, et je me souviens que j'ai essayé de visualiser son visage. C'est comme ça que je me suis rappelé de la bande... j'en recevais beaucoup à l'époque. Et on a sorti le disque sous le nom de Robert Morley.
-Et tu l'as rencontré dix ans plus tard.
-1971? 72? Les Wailers arrivaient de Scandinavie où ils avaient fait la musique d'un film pour Johnny Nash. Le projet n'a pas abouti et ils s'étaient retrouvés coincés. Ils m'ont laissé un message disant qu'ils étaient à Londres. Ils avaient l'air fauchés, et ils demandaient si je voulais leur proposer un contrat. Moi, je venais d'arrêter de travailler avec Jimmy Cliff, ce qui m'avait énervé parce que j'étais sûr que Jimmy allait enfin réussir. Son personnage dans "The Harder They Come" avait l'image qu'il fallait pour lancer le reggae: rebelle. Jimmy m'a laissé tomber et il a signé avec EMI. Une semaine plus tard, on m'appelait pour me dire que Bob Marley et les Wailers étaient à Londres. J'ai dit "Super, amenez-les". Et on a signé tout de suite.
-Les premiers disques de Marley pour Island, "Catch A Fire" et "Burnin'", ont été enregistrés en Jamaîque, et des instruments rajoutés à Londres. Quel a été ton rôle de producteur?
-Pour le premier album, j'avais pris un accord avec Bob. Je lui avais donné de l'argent (8000 livres NDR) pour qu'il enregistre un disque, et tout le monde me disait que je ne le reverrais jamais, il dépenserait l'argent et je n'aurais pas le disque. Quelques mois plus tard, je suis allé en Jamaîque et ils m'ont emmené au studio Harry J. J'ai écouté leur travail. C'était très bon. Fantastique. "Concrete Jungle", "Slave Driver", "Midnight Ravers", "We Don't Need No Trouble", Kinky Reggae"... des morceaux super. On a apris ces bandes enregistrées sur huit pistes, et on les a copiées sur un seize pistes dans un gros studio. Sur les huit nouvelles pistes, on a rajouté des solos: c'est ce qu'il fallait aux Wailers pour réussir. J'étais dans le monde du rock, et à mon avis il fallait présenter comme un groupe de rock noir. C'est pourquoi j'ai ajouté des solos, parce qu'il n'y en avait dans le ska, que beaucoup de musiciens de jazz jouaient, mais on voyait le reggae comme une curiosité, pas une musique "sérieuse".
"On a refait pareil, en plus léger, sur "Burnin'". Les Wailers avaient déja intégré cette influence, ils avaient élargi leur champ, et il n'a pas été nécéssaire d'en rajouter beaucoup.
-Si tu avais sorti les enregistrements avec le son Lee Perry, ils auraient vendu autant?
-Lee Perry est le plus grand producteur. Il a eu les meilleurs morceaux... mais il fallait une traduction pour que le public accroche au reggae. J'ai envoyé une cassette de l'album à des musiciens clés et des décideurs du showbiz, dont Eric Clapton et il a enregistré "I Shot The Sheriff" peu apprès. Tout le monde a aimé, il a fait un hit aux Etats-Unis: le reggae était lancé mondialement."

(Recueilli par Bruno Blum)

1975. Clapton numéro 1 aux Etats-Unis avec "I Shot The Sheriff".

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#23  24-09-2006 13:46:32

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

"Jah arrive comme pelé et il se joue de vous. Vous avez déja vu Pelé dribbler?"

Pris en main par Chris Blackwell, lancé indirectement par Eric Clapton, laché bientôt par Peter Tosh et Bunny Wailer, Bob Marley prend un manager, Don Taylor, et commence sa carrière internationale.

1975. Dans la tête de Bob Marley, 30 ans, marié, 7 enfants, star internationale.

A quoi Marley cryait-il vraiment? En 1975, il a trente ans et se sent devenir une star internationale. Dans cette interview de l'époque, il parle de Marcus Garvey, de Jah, du diable, de la ganja, du reggae, de l'afrique, de la morale.

"C'est bien Marcus Garvey, sur la peinture murale derrière vous?
-Marcus Garvey, c'est un Jamaîcain, né à Saint Ann. Un Africain né à St Ann. Il a éveillé l'homme noir pour qu'il retourne chez lui, en Afrique.
-Que représente-t-il pour vous?
-Eh bien, Marcus Garvey, ça veut dire noir : l'éveil de l'homme noir. Il disait: "L'Afrique, il faut retourner dans ton pays, l'Afrique".
-Il a été l'un des premiers.
-Yeah, Marcus Garvey est un prophète. Plein de choses dont il a parlé se réalisent aujourd'hui. Ce que Marcus Garvey dit, arrive. Ecoute, il dit que si tu survis aux années 70, tu ne peux plus mourir car ces années 1970, et en Jamaîque on dit que si tu passes au travers, tu seras un veinard.
-Les années 70 sont les plus dûres?
-Exact. Plein d'choses se passent.
-Que se passe-t-il de si important?
-Marcus Garvey a dit aux Jamaîcains: un grand homme viendra au cours de ces années et il s'appellera Ras Tafari. Il s'agit d'un réveil total, le peuple noir devient conscient de certaines choses, de l'Afrique, de l'Ethiopie et ce n'est plus comme si...comme s'il n'y avait nulle part où aller sur cette terre (   ).
-Hier, vous m'avez parlé d'Armageddon (la guerre qui précède l'Apocalypse, NDT).
-La guerre et la paix, ce qui est juste et injuste, l'enfer et le paradis. Les gens se préparent à retourner chez eux, Sion. Ca signifient qu'ils veulent vivre dans le droit chemin. Armageddon, c'est le combat contre le mal, le bien contre le péché.
-Beaucoup de gens attendent Armageddon. Vous? vous dites que ça se passe en ce moment.
-Oui.
-Quels en sont les signes?
-Ca crève les yeux. Ce n'est peut-être que le début, car on vit dans l'espace-temps? et moi je sais... ce n'est peut-être que le début d'Armageddon. En fait, c'est la conscience contre la folie. On peut avoir la guerre, la grande guerre et tout leurs trucs. Ici I and I se prépare à rencontrer notre dieu Jah, ailleurs des gens se préparent à la guerre. Ils vont s'autodétruire. Mais si les pécheurs se battent contre le péché, la vertu progressera et s'imposera. Donc nous, les gens de vertu, on ne s'impliquera pas dans la guerre, on ne se battra pas.
-Qui fera la guerre?
-Les gens, là, les belliqueux.
-Vous ne vous battrez pas même contre eux?
-Non. Je pratique la vertu, j'essaie de vivre, c'est tout. Ensuite, "go home".
-Il faut une révolution pour arriver à une solution.
-Avec l'éclair qui jaillit, le tonnerre qui gronde, le soufre et l'enbrasement par le feu. Moi, je n'ai aucun contrôle sur ces éléments mais le Créateur, celui que nous allons rencontrer, chez nous là-bas, lui, a le contrôle. Moi, je crains l'éclair. Je ne dis jamais "Eh, j'ai l'impression que l'éclair pourrait me tuer". Mais je sais que l'éclair vient d'une force incontrôlable. Et que si Jah ne t'aime pas vraiment, l'éclair te frappera. Tu comprends?
-Cela me fait penser à votre chanson la plus célèbre,"I Shot The Sheriff". Vous y parlez d'autodéfense, non? Le shérif vous vise, vous et votre famille, alors vous répliquez.
-C'est ça.
-Mais sans agressivité
-Non, je le descend, c'est tout. Il y a plein de trucs là-dedans. Mais chaque fois que je plante une graine, ils la tuent avant qu'elle ne pousse.
-Vous avez déja tiré sur quelqu'un?
-Non non, pas vraiment. Spirituellement, si. Eh, il y a vraiment des gens bizarres sur cette terre. Mais on peut quand même les éviter. Ecoute, la pire chose sur terre, c'est la vanité. C'est la chose la plus dan-ge-reuse, ça vous tue net. Bizarre tout ça. Même si les gens ont envie de dire ou de faire un truc, ils s'abstiennent sous prétexte que les murs ont des oreilles. Tout le monde s'observe, c'est fou! En fait on peut obtenir ce qu'on veut de façon agréable. Ce que les gens ne réalisent pas, c'est qu'on a pas besoin de se montrer vaniteux. Qu'ils soient eux-mêmes! Pas besoin de magouiller, on peut tout avoir facilement que la pluie qui tombe. La pluie, elle ne tombe pas sur un seul toi. Et s'il reste des méchants dans le secteur, eux aussi reçoivent la pluie.
-Vous dites qu'il est important de ne pas trop désirer.
-Pas trop, en effet.
-Vous ne désirez rien?
Je n'ai pas le désir de posséder et quand c'est le cas, je ne le veux pas à tout prix. Là où j'ai grandi, il n'était pas question de posséder quoi que ce soit. Je voyais des pierres, et ces pierres étaient mes biens. Comme les arbres, le "bush" et les fleurs. C'était ça mes attaches. Il y avait des millions de pierres tout autour de moi lorsque j'allais dans les collines et j'avais l'habitude de m'asseoir et de jouer parmi les fleurs, de m'amuser à aimer les collines plus qu'à désirer des trucs matériels qui ne sont que des objets fabriqués.

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#24  24-09-2006 13:47:46

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

-Parlons un peu de Hailé Sélassié. Que pensez-vous de la situation en Ethiopie. Hailé Sélassié a perdu le pouvoir politique, non?
-Politique... Vous voyez, quand vous parlez de ... Lui, ce n'est pas un homme. Pas un simple être humain comme moi. Lui, c'est Dieu. On peut Le voir. Il y a ce truc qui s'appelle la magie. La vraie magie. Pas les tours de magie. Lui, c'est un magicien (   ). Le Magicien.
-Mais ces événements d'Ethiopie, l'année dernière, ça ne vaut pas la peine de les expliquer? Hailé Sélassié a été renversé...
-C'est une façon de voir les choses mais Dieu dit que pendant les derniers jours, des guerres éclateront et que des rumeurs de guerre se répandront, même à Sion. Il dit aussi que quand tu verras la guerre à Sion, man, ce sera la fin. Toutes ces choses ici-bas nous enseignent que le temps passe et que l'heure approche. Le moment est arrivé: Now is the time. Permettez-moi de prêcher juste un petit peu. Le moment est arrivé où Jah dit: "Faut calmer un peu le jeu". Et si tu ne sais pas ce que tu fais, tu risques de trahir Jah. Il suffit d'avoir la foi, car personne à ma connaissance n'est assez grand pour atteindre les hauteurs de Dieu, ni assez profond pour sonder les abîmes. Deep! Jah arrive comme Pelé, le footballeur? Vous l'avez vu dribbler? Le foot, c'est une balle et un jeu pas facile. Comme le nasket. Dribbler, les passes. Jah, Lui, sait tout faire: c'est Lui le plus Grand.
-Hailé Sélassié est venu en Jamaîque, il y a quelques années. Vous l'avez vu?
-Hélas, je n'étais pas en Jamaîque à cette époque.
-N'a-il-pas dit aux rastas agenouillés de se relever, et qu'il n'était pas...
-Non. Vous voyez, les mauvaises nouvelles se répandent plus vite que les bonnes. Les bonnes mettent longtemps à nous parvenir, mais les mauvaises arrivent comme ça (il claque des doigts). Je vais vous dire, Jah, His Imperial Majesty est le tout puissant. Je sais cela non pas par les livres ou les gens mais par Lui. Il s'agit d'une expérience personnelle, naturelle: I-perience. Les gens appellent ça expérience mais "ex", c'est comme dans exit: la sortie, et mio j'en suis encore là... His Imperial Majesty est le tout-puissant et je le dis sans honte aucune. C'est tout. Et pas seulement pour un seul peuple, mais pour tout les peuples de la terre. Pour tous les gens qui vivent avec l'esprit de Dieu. Car certains vivent avec l'esprit du diable, ils disent qu'ils ne veulent pas de Dieu et qu'ils se moquent de savoir qui est Dieu.
-A part Marcus Garvey, qui vous a parlé du retour en Afrique?
-Yeah. J'ai appris des Douze Tribus d'Israël. Je crois que les gens, tout le système doit changer. Mais ça ne changera pas. Alors il faudra d'abord tout détruire.
-Faut-il changer de l'intérieur, ou changer les systèmes?
-Ecoute un peu ce qui se passe, man, faut que j'te dise comment les gens changent. Beaucoup de gens doivent mourir. De nombreuses choses matérielles doivent être détruites, brûlées. Ensuite, on ne trouvera plus les matériaux pour les refabriquer et on sera obligé de créer du neuf.
-Vous faites allusion à des soulèvements violents?
-Yeah. Mais imaginons plutôt un dimanche, une belle journée où tous les habitants de cette terre iraient prier: juste un jour, où tous uniraient leurs esprits, quelle que soit l'origine de cette force, pourvu qu'elle soit positive? Qu'il n'y ait même qu'une heure de bonne méditation ce jour-là et l'ambiance serait "nice" et la pollution se disseperait.
-Vous y croyez vraiment?
-Oh, certains n'y arriveront jamais.
-Et les cérémonies rastas? Vous avez des séances d'adoration, une Eglise, des cérémonies magiques?
-Non. En fait, tout en vivant dans Babylone, on essaie de s'organiser, bien qu'on n'ait pas besoin d'organisation. Il faut juste que la méditation vienne d'une même direction unique.
-Les femmes sont-elles acceptées à part entière chez les rastas? D'après ce que j'ai pu comprendre, vous avez quatre épouses?
-Non. Je n'ai pas d'épouse.
-Et sept enfants?
-Oui, sept enfants, et leurs mères.
-Faut-il être Jamaîcain pour apprécier vraiment votre musique?
-Il y a des gens qui sont censés l'entendre, you know what I mean? La musique est une chose qui grandit. Le reggae est une musique dont le feeling vient de la terre.
-Dans votre langue, vous n'avez pas de mot pour "nous". A la place, vous dites "I".
-Parfois, on dit "I and I" ("nous et moi"), mais si je veux vraiment savoir, me servir de ma conscience, alors j'utilise 'I'. C'est là que se trouve l'éveil, le "je" qui vit avec le "I", ceci pour dire que c'est Jah qui nous a tous créés: du même souffle, où que nous soyons.
-Babylone, ça évoque quoi pour vous? Ca se trouve où?
-Babylone, c'est le dia-bo-lisme, man. Partout où est le diable, il y a Babylone.
-Avez vous l'impression parfois d'être en danger, de prendre des risques?
Moi? On ne peut avoir peur de faire le travail de Dieu. Jah m'a envoyé pour ça.

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#25  24-09-2006 13:49:00

Jah Rasta Mo
 

Re: La grande histoire...

-Votre musique est liée à la politique, à la religion. Le diable porrait vous filer un mauvais coup...
-Le diable n'a pas de pouvoir sur moi. S'il peut émettre une vibration négative dans ma tête, c'est quand je vous regarde de haut, alors là, oui, je sens quelque chose de négatif. Et si le diable vient vers moi et que je lui serre la main, man, alors là, ça chauffe. Il ne faut pas tuer le diable, car c'est un bon ami.
-Le diable, un bon ami?
-Yeah, ça peut être un bon copain.
-Vraiment
-Oui. Quand on ne le connaît pas, c'est là qu'il peut t'écraser et te jouer des tours. Il se planque derrière toi. Mais dès que tu le connais, tu lui dis: "Ahhhh! Ne me fais pas ce coup-là, je connais le truc."(   ).
-Vous le connaissez bien?
-Ah oui, je le connais vraiment bien.
-Comment avez-vous fait sa connaissance?
-Au fil des ans. Parfois ça m'arrive d'être un peu négatif. Le diable pense à tout, mais si tu agis comme il faut, c'est que Jah est présent.
-En pensant à la politique, je me suis dit que quelqu'un pourrait avoir envie de vous descendre sur scène. Cela vous arrive-t-il d'y penser?
-Me tirer dessus quand je suis sur scène? Vraiment? Eh bien!
-Y'a-t-il quelque chose dont vous ayez peur?
-Non. Je ne suis pas un grand nageur donc je ne nage pas où c'est profond ni trop loin. Je connais le danger et je ne ferais rien qui puisse attenter à ma vie.
-Vous avez parlé du bien et de la méchanceté. Comment distinguez-vous l'un et l'autre? Certains disent que vous avez sept enfants et pas d'épouse et que c'est mal. Comme fumer de l'herbe: pour vous, c'est bien. Alors qui a raison?
-La réponse est en toi, man. Tant que je ne te fais aucun mal, je dois être un type bien.
-On sait de l'intérieur ce qui est bien.
-Et ce qui est mal. Tout le monde peut faire des erreurs par inadvertance et certains croiront que vous l'avez fait exprès. On le sait, nous, si on a fait bien ou mal. Ton coeur parle. Parfois, le diable a la mission de te faire mal agir. En fait, je n'aime pas trop penser au monde actuel. Je suis fait pour le futur! Tous les enfants, c'est pour eux qu'on est ici.
-Vousparlez du futur et d'oublier le passé. Vous pensez au passé?
-Je dis dans une chanson: "You can't forget your past".
-Et qu'apprenez-vous de votre passé?
-L'expérience.
-Hier, vous me disiez qu'on apprend beaucoup en fumant de l'herbe.
-Pour tout vous dire, quand je fume de l'herbe, je vois ma vraie perssonnalité. Si tu fais quelque chose de mal, la vérité apparît à tes yeux, ta conscience te révèle clairement à toi-même: c'est toi à travers l'herbe. Et pourquoi? Parce que l'herbe te fait méditer. C'est bien sûr possible de le faire sans herbe, si tu es dans un endroit tranquille. Mais les endroits tranquilles n'existent pas.. Même dans les bois, les oiseaux peuvent chanter et tu pourras peut-être méditer sur le son de leur chants, et soudain l'oiseau à côté de toi se met à faire cui-cui et là, ça peut déranger ta méditation. S'il y a du bruit ou du mouvement, impossible de se concentrer et la seule façon d'y arriver, c'est de fumer.
-Prenez-vous d'autres drogues?
-Non.
-Vous fumez de l'herbe tous les jours? Vous avez commencé à quel âge?
-(  ) Cela ne fait pas si longtemps, mais un p'tit bout d'temps quand même: huit ou nef ans.
-Vous vous en êtes déja passé?
-Oui. Pendant neuf mois, six mois, trois mois ou trois jours.
-Vous vous sentiez comment?
-Je savais bien que quelque chose me manquait, mais ça allait. C'était l'époque où j'ai quitté la Jamaîque pour vivre en Amérique avec ma mère. J'habitais dans le Delaware et je jouais un peu de musique au sous-sol, puis j'ai trouvé un boulot à mi-temps chez Chrysler: je portais des pièces (  )
-Vous avez écrit beaucoup de chansons pendant cette période?
-Ouais, quelques nice songs comme "Bend Doxn Low" et "Mellow Mood".
-Il vous faut combien de temps pour écrire une chanson? Ca va vite, ça vient naturellement?
-Parfois. Mais comme je ne me sers pas de magnéto, beaucoup de mes meilleurs chansons se sont évanouies. Celles-là, on ne les entendra jamais. Elles viennent comme un rêve -je rêve beaucoup - et quand on se lève, plus rien!
-Les paroles aussi vous viennent en rêve?
-J'aime les mots... et l'inspiration me vient par des visions.
-Des visions! Vous avez souvent des visions.
-Oui, j'ai des visions. Par exemple, je me repose et Jah me fait apparaître une vision et, aprè, ça arrive dans la réalité. Si quelque chose de négatif se prépare, je le sais d'avance.
-Vous disiez hier que votre musique a été piratée par les capitalistes. Cela vous a-t-il mis en colère?
-Pas trop, non. En fait, je peux m'énerver rapidement et tout oublier aussitôt. Chez moi, ça ne dure jamais longtemps.
-Vous avez vécu dans une ferme?
-Oui, pour cultiver, des plantes, de la nourriture. J'adore les arbres, surtout les arbres fruitiers, m'amuser avec les oiseaux, ce genre de choses.
-Vous seriez prêt à vous installer en Afrique?
-Bien sûr, man. Si ça en vaut la peine, par la grâce de Jah. Je ne tiens pas trop à décider quoi que ce soit, Jah s'en occupe, tu vois.
-Avez-vous le sentiment d'avoir une mission à remplir, faire connaître cette musique et son message autour du monde?
-Sans dire vraiment oui, je ressens comme une obligation.
-Eric Clapton a repris "I Shot The Sheriff" et cette chanson marche bien aux Etats-Unis. Ca vous inspire quoi?
-Beaucoup de gens vont entendre ce que j'ai à dire et ça me fait plaisir. Tout arrive comme Dieu l'a prévu.
-Comment trouvez-vous l'enregistrement de Clapton?
-Bien. J'apprécie la façon dont il l'a fait.
-Vous avez aussi rencontré Georges Harrison, entre autres. Il signifie quoi pour vous?
-J'adore rencontrer des musiciens car Dieu dit "The Singers and the players of instruments shall be there". Les vrais musiciens pensent différemment de tout le monde. Il y a ceux qui suivent le mouvement et les vrais, ceux qui créent. J'adore les gens qui créent.
-Sur scène, vous avez presque toujours les yeux fermés.
-Yeah.
-Que ressentez-vous sur scène, que voyez-vous?
-J'entre dans la musique, et je vais dans des tas d'endroits. Parfois je ne me souviens pas où je suis allé. Le propre de la musique, c'est de vous transporter ailleur.
-Vous lisez ce qu'on écrit sur vous?
-Ca m'arrive, mais dès que ça me dérange, j'arrête. Je peux comprendre que certains ne saisissent pas tout ce que je dis, de même, quand on raconte qu'on se met de la cire dans les cheveux pour faire tenir les nattes, je réponds que s'il en était ainsi, je n'aurais jamais porté de locks. Vous m'imaginez en train de coller mes cheveux pour leur donner ce look?
-Vous les tressez?
-Même pas. C'est la nature qui leur donne cette forme. La nature."

(Recueille à Los Angeles en 1975 par Richard Cromlin)

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