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#1  30-11-2005 11:17:30

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Libération 30 Novembre 2005

Colonisation
L'UMP colonise l'histoire de France

Les députés ont rejeté une proposition de loi visant à abroger l'article de loi qui incite les programmes scolaires à souligner le «rôle positif de la présence française outre-mer».

par Jean-Pierre THIBAUDAT
QUOTIDIEN : mercredi 30 novembre 2005



L'article 4 de loi du 23 février 2005 en faveur des rapatriés et des harkis n'est pas abrogé. Par 183 votes contre 94, les députés ont refusé d'examiner hier l'article unique de la proposition de loi socialiste visant à le supprimer. Donc, selon la loi toujours en vigueur, «les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit».
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La première partie de la phrase avait suscité la colère des historiens au printemps. A son tour, le président algérien était monté vertement au créneau jugeant que cet article mettait en péril le futur traité d'amitié franco-algérien (lire page 4). Les socialistes qui avaient laissé passer cette loi (au Sénat, ils l'avaient même votée, l'an dernier) ont admis avoir manqué «de vigilance» (Libération d'hier) comme l'a reconnu le président du groupe PS Jean- Marc Ayrault dans une autocritique.

«Main tendue». Dans un geste de «main tendue», ils se disaient hier prêts à voter la version initiale de l'article proposée par le député UMP Christian Kert selon laquelle les programmes scolaires accordent «la place qu'elle mérite» à «l'histoire de la présence française outre-mer». Une formulation ouverte qui n'imposait rien aux historiens et laissait à l'histoire sa complexité.
Il n'en a rien été. Si le matin sur Europe 1, le député UMP Laurent Wauquier disait que, libre de son vote, il voterait l'abrogation de la loi, jugeant que «ce n'est pas aux politiques de se mêler de la façon dont on écrit l'histoire», quelques heures plus tard, obéissant à la discipline de groupe, il votait contre. Ce fut une matinée de dupes.

Picorant le jardin de Raymond Devos, plusieurs députés de droite se sont aventurés sur le terrain de la sémantique. Ce fut le cas de Christian Kert, député de la région Paca (riche en votes de rapatriés) comme la plupart des députés UMP qui sont montés hier à la tribune. «Reconnaître en particulier le rôle positif», a-t-il argumenté, 1) cela ne veut pas dire que l'on condamne les écrits «relatant les aspects les plus négatifs de la colonisation», 2) Donc cela prouve bien «la volonté du législateur de demander une présentation équilibrée de la colonisation française». Le raisonnement est alambiqué, voire retors.

Haut et fort. Etonnant moment. On a vu hier matin des députés de droite comme de gauche jurer comme un seul homme haut et fort que l'histoire ne saurait être écrite que par les historiens, que ce n'est pas là le rôle du Parlement, etc. Mais après ce superbe consensus, les conclusions étaient diamétralement opposées : les uns en concluaient qu'il fallait abroger la loi, les autres qu'il ne fallait surtout pas y toucher.

A tout prendre, les seuls vainqueurs de cette matinée de faux-semblants seront paradoxalement les historiens. Même si leurs oreilles ont dû siffler quand Lionnel Luca, député UMP de la région Paca, a lu des extraits choisis d'un livre d'histoire s'étonnant que l'on qualifie de «gifle» la déroute de Dien Bien Phu.

Semblable paradoxe s'est répété lorsqu'il a été question des banlieues et des enfants nés de parents émigrés venus des pays colonisés. «Abroger la loi est impossible et impensable» a poursuivi Luca, si vous le faites, a-t-il tonné devant ses pairs, «vous rallumerez des braises». A quoi plusieurs députés socialistes, communistes et UDF ont rétorqué que l'abrogation serait au contraire un signe d'apaisement.

Graveleux. Au fil des heures, l'issue du débat étant prévisible, les débats loin de prendre de la hauteur sont parfois devenus graveleux. Quand un député de droite a jugé (ironiquement ?), par exemple, que le président algérien Bouteflika (qui avait dénoncé la référence faite au «rôle positif»), hospitalisé à Paris, pouvait profiter des bienfaits de la colonisation. Ou quand Jean Pierre Grand, député UMP de l'Hérault a lui, non seulement évoqué le «rôle positif», mais «l'oeuvre humaniste de la France outre-mer». On n'arrête pas le progrès.

   http://www.liberation.fr/page.php?Article=341433

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