Des enfants pauvres
Selon une étude de l'UFE
"Synthèse de létude :
Sur deux millions denfants pauvres en France
1,6 millions sont concernés par les quatre minima sociaux: le RMI bénéficie à 750.000 enfants, lAllocation de Solidarité Spécifique (ASS) à 410.000 enfants, lAllocation de Parent Isolé (API) à 295.000 enfants, et lAllocation pour Adulte Handicapé (AAH) à 175.000 enfants.
L'UFE a examiné comment les minima sociaux traitaient ces enfants :
1ère conclusion :
1998 2005 : quelques progrès pour les enfants pauvres.
La progression des sommes versées en fonction du nombre denfants est moins inéquitable quen 1998
Ce progrès est dû au rééquilibrage des allocations logement autrefois très défavorables aux familles.
Mais ce «mieux» a été rongé par la baisse du pouvoir dachat relatif desdites allocations: le RMI et les allocations logement assuraient un revenu inférieur de 31% au seuil de pauvreté à un couple avec deux enfants en 1998. La proportion est toujours de -31% en 2005. Ce sont les ménages sans enfant qui ont vu leurs allocations se dégrader.
Le sort des familles élevant des adolescents sest aussi amélioré du fait de lallongement de la durée de versement des prestations familiales et du cumul désormais possible entre le RMI et les majorations pour âge des allocations familiales.
2ème conclusion :
Le montant des allocations de logement reste notoirement insuffisant: pour 14 m2 (taille minimum légale du logement) un célibataire au RMI paye en moyenne 140 de loyer et touche 107 dallocation. Le couple avec 5 enfants paye 790 pour 86 M2 (id) et touche 374. Lallocation est multipliée par 3,5 mais le loyer est multiplié par 5,6!
3ème conclusion :
LEtat senrichit sur le dos des enfants pauvres!
Les prestations familiales quil verse, en effet, aux enfants bénéficiaires des minima sociaux sont inférieures à ce quil leur verserait si leur parent gagnait le SMIC: un parent isolé avec 3 enfants aurait droit à 1.003 de prestations familiales sil gagnait le SMIC. Avec le RMI, il naura que 700 pour ses trois enfants, avec lAAH ou lASS il naura que 919, avec lAPI que 699.
LUFE évalue à 1,5 milliard largent que lEtat économise ainsi sur le dos des enfants pauvres.
4ème conclusion :
Les enfants pauvres souffrent dune criante hétérogénéité de traitement: Au nom de quoi les 4 enfants dun parent isolé au RMI doivent-ils se débrouiller avec 1.772 alors quils peuvent bénéficier de 2.154 si leur parent est chômeur de longue durée et 2.429 sil est handicapé?
5ème conclusion :
Les enfants sont sensiblement moins bien traités que les adultes: lAAH assure un niveau de vie de 963 par mois au célibataire handicapé. Sil se marie et élève deux enfants, lEtat nassurera à sa famille quun niveau de vie de 550 par personne.
Autre exemple, le plafond daccès à la CMU gratuite est exactement le même pour un célibataire et pour un couple avec 5 enfants
6ème conclusion :
Pourquoi défavoriser les enfants qui ont leurs deux parents?
Au motif que laugmentation des familles monoparentales est un phénomène nouveau et que 30% dentre elles vivent dans la pauvreté, on a réduit le problème des enfants pauvres à celui des parents isolés. Or, sil y a 503.000 enfants dans ce cas, il y en a 1.635.000 qui vivent dans des couples.
Les minima sociaux progressent de façon à peu près équitable en fonction du nombre denfant pour les parents isolés mais pas pour les couples: les 2 enfants dun parent isolé se voient garantir le même niveau de vie quun célibataire avec lAAH, lASS et le RMI mais les deux enfants dun couple nont droit quà 65% de celui-ci avec le RMI et 88% avec lASS.
On retrouve cette discrimination dans un très grand nombre de prestations sociales (cantines, secours,
)
7ème conclusion :
Cest la catastrophe lorsque les enfants grandissent
Car, à partir dun certain âge, ils font plonger leur famille dans une véritable misère. Avec RMI, deux ados élevés par leurs deux parents au RMI vivent 38% au dessous du seuil de pauvreté.
Même avec un parent qui gagne le SMIC, les ados néchappent pas à la pauvreté: sils sont deux, ils vivent à 16% en dessous de ce seuil.
8ème conclusion :
Pitié pour les enfants de familles nombreuses!
520.000 enfants pauvres vivent dans des fratries de quatre ou davantage.
Avec 1.900 par mois, une famille de 5 enfants vit 30% en dessous du seuil de pauvreté! Cest ce que lui garantit le RMI
Concrètement, elle ne dispose que de 590 par mois pour manger (2,8 par personne et par jour) alors que le minimum décent est de 1.130
Que font les autres pays de lUnion Européenne?
Entre 1990 et 2000, partout en Europe, la pauvreté des enfants sest accrue, du fait de la récession économique. Certains pays nont rien fait (lItalie, par exemple). Dautres ont pris le problème à bras le corps, comme le Royaume Uni. Il ny a pas de recette miracle
Mais pas de résultat sans y mettre les moyens financiers.
Vivre des allocs?
Les différents rapports traitant de la pauvreté des enfants le rapport Hirsch en tête - semploient davantage à chercher le moyen de «mettre les parents au travail» que de sortir leurs enfants de la misère. Cest vrai que les 2/3 des parents isolés sont inactifs et que cest le cas de la moitié des couples.
Mais en terme de pauvreté, pourquoi faire payer aux enfants la situation de leurs parents? Seule la considération du bien-être de ces enfants et de leur devenir doit guider laction publique. Telle est la position de lUFE.
Le Grand Soir des enfants pauvres, pourquoi pas?
Mais avant de refaire le monde, si on parait au plus pressé?
LUFE demande 3 mesures durgence:
une revalorisation du RMI de 200 par mois pour chaque enfant de plus de 14 ans.
la parité du montant des minima destinés aux couples et de ceux des parents isolés.
Le prolongement du versement des prestations familiales jusquà 22 ans.
Ces mesures sont aisément finançables si lEtat veut bien renoncer aux économies quil fait sur le montant des allocations familiales destinées aux enfants pauvres (1,5 milliards dEuros)
A plus long terme, il est évidemment indispensable détablir des objectifs chiffrés et vérifiables, de refondre les quatre minima en un système unique, cohérent et suffisant, et de mieux tenir compte des enfants dans lensemble des prestations sociales
Source : UFE/CPDH"