Re: LePouvoir:Faut-IlObéirOuRésister?Suite2
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 15 -
dimanche 21 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
Postulat : Les pouvoirs se comportent comme des parents abusifs, empêchant les peuples datteindre lâge adulte. (art 1). Si les pouvoirs ne sont pas légitimes au regard du « droit moral » (art 2 & 3). Lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays (art 4). La résistance est légitime pour retrouver notre « souveraineté » perdue. (art 5). Résistance : Non-violence ou violence ? (art 6). Colonialisme et mondialisation financière et marchande (art 7). Le nationalisme et ses dérives sont des pièges grossiers (art 8). Largent : ce nest pas une valeur, juste un outil à placer tout en bas. (art 9). La régression humaine est inscrite dans lesprit de consommation (art 10). Toutes sortes doutils sont utilisés pour assurer notre dépendance envers les pouvoirs (art 11). Lutter contre les lois injustes est une nécessité (art 12). La violence est le fait des pouvoirs avant tout (art 13). La nécessité de la tolérance pour accéder vers dautres mondes possibles (art 14).
Vouloir une « révolution de la pensée »
Si vous acceptez lessentiel de la teneur de cette analyse, vous comprendrez où je voulais en venir. Aujourdhui, en lan 2005, en ce début du troisième millénaire, lorsquon regarde lhumanité se débattre dans ses souffrances, on comprend que si les techniques ont considérablement évolué, la mentalité humaine, et en tout état de cause dans le domaine relationnel, est restée collée au mental des origines. Le plus curieux dans cette constatation, cest de réaliser que les plus rétrogrades dans cette stagnation de lesprit, nest pas le fait des pauvres ou des miséreux, même sil y a aussi dans ce monde-là des gens qui nont pas progressé. Non, lessentiel des humains rivés aux mentalités des origines, ce sont les « propriétaires » du pouvoir, de tous les pouvoirs, cest tout ce monde, prodigieusement ridicule, tout en étant tragiquement monstrueux, qui se désigne par le nom « délite ».
La responsabilité des pauvres, des miséreux, des petits ou des modestes dans cette stagnation ne pèse rien à côté de celle des puissants. Ce monde féroce des puissants dispose de tout : du pouvoir, du savoir, du moins dun certain savoir, de la fortune, donc, ce monde dispose de tous les outils pour progresser lui-même et faire progresser les peuples dont il sest donné la charge. Ce sera toujours la responsabilité de celui qui reçoit le plus de donner le plus. La culpabilité de la quasi-totalité des pouvoirs, y compris des pouvoirs religieux, depuis les origines, est puissamment engagée dans cette stagnation de lesprit humain par le refus, même pas de donner mais simplement de partager.
Nous pouvons comprendre, au travers du postulat rapprochant la dérive psychologique des parents possessifs et lidentique dérive des pouvoirs possessifs, la raison profonde de la stagnation humaine. Il nest en rien dans lintérêt des pouvoirs daccepter lémancipation des peuples. Cette émancipation signifierait, irréversiblement, la fin des pouvoirs, la fin de lutilité de la notion de pouvoir.
Nous pouvons de ce fait entrevoir limmensité du chemin à parcourir pour nous libérer de ce « pouvoir père abusif ». La condition de la libération est de renoncer à la dépendance face à nimporte quel pouvoir. Je répète que, sans doute, les pouvoirs avaient dans le passé une justification. Mais ils ont globalement failli à ce qui aurait dû leur apparaître comme leur devoir : lémancipation des peuples.
La seule justification de lautorité dun père ou dune mère, quelle que soit la forme de lunion, libre, marié, parent isolé, etc, lorsquon comprend réellement ce rôle majeur, est de conduire lenfant à son autonomie et son émancipation. La seule preuve de la réussite des parents à légard de léducation quils ont donnée ainsi que du vrai sens de leur amour pour les enfants est la réalité de lémancipation de ces derniers. Le départ dun enfant, lorsquil est autonome, devrait se fêter puisquun nouvel adulte est né au monde. Seul un adulte pourra, à son tour, apporter tout son potentiel à lhumanité ; si petit que soit son apport, jamais il ne sera inutile.
Jen suis profondément convaincu, il en va de même pour le sens du pouvoir. Sur ce plan, léchec est considérable et dure depuis des millénaires...
Où donc se niche la véritable responsabilité ?
Les détenteurs du pouvoir sont-ils pour autant totalement responsables de leurs actes, ces actes qui nous empêchent datteindre lâge adulte des peuples ? Il ny a sans doute pas de réponse absolue. La vie, la construction de chaque être, est dune complexité extraordinaire. Et cela est vrai pour tout être humain venant au monde, quel que soit son milieu. Le poids historique, le poids culturel, léducation reçue, lépoque de la naissance, ce que les gènes nous ont ou non transmis, tout cela et tant dautres éléments encore vont influer sur lêtre appelé à grandir. En ce sens, si je suis lucide et radicalement honnête, je ne peux pas juger une personne, quelle soit détentrice ou non dun pouvoir. Et en ce sens, également, de quel droit exercerais-je une quelconque violence contre elle ? De quoi est-elle réellement responsable dont elle serait comptable devant moi ? Qui suis-je pour oser juger un seul être humain ? Cest lune des questions essentielles que nous devons tous nous poser si, du moins, nous voulons devenir adultes par notre pensée.
Cette extraordinaire complexité de lêtre humain, nous impose lune des plus puissantes justifications de laction non-violente. Comprenant cela, je ne peux mautoriser la moindre haine envers qui que ce soit. Et ce nest pas faire preuve dune exceptionnelle bonté, non, cest juste la conclusion dune lucidité qui se veut la plus complète et la plus juste possible. Quitte à faire hurler bien du monde, je considère, personnellement, que les bourreaux sont autant victimes que les êtres quils écrasent. Ils sont victimes de toute cette chaîne de faits ou dévénements que jai cités plus haut. Alors, au plus proche de la vérité, quelle est leur véritable responsabilité ? Je défie nimporte qui sur cette terre de mapporter la preuve radicale dune responsabilité absolue dun seul humain dans ses actes. Mais attention, cela ne signifie pas non plus, hormis quelques cas exceptionnels relevant de la maladie mentale, quil existe une irresponsabilité absolue. Tout est dans ce domaine, comme dans tant dautres, affaire de nuances et de circonstances...
Pour autant, si ce raisonnement montre à quel point les responsabilités sont diluées dans le temps et dans la chaîne humaine depuis les origines, nous navons pas le droit de nous laisser écraser. Cest le devoir de ceux qui ont bénéficié dune compréhension plus large du sens de la justice, du respect et de lamour des autres, de se lever, de sopposer aux pouvoirs, donc à leurs détenteurs. Mais, et je voudrais le crier à la face du monde : Luttons contre les idées, contre les perversions de lesprit humain, mais pas contre les hommes !
Si je suis adulte, dans le sens le plus profond du terme, je ne peux pas me livrer à la violence, sauf si ladversaire que jai face à moi abandonne toute part dhumanité développée et agit en barbare absolu. Dans ce cas, si nous avons le devoir de nous défendre, de défendre tout le monde, et pas seulement ceux que nous aimons, tentons au moins de le faire sans haine et pas plus que nécessaire. Je ne peux pas oublier les images infâmes de ces actes abominables de vengeance après la dernière guerre, lorsque certains rasaient des femmes coupables davoir aimé des hommes de lautre camp... Cétait inutile et monstrueux, indigne de tout esprit civilisé...
De même que la libération dun enfant dominé par un parent possessif ne peut pas venir de ce parent lui-même, mais uniquement par la prise de conscience de lenfant lui-même, de même il en sera pour les peuples. Nous ne pouvons ni attendre ni espérer que les pouvoirs se réforment deux-mêmes. Ce serait une utopie fatale. Le véritable changement viendra des peuples et uniquement deux. Sils veulent bien prendre conscience quils sont littéralement « possédés », et ne peuvent de ce fait senvoler vers leur âge adulte, alors tout devient possible.
Le fils ou la fille écrasé sous la domination dun parent abusif ne parviendra à gagner son émancipation, et encore dans la souffrance psychique, que par une profonde révolution de sa pensée. Cet enfant ou adolescent devra tout remettre en cause, absolument tout. Sans ce travail épuisant, douloureux, il névoluera pas et ne connaîtra jamais la réalité mentale de lâge le plus beau, celui de ladulte alors même que son corps vieillira et que son esprit sasséchera.
Il est impératif que nous comprenions que, soumis au même schéma, nous devons suivre le même chemin pour nous libérer, ou renoncer et mourir en tant quhumanité.
La libération viendra de nous-même ou ne sera jamais...
Un parent abusif peut être extrêmement intelligent, ce nest pas incompatible. Mais cette intelligence se mettra, pour lessentiel, au service de lécrasement de son rejeton dans lespérance de ne pas le perdre en tant que « possession ». Ce qui, rapporté aux « élites », signifie que je reconnais tout à fait, pour nombre dentre elles, une remarquable intelligence que je qualifierais « dintellectuelle ». Mais cette intelligence nexiste et nagit quau détriment de la conscience des « élites ». Ils lutilisent pour eux-mêmes au lieu, au travers dune intelligence du cur qui semble manquer totalement, duser de ce don pour accélérer lémancipation de leurs concitoyens. Et là, nous retrouvons la cause majeure du malheur humain, lorgueil en action, lorgueil qui ravage tout et qui rend totalement stérile tout intelligence si belle et grande fut-elle...
Que valent nos analyses sur les idéologies ?
Dans le combat militant, nous avons trop souvent lhabitude de réagir, face à nos adversaires avec nos outils idéologiques. Nombre danalystes décortiquent le capitalisme ou la droite, dautres, à linverse décortiquent le communisme ou la gauche. Rapidement, eux tout comme nous-mêmes, nous classons les individus en « catégories » à combattre, autrement dit en « ennemis » et non plus en adversaires. Dès que nous créons des catégories dans lesquelles nous enfermons nos opposants, nous nous mentons à nous-mêmes parce que nous nions lautre en tant que personne égale en dignité et en importance. La haine pourra se développer au travers de toute la puissance ravageuse dont elle est capable et ce dautant plus quelle sera attisée par la certitude que nous avons raison, que nous avons seuls raison, cette haine sera attisée par conséquent par notre propre orgueil. Là, sans nous en rendre compte, nous servons les pouvoirs parce que nous empruntons la même logique que la leur, celle qui les anime depuis toujours. Tout adversaire qui imite leurs agissements pérennise leur puissance en légitimant leur existence. Ils ne verront (et serait-ce faux ?) que des concurrents et non pas des humains en quête de leur autonomie...
Autrement dit, les tenants du pouvoir ne craignent pas ce qui leur ressemble parce que le combat se passe sur leur propre terrain mental, mais ils ne supportent pas ce qui est trop différent, donc insaisissable, en particulier le combat non-violent car là, ils doivent se battre en terrain inconnu.
Mon propos nest pas de dire que lanalyse, même poussée, des idéologies adverses est inutile, tout au contraire, cest nécessaire. Mais, il me semble que, le plus souvent, les analystes sarrêtent à lidéologie oubliant, ensuite, daller en amont, oubliant de considérer quel est le fondement même qui a créé lidéologie combattue. Si au travers de ces analyses, on ne prend pas en considération toute la part de la nature humaine, on comprendra bien sûr les torts majeurs de ladversaire, mais on oubliera de les comparer à nos propres actes ou pensées qui, peut-être bien, vont déjà dans le même sens.
Il faut que nous ayons, sans cesse, à lesprit que ce ne sont pas les idéologies qui forment les hommes, mais bien les hommes qui font les idéologies. Si une idéologie est meurtrière, cest parce que les hommes qui lont conçue et qui lappliquent ont une mentalité meurtrière. Cest donc bien plus lhomme dont il faut changer la mentalité plutôt que de se contenter de changer lidéologie.
En raccourci simple, pour le néolibéralisme, cela donne quoi :
- Le monde des élites qui veut profiter de tout : Cest la faiblesse de la nature humaine et cela sappelle la cupidité, le vol, lenvie...
- Ce même monde ne supporte ni le partage du pouvoir, ni le partage de la pensée : Cest encore la faiblesse humaine qui porte pour nom, lorgueil, la jalousie...
- Ce même monde, parce quil a peur, usera des forces quil a créées : Cest toujours la faiblesse humaine, et cette fois cela porte le nom de violence, de haine, de mépris...
Pour nécessaires que soient les analyses les plus fines à propos des idéologies, si nous ne comprenons pas quelles sont leurs assises au plus profond de lêtre humain, nous ne progresserons pas. La non-violence devient force dès lors quelle comprend quà la base de toutes les oppressions, on ne trouve pas des idéologies, qui ne sont en fin de compte que des « vêtements dapparat », mais bel et bien la faiblesse de toujours des hommes, de certains hommes.
Pour simplifier à lextrême, je vous donnerai un exemple évident :
- Si un patron veut faire un maximum de bénéfice, un peu pour son entreprise, beaucoup pour sa propre fortune et son propre pouvoir, ce nest pas parce quil est néolibéral ; cest parce quil est cupide et orgueilleux... Le « marché », la « rentabilité », la « compétition » et tous les autres mots en usage dans ces milieux ne sont que les différentes pièces du vêtement permettant de donner une apparence de légitimité à des défauts qui viennent de la nuit des temps.
Une pensée radicalement différente.
Notre pensée doit, je le crois profondément, suivre un chemin ascendant du type suivant :
- Si nous voulons et devons combattre les idéologies monstrueuses, et non pas les hommes, il faut que nous comprenions pourquoi tel ou tel est devenu un monstre. Il nous faudra comprendre quel chemin la conduit à une telle dérive.
- Ce ne sera pas suffisant parce quau-delà, cest lhomme en tant quespèce, en tant que psychologie aussi bien individuelle que sous forme de société, quil nous faut comprendre. Cest jusquà ce niveau quil nous faut remonter. Si nous voulons nous approcher un peu au moins de la vérité, il faut remonter aux origines humaines, dont nos gènes ont gardé des traces plus ou moins importantes selon les individus.
Il ne sert donc à rien de décortiquer telle ou telle idéologie si lon ne cherche pas avant tout à comprendre ce qui anime ou déforme les humains qui la portent. Si nous restons uniquement au stade de la compréhension des mécanismes dune idéologie que nous voulons combattre, sans aller jusquau fond de la nature humaine, nous travaillons pour rien. Tout peut recommencer sous une autre forme et le plus souvent elle est pire que dans sa première version. Lingéniosité humaine est telle quil se trouvera toujours des tyrans, mais aussi des philosophes égarés pour inventer de nouvelles formes de domination des autres. Cest ce à quoi nous assistons avec le néo ou lultralibéralisme. Tous deux sont issus du vieux capitalisme. Ce dernier a été mille fois décortiqué par Marx, Hengel, Rosa Luxembourg et tant dautres. Il ne me semble pas, pour autant, que la nature profonde qui anime le capitalisme ait été étudiée et mise en cause (mais je peux me tromper). Et nous assistons aujourdhui au retour de cette bête hideuse autrement redoutable que dans le passé, cest parce que nous navons pas voulu voir ou savoir, quà la base, cest la nature humaine qui invente des horreurs.
Ceci signifie une chose : Bien plus que de réformer ou jeter les idéologies, qui restent changeantes aux cours des âges de lhumanité, il sagit de changer lhomme ; il sagit de lui donner les moyens daller vers lâge adulte, ni plus ni moins. Parce quil faut agir à ce niveau-là et surtout pas en aval, le combat sera extrêmement long. De plus, si nous voulons vraiment quil soit efficace, que le changement soit volontaire et non pas imposé par une nouvelle dictature du pouvoir religieux ou un autre, cette fois, et sérieusement, nous devons commencer par nous-mêmes. Si nous ne lacceptons pas, comment espérerions-nous comprendre la difficulté de cette tâche ; comment pourrions-nous espérer comprendre la non-violence qui est dabord une victoire à acquérir sur nous-mêmes ?
Ne recommençons pas lerreur sans cesse répétée dattendre le premier effort de la part de ceux que nous considérons comme nos adversaires ! Ils nauront pas la moindre raison de nous imiter, pas même de réfléchir, si nous sommes incapables de leur montrer à quoi peut mener une vie dadultes véritables. On nimite pas ce qui nous est semblable. Mais on peut être tentés dimiter ce qui est différent de nous si nous percevons un possible ou un probable progrès. Il faut passer par le constat de nos propres faiblesses pour savoir ce quest lhomme, et de ce fait pour réaliser que la haine de celui qui est différent na aucune assise sérieuse. En face, ladversaire, vit le même drame de la faiblesse humaine. A nous de lui montrer que cette faiblesse peut être transformée en force, mais tout en douceur, sans la moindre violence.
Si nous avons sérieusement la prétention de nous battre pour un autre monde possible, sous-entendu forcément plus juste et beau que le précédent, cest ce chemin que nous devons suivre. Sans ce travail sur soi, cette tentative de nous éclairer nous-même par la compréhension de soi et des autres, sans cette écoute attentive de la conscience, nous ne déboucherons, nous aussi, que sur de nouvelles haines et de nouvelles violences.
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - Fin -
lundi 22 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
Postulat : Les pouvoirs se comportent comme des parents abusifs, empêchant les peuples datteindre lâge adulte. (art 1). Si les pouvoirs ne sont pas légitimes au regard du « droit moral » (art 2 & 3). Lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays (art 4). La résistance est légitime pour retrouver notre « souveraineté » perdue. (art 5). Résistance : Non-violence ou violence ? (art 6). Colonialisme et mondialisation financière et marchande (art 7). Le nationalisme et ses dérives sont des pièges grossiers (art 8). Largent : ce nest pas une valeur, juste un outil à placer tout en bas. (art 9). La régression humaine est inscrite dans lesprit de consommation (art 10). Toutes sortes doutils sont utilisés pour assurer notre dépendance envers les pouvoirs (art 11). Lutter contre les lois injustes est une nécessité (art 12). La violence est le fait des pouvoirs avant tout (art 13). La nécessité de la tolérance pour accéder vers dautres mondes possibles (art 14). Il nous faut aller vers une révolution de la pensée personnelle et collective (article 15).
Quitter les rives du passé...
Changer la pensée :
Je voudrais, tout dabord, au moment de clore cette longue analyse, rappeler que je nai nulle prétention à me présenter comme un philosophe ou comme un penseur. Non, je ne suis quun homme parmi les autres. Mon seul objectif est de vous inviter, chacun à votre manière, selon votre culture, à changer votre pensée, à la faire évoluer en renversant les frontières des habitudes et du confort. Il faut tenter, toujours, si lon veut avoir une façon de penser qui aille plus loin que les faits, que les apparences transmises par ces faits ou par les discours, de chercher le sens, de comprendre pourquoi les êtres agissent de telle ou telle manière.
Sécarter de lavoir qui fait la cupidité :
Pour que notre pensée soi effectivement tout autre, il faut chasser les réflexes de peur, de soumission aux pouvoirs, de haine et de violence. Rien dimportant, aucun progrès, pour nous et lhumanité dans sa totalité, ne peut se faire sous lemprise de ces réflexes, tous liés à nos origines dans la nuit des temps. Tant que nous demeurons dans le domaine des réflexes liés à notre animalité, nous attacherons de limportance à lavoir, au désir davoir, au désir de posséder les objets autant que les humains, pas plus considérés comme des objets. Nous continuons, en fait, à vivre à lâge du nourrisson de lhumanité. Nous restons, dans ce cas, dans une impasse qui, aujourdhui, saggrave au travers de lesprit de consommation, et cette impasse, je nen doute pas, est mortelle dans un délai désormais très bref...
Abandonner les conformismes :
Il nous faut quitter les conformismes. Que veulent dire, lorsquon y songe sérieusement, les normes établies au fil des siècles, dès lors quon réalise quelles ont été, pour lessentiel, imaginées et voulues par les pouvoirs successifs ? Le respect des normes nest pas synonyme de respect des humains ou de la vie ; cest uniquement lobéissance aveugle à des lois décidées par dautres pour la survie de leur pouvoir. Ouvrez votre esprit et comprenez, par exemple, que la « mode » est une norme imposée par des entreprises pour lunique intérêt de ces entreprises. Comprenez que si vous ne suivez pas la mode et quon vous traite de « ringard », cest un chantage stupide sur votre manque de réflexion profonde. Un esprit adulte na que faire de ces enfantillages...
Changez de valeur, classez-les autrement :
Je lai dit précédemment, mais je le répète car cest majeur, la « valeur » argent, rejetez-là aux derniers rangs des nécessités. Mais remontez au tout premier rang, la valeur humaine, la relation avec vos proches, mais aussi avec tout être que vous avez la chance de rencontrer. Comprenez que largent nest rien quune utilité alors que lêtre humain est tout ce qui compte, tout ce qui doit polariser votre attention. Ainsi, remettez de lordre dans vos priorités, du moins par rapport aux priorités que les pouvoirs cherchent à vous inculquer. Voyez avec ce raisonnement comme lobsession de la croissance, si présente dans les discours de nos gouvernants, devient pratiquement ridicule à côté de la valeur humaine. Si vous comprenez cela, au plus profond de votre être, cest tout le système économique actuel que vous rejetterez. Vous comprendrez dans toute sa profondeur, laffirmation suivante : « Ce nest pas lhomme qui est au service de léconomie, mais léconomie qui doit être au service de lhomme ». Et vous comprendrez à quel point le système qui oppresse aujourdhui le monde est pervers. Vous comprendrez également lune des méthodes essentielles de lidéologie, pratiquée par tous les pouvoirs politiques et économiques : linversion systématique de toutes les valeurs humaines ; la vérité devient mensonge et le mensonge est présenté comme la vérité.
Pourquoi est-il urgent de résister ?
Pourquoi ? Cest dune simplicité quasi enfantine : Le monde est malade des pouvoirs ! Il est, nous sommes tous, comme lenfant sous la pression dun parent possessif, malade et ignorant de ce quest la liberté, ne comprenant même pas pourquoi nous sommes captifs...
Au point où en est arrivée ma réflexion personnelle, je ne trouve plus rien de bon à aucun pouvoir, même si certains de ces pouvoirs resteront encore nécessaires en attendant notre émancipation.
Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs politiques !
Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs économiques !
Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs médiatiques !
Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs scientifiques !
Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs culturels !
Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs religieux !
Et nous sommes atteints jusque dans nos familles, jusque dans nos couples où, trop souvent, lun ou lautre, voire les deux, cherchent le pouvoir ! Quel domaine est libre des pouvoirs ? Au bilan, nous sommes malades de ne pas avoir su ou pu nous libérer de nos instincts primaires, qui, jen suis convaincu, commandent encore toujours notre être. Vous avez parfaitement le droit de penser que je suis excessif, mais analysez-vous, regardez votre vie personnelle, familiale, professionnelle ; observez la façon dagir des autres pouvoirs...
Que faire ?
Je ne possède pas plus la clef de cette solution que la vérité. Mais je crois tout de même que la priorité est de changer notre pensée, de la libérer comme je lai dit au début de cet article. Ainsi, nous pensons, généralement quil nest pas possible de se passer des pouvoirs. Forcément, nous sommes placés depuis toujours dans une logique de dépendance. Mais pourquoi, pourquoi donc, lesprit humain, si ingénieux pour concevoir les pires formes du pouvoir, ne pourrait-il pas enfin, au début de troisième millénaire, imaginer la vie adulte des peuples, sans la tyrannie des pouvoirs ? Sortons de la dépendance !
Un exemple parmi dautres :
Le pouvoir patronal, allié au pouvoir politique, et les deux alliés aux pouvoirs financiers, nous tiennent de plus en plus à la gorge. Leur moyen ? Le salariat ! Je reste profondément frappé quen presque deux siècles, des hommes brillants comme Marx, Jaurès, tant dautres encore, ne se soient pas plus sérieusement préoccupés dabattre le salariat. Ils ont voulu combattre le capitalisme et ils avaient raison. Mais au-delà, la nature humaine étant ce quelle est, ils pouvaient imaginer quaussi longtemps quexisterait une anomalie comme le salariat, les capitalistes reviendraient à la charge pour transformer les salariés en esclaves, ce à quoi nous assistons de façon totalement tragique désormais.
Tout salarié est « possédé » par son patron et, en France, au travers du « contrat nouvelles embauches », les derniers garde-fous viennent de sauter. La possession sera de plus en plus étouffante, quon ne sillusionne pas. Mais parce que personne na réfléchi au remplacement du salariat par une autre forme de moyen de subsistance, les chaînes sont bien enroulées autour de nos poignets. Sans aucun doute, ce problème est des plus complexes ; la solution exigera nombre de renoncements en termes de confort, de sécurité, mais aussi en termes, pour les plus ambitieux, de conquête des pouvoirs, des plus modestes au plus grands en entreprise. Je suis pourtant convaincu quil nexiste pas de problème sans solution.
Il nest pas de liberté conquise sans souffrances.
Quon ne sy méprenne pas : Je ne fais pas lapologie de la souffrance. Je constate, comme tant dautres avant moi, que la souffrance fait partie intégrante du parcours nécessaire pour atteindre lâge adulte. En outre, lorsque je parle de souffrance, je ne parle bien sûr pas des souffrances liées à des maladies, à des décès naturels, ces souffrances écrasantes dont lhomme nest pas ou peu responsable. Ce que je veux dire, cest quaucun espace de liberté ne sest jamais conquis sans que ceux qui se battent naient, sous une forme ou une autre, à en souffrir. Mais cest à partir du moment où ils ont accepté cette souffrance et quils sont parvenus à la dépasser, que le progrès essentiel a pu saccomplir.
Si je reprends lexemple précédent, il est bien évident que si nous trouvons une solution alternative au salariat, ce ne sera pas sans souffrances, au début du moins. Ce sera une vie avec bien moins de sécurité (encore que parler de sécurité pour le type de salariat actuel, relève du fantasme), ce sera une vie forcément moins confortable, bien plus rude. Mais ce sera le début dune liberté qui ne demandera plus quà grandir. Et cest toujours la liberté qui fait grandir, pas lasservissement.
Un tel chemin nous obligera, si nous avons le courage de lentreprendre, le développement de la conscience collective, donc son corollaire, lamenuisement progressif de lindividualisme. Mais quavons-nous à y perdre ? Rien ! Tout au contraire, nous avons tout à y gagner. La conscience collective est le moyen le plus sûr de retrouver à nouveau le chemin de la solidarité.
Conclusion
La condition du progrès humain nécessite la fin des « pouvoirs » tels que nous les avons connus jusquici. On peut concevoir une sorte de « conseil des sages » pour guider les humains, mais certainement plus pour les gouverner. Les pouvoirs, tous sans exceptions, ont signé leur échec.
Tant que des hommes voudront le pouvoir, quils feront tout pour lacquérir et le conserver, tant que des peuples seront prêts à le leur confier, ces derniers ne deviendront pas adultes. Etre véritablement adulte, cest-à-dire devenir un humain accompli, signifie de tout faire pour nêtre sous les ordres de personne, et de ne commander personne. Lhumain accompli, pour être pleinement humain, est celui qui se met au service de tous, sans le moindre calcul, sans la recherche du moindre bénéfice personnel.
Il y a un chemin qui me semble possible. Cest celui des inventions de pratiques de vie alternatives. Ici ou là, des expériences sont menées. Elles ne concernent, en général quun petit nombre dindividus. Mais ce chemin me paraît excellent et essentiel, parce que, peu à peu, ces humains qui pratiquent ces alternatives apprennent à se passer des pouvoirs.
Inutile daffronter les pouvoirs, rendons-les inutiles par une nouvelle pensée, de nouvelles attitudes personnelles et de nouvelles pratiques de vie. Ils tomberont enfin comme les fruits pourris quils sont, et le souffle de vie, enfin, pourra rejaillir, libéré des chaînes millénaires...
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 5 -
jeudi 11 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
- Postulat : Les pouvoirs, presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans lâge denfance ou éventuellement en âge dadolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir.
- Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien.
- Nous avons vu, au travers de quelques exemples, avec larticle 4, que lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, na, logiquement, rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ».
Qui dit pouvoir moralement illégitime, qui dit encore exercice du pouvoir moralement illégitime, dit aussi son corollaire inévitable : « A pouvoir illégitime, résistance légitime. »
Légitimité de la résistance
Bien entendu, aucun tenant du pouvoir, aucun politicien appartenant à un parti dit « à vocation majoritaire » nacceptera de reconnaître que notre résistance est légitime. Pas plus quil ne pourrait ni ne voudrait reconnaître que son pouvoir, celui quil sert et dont il se sert, est illégitime. Il brandira toujours les « tables de la loi », religieuses dans le passé, républicaines aujourdhui.
Mais, pour un esprit subversif, cest-à-dire un esprit libre, autrement dit un esprit qui cherche le renversement, même de manière non-violente, de lordre social ou politique, lillégitimité du pouvoir est évidente et ce pouvoir ne peut quêtre combattu pour être remplacé ou, mieux, lorsque les peuples seront mûrs, pour sen passer enfin et définitivement.
Justification de la légitimité de la résistance face aux pouvoirs illégitimes
1) Même si je me répète, mais quimporte compte tenu de limportance de cet élément, la première justification cest que tout homme est égal en dignité et en importance à tout autre. Pour moi, cest le fondement même de lessentiel de ma pensée. Ce fondement est la base de ma révolte, de mon combat altermondialiste. Parce que jai la certitude de cette égalité absolue entre chaque humain vivant sur terre, femme comme homme, toutes cultures confondues, toutes religions ou non-religions confondues, tous âges confondus, je naccepte pas et naccepterai plus jamais quun groupe dhumains, quil soit riche ou cultivé plus que la moyenne, se prétende supérieur. Cest une fumisterie et de taille !
Les élites se considérant obligatoirement supérieures aux peuples, se permettront toujours, comme nous lavons entrevu dans larticle 4, dabuser le peuple, de le spolier, de créer des lois iniques. Il est dailleurs, à cet égard, frappant de constater à quel point les lois nont pas le même sens et la même valeur selon quon est issu du peuple ou de la prétendue élite. Il suffit de suivre quelques jugements, au tribunal, pour sapercevoir que nombre de lois sont appliquées avec rigueur, dès quil sagit du monde des pauvres et combien ces mêmes lois épargnent les puissants, pour des faits bien plus graves. Il en va de même pour les impôts et tant dautres choses rattachées au droit qui se sont transformées en privilèges de caste.
On ne peut plus espérer revenir en arrière sans une véritable révolution. Mais attention, révolution ne veut pas dire forcément violences. On le voit depuis une bonne trentaine dannées, en France, en Angleterre, en Allemagne, aux USA comme ailleurs, les peuples peuvent voter pour nimporte quel parti politique « à vocation majoritaire », rien ne change. Cest toujours la même pression qui est exercée sur le peuple, et rien que sur lui. Nous avons atteint un point de non-retour, tant que ce type de parti politique monopolisera le pouvoir. Pour espérer un vrai changement, il faut obligatoirement donner libre cours à un parti nappartenant pas à ce courant livré aux puissants du « marché mondial et financier » tout en sinterdisant délire un parti qui serait xénophobe, raciste, prétendant que ses membres ou le peuple sont supérieurs aux autres hommes, aux étrangers. Même si ces partis étaient, à la limite, susceptibles daméliorer les conditions de vie du peuple, ce que je ne crois pas, ils poursuivraient, par dautres moyens, la même politique de destruction ou dempêchement de la cohésion humaine au niveau mondial. Et ce serait aussi tragique que nos malheurs actuels.
2) Lautre justification est forte également puisquelle est la réponse obligatoire à lillégitimité du pouvoir. Il faut, parce que nous sommes des humains debout et non pas des esclaves couchés, résister, refuser le fait accompli. Toute démission, dans ces domaines, fait de nous des esclaves. Et nous le voyons très fortement, depuis trois ans en France. Chaque été, le peuple, légitimement, cest vrai, prend ses vacances, oublie la politique et les politiciens retors. Mais les politiciens, eux, noublient pas de satisfaire leurs ambitions au travers de laugmentation continuelle de leurs privilèges ou des privilèges de ceux qui, seuls, justifient encore leurs actions, cest-à-dire le monde industriel et financier, les grands patrons pour simplifier. Cest ainsi que, ces trois dernières années, nous avons vu, successivement, en labsence du peuple qui se reposait, la destruction du système des retraites ; la destruction de la protection sociale ; et cette année, un coup mortel contre le droit du travail au travers du CNE, le « contrat nouvelle embauche ». Par ces destructions, pour lesquelles le pouvoir actuel na jamais reçu mandat du peuple, nous voyons à quel point ce pouvoir français est illégitime et ne fait de la politique que pour lintérêt de ses commanditaires riches et puissants et cela au détriment de plus en plus sévère du peuple.
Lintérêt et la volonté du peuple, proclamé « souverain » par la Constitution du pays, sont le partage des richesses entre tous, le droit de vivre libre pour tous, le droit à la culture pour tous, la santé pour tous, le logement pour tous, autrement dit lapplication réelle, effective, des droits de lhomme conçus et voulus par nos ancêtres révolutionnaires. Lintérêt et la volonté du pouvoir, qui nest pas proclamé « souverain » dans la Constitution, sont laccaparement des richesses du pays au seul bénéfice de petites castes déjà bien trop riches et puissantes. Et cela se concrétise par la négation de fait des droits de lhomme.
Il est donc non seulement légitime mais encore nécessaire que les peuples, en particulier ses membres les plus conscients quant aux réalités du pouvoir, se lèvent et résistent afin de reprendre, à ceux qui ont rétabli des privilèges dignes des temps féodaux, la souveraineté et de la rendre au peuple, seul détenteur légitime. Le peuple, ici, en France, doit se soulever sil veut à nouveau vivre dignement, vivre le partage entre tous et prendre le chemin de lâge adulte qui tarde tant...
Les conditions dune résistance puissante et efficace
Je naurai pas la prétention daffirmer que je connais toutes les clefs dune telle résistance. Mais avant darriver aux méthodes possibles de résistance, il faut quelques conditions sans lesquelles nous échouerons doffice.
Ce que je vais affirmer semblera être une évidence à beaucoup dentre vous. Cependant, dans cette époque de banalisation des mots pour désarmer leur puissance, pour les anesthésier, en quelque sorte, jaffirmerai, et avec force, que la première de toutes les conditions dune résistance efficace et qui ait du sens, cest la prise de conscience.
Nulle résistance, nulle révolte nest possible sans la prise de conscience préalable. Il faut en effet prendre conscience que le type de société actuel nous conduit à laffrontement des civilisations, nous conduit à la mort de lécosystème, à la mort de toute vie, y compris celle des hommes. Sans cette prise de conscience essentielle, il nest pas possible de comprendre que le combat entrepris, notamment, mais pas seulement, par les altermondialistes, est le combat pour la survie des générations dhommes à venir. Ce combat, pris dans ces termes, compris de cette façon, la plus haute, la plus noble, nous devons le mener, nous, humains de ce début du XXIème siècle, parce que nous sommes ceux qui, le plus souvent, avons favorisé la mise en place du système actuel, ou parce que nous lavons laissé sinstaller ou encore parce que, sous une forme ou une autre, nous en avons été complices, même de façon tout à fait inconsciente. Il est, par conséquent, de notre devoir dentreprendre la renaissance dune société nettement plus humble dans ses besoins, dans ses objectifs ; nettement plus fraternelle par le partage véritable des ressources naturelles et des richesses produites par tous.
Mais si nous ne prenons pas conscience de la réalité de la situation dramatique du monde, du peu de temps qui nous reste pour sauver ce qui demeure de vie intacte sur cette terre ; si nous refusons de prendre conscience de la gravité de la situation terrestre et de la responsabilité totale des pouvoirs abusifs et illégitimes, alors toute résistance est vaine. A lheure actuelle, et je ne pense pas trahir leurs pensées, des associations comme Attac, des hommes comme José Bové, et plus modestement des gens comme moi, nous en sommes surtout à la phase du travail nécessaire pour amener au plus grand nombre les éléments nécessaires à la prise de conscience. Non pas que nous serions plus intelligents que dautres, mais souvent parce que des événements de nos vies ont déclanché, en nous, cette prise de conscience qui se fait rarement toute seule. Il faut bien réaliser que pour beaucoup de ceux qui résistent déjà, et ce fut mon cas, ce qui a déclanché la prise de conscience cest dêtre jeté au chômage. Cette prise de conscience ne sest pas faite du jour au lendemain, cest un travail relativement long, il faut déjà remonter la pente après le choc... Malgré tout, pour ceux qui parviennent à sortir de cette « destruction programmée », le chômage devient un terrible révélateur. Du coup, et cest le revers de la médaille pour les destructeurs de lemploi, ils fabriquent eux-mêmes lantidote au poison quils diffusent dans la société. Ils ne pensaient assurément pas quau travers du mal profond, dune souffrance étouffante, quils imposent à leurs millions de victimes, ils allaient parallèlement réveiller notre conscience. Ils font tout, par ailleurs, au travers de la consommation, des médias, de la publicité pour endormir le plus parfaitement nos consciences. Notre chance, cest la puissance de leur égoïsme et de leur orgueil. Ils nont toujours pas compris que plus ils créeront de pauvreté et dexclusion, plus ils gonfleront les rangs des résistants par le puissant réveil de la conscience quils induisent par leur cruauté.
La deuxième condition, tout aussi importante, cest de parvenir à abolir, en nous-même la peur. Rien ne peut se faire sous lemprise de la peur. Il ny a pas, je crois, de recette précise pour trouver le courage et abandonner la peur. Lun des moyens, cependant, cest darrêter daccueillir volontairement cette peur, en nous mettant devant lécran de la télévision, le soir à 20 heures. Ces journaux sont devenus des usines à diffuser la peur, surtout les peurs qui nont aucun sens, comme le terrorisme, linsécurité. Devant les images, les commentaires, si lon na pas dautres sources sérieuses dinformations, comment éviter de prendre peur ? Cest un poison qui est injecté depuis des années dans les cerveaux des téléspectateurs, en particulier depuis septembre 2001. Et ce poison est mortel pour ceux qui nen ont pas pris conscience ou qui refusent de comprendre par confort et habitude.
Je suis frappé, ici, à Lyon, de voir certaines personnes avoir visiblement peur, pendant que je me sens, moi, en parfaite sécurité. Parfaite, à un détail près, néanmoins : le déferlement des policiers qui jouent à « Rambo ». Là, je ne me sens pas en sécurité, non pas que jai quoi que ce soit à me reprocher, mais parce que des gars qui roulent les mécaniques et qui, de surcroît sont armés, sont par définition potentiellement dangereux. En outre, lexcès de présence policière, et cest le cas ici, donne un sentiment de pays occupé, dabsence de liberté. Cela va jusquau point que, le soir, au Parc de la Tête dOr, deux voitures de police au moins, avec deux policiers à lintérieur, après avoir constamment surveillé les gens (on se demande quoi ?), leur rappellent, au moyen dun mégaphone, que le règlement ordonne quil faut quitter le parc avant 22h30, sous peine damende, bien sûr !
La troisième condition tombe sous le sens. Cest de ne pas rester seuls. Aucune résistance nest possible et surtout efficace lorsquon est isolé. Internet, à cet égard, est un formidable outil pour prendre des contacts, pour appartenir à un réseau comme pour diffuser les informations. Il ne faut pas hésiter à créer des liens. Peu à peu, même si au début tout cela semble être virtuel, des groupes se forment et lon rencontre ceux qui sont prêts à résister...
Un grand pas sera fait si nous parvenons à réaliser ces trois points. Désormais, il faut passer aux actes. La grande question sera alors : Résistance violente ou non-violente. Ceux qui me connaissent savent déjà quel est mon choix, celui que je privilégie.
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 6 -
vendredi 12 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
- Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans lâge denfance ou éventuellement en âge dadolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir.
- Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien.
- Nous avons vu, au travers de quelques exemples, avec larticle 4, que lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, na, logiquement, rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ».
- Dans le cinquième article, nous avons vu que la résistance est légitime puisquil sagit de retrouver notre « souveraineté » perdue.
Résistance légitime : Violente ou non-violente ?
Le postulat à propos de la violence : Selon ma perception personnelle, que nous ne sommes pas très nombreux à partager, cest vrai, la violence, celle qui tue ou blesse, est un héritage du passé que nous navons pas encore dépassé, tant au niveau des pouvoirs quau niveau des individus formant les peuples. On peut penser quil y a une part de cette violence qui est inscrite au plus profond de nos gènes, quelle est liée à létat instinctif animal des origines humaines. Mais il est évident que la part culturelle qui entretient « lesprit de violence » pèse très lourdement. Elle na jamais vraiment été remise en cause par les autorités, que ce soit au travers de lenseignement et de la culture (je pense notamment aux films, certaines chansons, certains textes). Les exceptions admirables de résistance non-violente nont été présentées, chez nous, que comme une « curiosité exotique » au parfum venu dailleurs.
Le postulat général du « pouvoir abusif » et du peuple « maintenu en enfance » pose quil est dans lintérêt des pouvoirs de maintenir bien vivante la culture de la violence :
- dune part parce que les pouvoirs sont les premiers utilisateurs et bénéficiaires de la violence. On le constate en tout domaines, de la répression policière aux guerres que les pouvoirs parviennent toujours à légitimer par toutes sortes de manipulations et de mensonges.
- dautre part, parce que pour éduquer tout un peuple à la peur, avec pour dessein de le soumettre à cette peur de manière à mieux le « posséder », il faut le maintenir en contact avec la violence. Doù les intenses campagnes télévisées, notamment aux informations, montrant la violence, la dénonçant en apparence, mais en la magnifiant en réalité comme dans une grande majorité de films programmés. Les pouvoirs proclament que la violence est hors-la-loi et pour limposer, utilisent la violence... Paradoxe ? Non, logique... Ils signifient, par cette pratique, que la violence est leur apanage. Cest larme du « père abusif » et seulement la sienne.
Sur la violence, le postulat que je pose est le suivant : La violence est toujours une défaite de lhumain. Cest elle qui, principalement, empêche le développement des peuples comme des individus vers « lâge adulte ». On comprend, si on accepte ce postulat, que le pouvoir agissant comme un parent abusif, use de la violence, quelle soit physique ou psychique.
Un point important toutefois : Il ne faut pas confondre révolte et violence. La première est nécessaire pour lévolution. Lenfant qui, adolescent, ne se révolte pas contre lautorité du parent abusif et même dun parent respectueux de lévolution de son enfant, reste bloqué dans son évolution mentale pour très longtemps et dans certains cas, à jamais. Mais la révolte, sur le plan politique, nest pas obligatoirement synonyme de violence. Il suffit de se souvenir des révoltes de Gandhi, Martin Luther King, Malcom X vers la fin de sa vie ou Nelson Mandela pour comprendre ce qui semble a priori paradoxal.
Pour bien comprendre ce quest la violence, je vous propose de vous reporter sur larticle Publication du Dictionnaire de la non-violence. Il est certain que les pouvoirs ont tout intérêt à maintenir la confusion entre révolte et violence, de même quils ont intérêt à dénigrer la notion de non-violence.
Par ailleurs, il est important, majeur même, de comprendre que la violence est pratiquement toujours la résultante de diverses peurs. Pour les pouvoirs, cest la peur de perdre la faculté de gouverner, dimposer leurs lois, et la peur de perdre tous les avantages liés à cette faculté, puissance, richesse, domination... Pour les peuples cest souvent linsécurité, quelle soit sociale ou autre, qui induit la peur, puis la violence.
Une forme de violence présenté comme un élément de sécurité majeure
Parmi toutes les formes de violences que nous connaissons de la part des pouvoirs, il en est une qui napparaît pas immédiatement comme telle et qui, pourtant, en est une. Cest le viol de la vie privée de plus en plus généralisé, légalisé sous le prétexte fallacieux de la sécurité pour tous.
Les gouvernements des pays riches, de tous les pays riches, profitant de leffet daubaine lié aux attentats de septembre 2001, créent et appliquent méthodiquement des lois sécuritaires impliquant une surveillance toujours plus étroite des populations. Pourquoi sagit-il dune violence ?
- En premier lieu parce que ces décisions sont prises sans le moindre mandat du peuple, jamais consulté sur ce thème. Au mieux, les pouvoirs sappuient sur des sondages dont on connaît le peu de valeur, puisque tout dépend de la forme et du type de questions posées.
- En deuxième lieu, parce quil sagit bel et bien dun viol de la vie privée. Au rythme adopté pour la création de ces lois, plus un geste, y compris le plus anodin, ne passera inaperçu puisque les villes seront truffées de caméras, dont les images, bien entendu, ne seront jamais vues par une instance réellement indépendante des pouvoirs. Au travers de la carte didentité biométrique à venir, ce viol est tout aussi puissant et constitue une violence dordre psychique puisque tout le monde pourra être contrôlé et surveillé à son insu, donc en permanence.
- Enfin, en troisième lieu, cela revient à enfermer un peuple entier dans une prison, certes, à ciel ouvert, mais une prison tout de même. Il nest donc même plus besoin dêtre un délinquant pour se retrouver dans une prison !
Il va de soi que tous les individus qui ne cèdent pas aux phobies sécuritaires instaurées par les pouvoirs ne peuvent que se révolter devant de tels actes ajoutés à tout ce que jai déjà décrit et la masse des autres dont je nai même pas parlé.
A ce stade, il faut choisir : Violence ou non-violence ?
On peut, pour faire ce choix crucial, se baser sur beaucoup déléments de jugement. La première question qui se pose peut se formuler de deux façons différentes qui induisent un choix préalable, au niveau psychologique.
« Résister contre qui, contre quoi ? » ou « Résister pour qui ou en faveur de quoi ? »
A première vue, il ne sagit que dune différence de sémantique et pourtant cette petite différence change tout. La notion « contre » implique, tout de suite en nous, un rapport de force ; la deuxième, implique elle, une notion du type « au service de ». La première formule induit presque machinalement la possibilité de la violence alors que la deuxième, de fait, ne limplique en rien. Mais, les deux formules correspondent bien à la notion de Résistance. En fait, pour être plus clair, « Résister contre », fait appel à linstinct et correspond par conséquent au niveau du postulat à un âge denfant ou dadolescent alors que « Résister pour » est une attitude dadulte.
Il est vrai que certaines situations ne permettent pas ce genre de distinction. Je pense notamment à la Résistance contre les nazis. Les Résistants avaient-ils le choix alors quils combattaient des gens soumis à une idéologie particulièrement barbare ? Cette dernière remarque constitue la limite probable de la résistance ferme et non-violente. A cet égard, il est intéressant de lire ce quen pensait Gandhi :
« Là où il ny a le choix quentre lâcheté et violence, je conseillerai la violence... Je risquerai mille fois la violence plutôt que lémasculation de toute une race ».
Toute la question pour nous, face aux pouvoirs qui nous imposent la mondialisation, est de savoir si nous avons à faire à un pouvoir semblable à celui que Gandhi combattait, cest-à-dire un pouvoir colonial sauvage, mais encore humain, ou un pouvoir de type nazi qui na plus le moindre sens de lhumain. Il est trop tôt, à lheure actuelle, pour avoir une certitude. Pour ma part, lorsque janalyse les faits au niveau mondial et même au niveau français face aux méthodes et aux dérives dun Nicolas Sarkozy avec ses « rafles détrangers », je crains que nous nous rapprochions dun pouvoir de type nazi, du moins dans lesprit de lexercice du pouvoir, sans considération ni notion de la beauté et de la grandeur de tout être humain.
Faire le choix de la violence revient donc, si lon excepte le cas du face à face avec des brutes primaires, cest faire le choix, au mieux, de rester à lâge de ladolescence. Ce choix implique la mort dhommes, coupables comme innocents. Mais que veut dire coupable à partir du moment où nous nous rendons compte quau travers dun jeu dhéritages culturels malheureux nous sommes tous soumis à la pression quasi perpétuelle du pouvoir similaire à celui des parents abusifs ?
Ce choix de la violence signifie, toujours, un recul de lhumain et au mieux, une stagnation ; il signifie aussi le développement de la haine, une haine qui affectera les rapports humains tout au long dune génération, voire de plusieurs générations. Ce qui signifie que notre violence daujourdhui, même au nom dune cause qui semble juste, sétendra aux innocents des générations suivantes. Ce choix signifie, consciemment ou non, que nous voulons rester dans le rapport de force au lieu du rapport de lesprit. Cest le rapport du dominant sur le dominé, du père abusif sur lenfant abusé, du pouvoir abusif sur le peuple opprimé. Ce choix implique donc non pas une avancée commune, mais un recul général.
Je pourrais donner lexemple des guerres et des révolutions passées. Mais je préfère donner lexemple de la guerre dIrak actuelle qui est symptomatique de ce que je cherche à démontrer : la guerre sest faite au nom de la liberté à conquérir et de la démocratie à installer dans ce pays et les contrées avoisinantes. Or, nous constatons, dans la réalité, le massacre des innocents que sont les civils, les destructions massives, une impossible avancée de la démocratie, linstallation de la haine entre communautés, lappauvrissement général, la dépendance totale au « pouvoir abusif » américain qui est le seul à tirer un bénéfice de ce crime, celui du pétrole volé au peuple irakien. Cest un échec complet sur tous les plans humains et politiques, un drame pour les familles, lassassinat de tout lesprit dun peuple. Il faudra des dizaines dannées pour reconstruire ce qui aura été détruit en quelques semaines. Cest ça, le fruit de la violence...
Et si je fais un court résumé de quelques révolutions violentes, très sanglantes, cela donne :
- La révolution française qui aboutit à lempire napoléonien.
- La révolution russe qui aboutit à 70 ans de dictature.
- La révolution iranienne qui aboutit, déjà, à un quart de siècle de dictature.
A contrario, lune des rares révolutions non-violentes, la révolution des illets au Portugal, elle, na abouti sur aucune dictature... Nest-ce pas là, la signature même de ce que produisent la violence ou la non-violence ?
Il me semble donc tout à fait pertinent de dire que si nous faisons le choix de la révolte, donc de la résistance et si notre volonté est réellement le mieux-être des populations, nous devons nous écarter du choix de la violence. Mais jinsiste sur ce point : la non-violence nest pas le pacifisme, nest pas une attitude de lâcheté, nest pas un abandon ou une trahison. La non-violence, bien comprise, bien appliquée, dans la lignée de ce que fit Gandhi, est la recherche dune provocation constante des pouvoirs, un harcèlement qui va toujours plus loin, qui est toujours plus exaspérant pour les pouvoirs. Cette non-violence désarme le pouvoir qui ne comprend que le langage de la force et qui lamène à faire usage de la force, lobligeant à montrer sa véritable nature même lorsquil voulait la cacher.
La non-violence implique aussi lacceptation du sacrifice personnel et du compagnonnage avec la souffrance. A cet égard, voici ce que disait encore Gandhi :
« Lefficacité de la non-violence est la conséquence, selon Gandhi, dun acte de foi qui suppose : une conviction spiritualiste (la supériorité de lesprit sur la force physique) ; une éthique de la souffrance (Nul ne sest élevé sans avoir passé par la souffrance...Le progrès ne consiste quà purifier la souffrance en évitant de faire souffrir) ; un fondement religieux universel (La religion de la non-violence nest pas seulement pour les saints, elle est pour le commun des hommes. Cest la loi de notre espèce comme la loi de la violence est la loi de la brute). »
La non-violence comporte, cest vrai, une dimension spirituelle. Mais il faut cesser davoir peur de cette dimension particulière. Nombre de contemporains en ont peur parce quelle aussi répond au schéma du postulat. Tant que les religions servent lidée du pouvoir, de la richesse et des dogmes infaillibles, celles-ci se servent de la spiritualité au lieu de la servir. Ces religions, par ces actes, tuent la spiritualité, du moins elles lui enlèvent tout sens. Il ne peut y avoir de foi, de spiritualité en Dieu, quel que soit son nom, sous le signe de la richesse qui signifie pouvoir, domination, sectarisme, donc violence. Lessentiel des religions, des Institutions religieuses, de ce point de vue, ne sont pas non plus adultes ; elles fonctionnent toujours sur le schéma du père abusif face à des enfants abusés. Mais ce faisant, elles se vident de toute substance et de tout sens. Pire, ce sont elles, par ces méfaits, qui sont responsables de la mort de Dieu dans lesprit de tant dhumains. Ce faisant aussi, certains membres de ces religions deviennent des assassins : Cest parce quil mettait en danger le pouvoir de certains religieux fanatiques hindous que Gandhi a été assassiné...
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 7 -
samedi 13 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
- Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans lâge denfance ou éventuellement en âge dadolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien. (article 2 & 3). Nous avons vu, au travers de quelques exemples, que lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays na rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) Ensuite, nous avons vu que la résistance est légitime puisquil sagit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Puisque la résistance est légitime, il faut choisir entre la résistance non-violente et la violence. Seule la solution non-violente, hormis les cas où ladversaire est une brute achevée, peut permettre aux peuples de gagner, peu à peu, leur indépendance par rapport au pouvoir, donc tendre vers lâge adulte. (article 6).
Les cheminements de lindépendance des peuples.
Nous lavons vu, et ce nest quun peu de réalisme qui me le fait affirmer, lindépendance dun jeune soumis à des parents abusifs est toujours source de souffrances ; les difficultés pour couper ce cordon ombilical virtuel, mais plus puissant quune chaîne dacier trempé, sont immenses et pas toujours couronnées de succès. Ce jeune, sil ne trouve pas les ressources pour briser cette chaîne, dautant plus étouffante que le plus souvent elle nest pas palpable, ne vivra jamais pleinement. Il sera incapable de mener une vie réellement et pleinement responsable.
Il en va de même pour les peuples, partout sur cette terre. Je cite le plus souvent la France, mais il est évident que, les humains étant égaux, étant « construits » sur le même modèle, le postulat du pouvoir abusif sur le modèle du père abusif se retrouve sous toutes les latitudes, à quelques détails près.
Toutes ces populations immenses, partout, régulièrement, ont dû et doivent encore se soulever pour tenter de se libérer du « père pouvoir abusif ». Cest ainsi, que tout au long de lhistoire humaine, partout, des peuples se sont soulevés contre les pouvoirs qui les oppressaient. Et comme sil nétait pas suffisant que leur propre pouvoir les oppresse, de nombreux peuples ont dû se battre contre des colonisateurs.
Le principe des colonies
La colonisation nentre pas totalement dans le schéma du postulat. Elle en fait partie, et de façon extrêmement dure, quant aux méthodes dautoritarisme et doppression contre les populations asservies, mais pas sur la motivation. Du moins est-ce plus complexe.
Lorgueil est ainsi fait quil sassocie très souvent avec la rapine de bas étage. Mais, parce quil sagit de lorgueil, la rapine en question se mue en volonté civilisatrice. Je ne prétends pas non plus détenir la vérité en ce domaine, mais tout de même... Regardons, succinctement ce quil en est.
Aux origines, ainsi que dans quelques autres cas, comme actuellement la colonisation féroce et destructrice en Palestine par les Israéliens, il y avait un besoin réel ou affiché, dagrandissement du territoire. Mais, sous ces motivations déjà discutables, il y a toujours une volonté évidente de saccaparer également les ressources naturelles et les quelques richesses