Tablatures







Forums de Reggae Tabs

#1  03-10-2005 16:00:01

Aragorn
 

LePouvoir:Faut-IlObéirOuRésister?Suite

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 7 -

samedi 13 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

- Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans l’âge d’enfance ou éventuellement en âge d’adolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien. (article 2 & 3). Nous avons vu, au travers de quelques exemples, que l’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays n’a rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) Ensuite, nous avons vu que la résistance est légitime puisqu’il s’agit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Puisque la résistance est légitime, il faut choisir entre la résistance non-violente et la violence. Seule la solution non-violente, hormis les cas où l’adversaire est une brute achevée, peut permettre aux peuples de gagner, peu à peu, leur indépendance par rapport au pouvoir, donc tendre vers l’âge adulte. (article 6).

Les cheminements de l’indépendance des peuples.

Nous l’avons vu, et ce n’est qu’un peu de réalisme qui me le fait affirmer, l’indépendance d’un jeune soumis à des parents abusifs est toujours source de souffrances ; les difficultés pour couper ce cordon ombilical virtuel, mais plus puissant qu’une chaîne d’acier trempé, sont immenses et pas toujours couronnées de succès. Ce jeune, s’il ne trouve pas les ressources pour briser cette chaîne, d’autant plus étouffante que le plus souvent elle n’est pas palpable, ne vivra jamais pleinement. Il sera incapable de mener une vie réellement et pleinement responsable.

Il en va de même pour les peuples, partout sur cette terre. Je cite le plus souvent la France, mais il est évident que, les humains étant égaux, étant « construits » sur le même modèle, le postulat du pouvoir abusif sur le modèle du père abusif se retrouve sous toutes les latitudes, à quelques détails près.

Toutes ces populations immenses, partout, régulièrement, ont dû et doivent encore se soulever pour tenter de se libérer du « père pouvoir abusif ». C’est ainsi, que tout au long de l’histoire humaine, partout, des peuples se sont soulevés contre les pouvoirs qui les oppressaient. Et comme s’il n’était pas suffisant que leur propre pouvoir les oppresse, de nombreux peuples ont dû se battre contre des colonisateurs.
Le principe des colonies

La colonisation n’entre pas totalement dans le schéma du postulat. Elle en fait partie, et de façon extrêmement dure, quant aux méthodes d’autoritarisme et d’oppression contre les populations asservies, mais pas sur la motivation. Du moins est-ce plus complexe.

L’orgueil est ainsi fait qu’il s’associe très souvent avec la rapine de bas étage. Mais, parce qu’il s’agit de l’orgueil, la rapine en question se mue en volonté civilisatrice. Je ne prétends pas non plus détenir la vérité en ce domaine, mais tout de même... Regardons, succinctement ce qu’il en est.

Aux origines, ainsi que dans quelques autres cas, comme actuellement la colonisation féroce et destructrice en Palestine par les Israéliens, il y avait un besoin réel ou affiché, d’agrandissement du territoire. Mais, sous ces motivations déjà discutables, il y a toujours une volonté évidente de s’accaparer également les ressources naturelles et les quelques richesses des autochtones. De plus, par exemple pour le cas d’Israël, actuellement, l’orgueil se pare de la « volonté de Dieu » puisque pour justifier le vol de toutes les terres, de tous les biens, et la destruction systématique d’un peuple entier, pourtant innocent de tout crime (est-ce un crime de se défendre ? Les résistants auraient-ils donc été des criminels face aux nazis ? Non, bien sûr !) La justification majeure des fanatiques juifs reste la Bible qui affirmerait que Dieu lui-même a fait don de cette terre au peuple juif.

Si l’on considère le phénomène de la colonisation dans sa globalité, hors des cas semblables à celui d’Israël, on retrouve les mêmes motivations de base :
Officiellement, il s’agit d’apporter la civilisation. Bush, adaptant ce langage aux temps actuels, parle d’apporter « la démocratie », mais évidemment, c’est une excuse de même nature. Remarquez comme le colonisateur affirme toujours qu’il détient, à lui tout seul, la totalité de la vérité : c’est l’un des effets classiques de l’orgueil, lorsqu’il est délirant. Mais c’est aussi l’une des attitudes les plus classiques chez le parent abusif...

Si l’on prend le cas des Espagnols et des Portugais en Amérique du Sud, l’excuse était d’apporter le « vrai Dieu », d’éclairer des sauvages, des êtres dont on n’était même pas certain qu’ils possèdent une âme. Les mêmes excuses ont été invoquées pour la colonisation de l’Afrique par la France ; le goupillon précédait toujours le canon ou le suivait immédiatement. Comment les peuples, maintenus dans l’ignorance par le pouvoir de type abusif, politique comme religieux, aurait-il compris qu’il ne s’agissait que d’arguments fallacieux, alors que lui-même subissait l’oppression des gouvernants et des chefs religieux. Par son ignorance, précieusement entretenue par les pouvoirs, il acceptait tout et n’avait même pas les moyens pour réfléchir.

Un Georges W Bush, un Tony Blair, et pour l’Afrique un Jacques Chirac, il s’agit donc d’apporter ou de maintenir, selon les cas, la civilisation, la religion (pour Bush en particulier), et la culture, notamment celle des droits de l’homme. Qu’est la réalité si l’on considère froidement la situation ?

La volonté réelle, vérifiable pour peu qu’on s’en donne la peine, c’est avant tout autre considération, le vol des ressources naturelles. C’est criant en Irak, c’est criant en Afrique. C’est un pillage constant qui alimente la cupidité des castes dirigeantes de tous les pays riches et puissants actuels. Dirigeants de pays dominants et voulant le rester, ils ont besoin de ces ressources pour entretenir une illusion de puissance et de richesse face à leurs peuples, mais surtout pour agrandir sans cesse leur propre puissance, leurs propres fortunes, élément, selon eux, qui garantit la pérennité de leur pouvoir. Cette certitude est exacte, du moins tant que les peuples accepteront la domination de l’argent, et l’admiration face aux grandes fortunes, tant qu’ils ne seront pas adultes et qu’ils ne pourront par conséquent pas comprendre que l’argent n’a nulle valeur réelle. Il en ira tout autrement si nous imposons l’idée que l’argent n’a guère ou pas du tout de valeur. Nous verrons, plus tard, comment y parvenir éventuellement.

Cette volonté absolue d’agrandir leur propre pouvoir par les fortunes engrangées (il faut se souvenir que pour être élu, il ne faut pas y songer si l’on est pauvre - conséquence des lois faites par et pour les pouvoirs), nous ramène, elle, au postulat du « père abusif » face au « fils abusé ». On trompe les enfants comme on trompe les peuples pour conserver tout le pouvoir et toute l’autorité.
La modernité du combat de Gandhi

Gandhi s’est battu durant toute la première moitié du 20ème siècle contre l’empire anglais après s’être battu en Afrique du Sud pour l’égalité des droits entre Blancs et Indiens. Il avait compris, notamment, et je trouve cela admirable, que si les Indiens avaient eu la puissance des Anglais, sans doute, ils auraient, eux aussi, été des colonisateurs. En ce sens, il considérait les Anglais non comme des ennemis, mais juste comme des adversaires, ce qui, bien sûr, n’est pas pareil. Faire cette distinction essentielle, permet de respecter l’autre, de mieux comprendre ses motivations, donc les faiblesses qui le font agir, faiblesses que nous connaissons tous à des degrés divers, ces faiblesses liées à notre nature humaine, donc, surtout, à nos origines et nos instincts. Il faut bien comprendre, c’est essentiel, que l’orgueil, la cupidité, la recherche de puissance, la volonté de prendre et conserver le pouvoir, ne sont rien d’autre que de tragiques faiblesses. Il serait tant d’inverser les valeurs établies comme intangibles par les pouvoirs qui ont un besoin vital de notre admiration.

Gandhi, cet homme isolé au départ, eut à combattre un empire, le plus grand, le plus puissant de l’époque. C’était, visiblement, une gageure de taille ! S’il a vaincu, en définitive, avec le concours de l’essentiel du peuple indien, c’est parce qu’il a considéré que les Anglais n’étaient que des adversaires et non pas des ennemis. Face à l’ennemi, le plus souvent et instinctivement, nous laissons libre cours à notre violence tout aussi instinctive en la parsemant de haine, de sentiment de supériorité, bref, tout ce qui mène au meurtre de celui qui nous oppresse. Mais, dans le cas du combat de Gandhi, s’il avait fait appel à la violence, l’échec était certain.
Face à l’adversaire, si nous sommes non-violents, nous cherchons, même si c’est dur, à discuter, à le convaincre. Si ces solutions ne donnent aucun résultat, nous passons à la phase suivante qui est celle de la résistance non-violente. Certains considèrent qu’il s’agit également d’une violence. Je ne suis pas vraiment en accord avec eux. Dans l’absolu, oui, bien sûr, il s’agit d’un rapport de force, donc on peut considérer qu’il y a violence. Mais c’est bien plus une volonté d’imposer le dialogue, donc une œuvre de l’esprit, loin de toute notion ou lourdeur physique, qui amènera ensuite la solution. C’est, typiquement, une attitude d’adulte accompli. On pourrait également affirmer pour dévaloriser le combat non-violent qu’il s’agit d’un chantage permanent. Mais non, ce serait absurde, parce que dans le cas d’un chantage, ce n’est pas un rapport d’esprit à esprit, mais une violence et une menace d’ordre physique qui sont en jeu.

Gandhi, lui, a réussi, par son amour du genre humain, sa compréhension des phénomènes instinctifs humains, à mener un rapport d’esprit à esprit. Et là, c’est finalement la sagesse qui l’a emporté et qui a permis de faire plier l’empire le plus puissant de son temps. Gandhi n’est pas à l’origine du combat non-violent, mais il a su l’appliquer, le développer et surtout, pour moi c’est le point essentiel, il a montré, aux générations suivantes, les nôtres, qu’on pouvait évoluer sans la violence. Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, partout dans le monde, nombreux sont ceux qui se réclament de Gandhi. L’enseignement qu’il nous a apporté par ses idées, par sa ferme volonté, par son type de combat et sa victoire finale, à valeur d’universel. Gandhi n’est pas un « gourou », chose qui serait absurde, mais un exemple, un maître dans l’enseignement des générations futures.
Gandhi, un exemple pour notre temps ?

Quel est lien avec la situation que nous vivons en 2005 et l’empire britannique que combattait Gandhi ? Cela ne saute peut-être pas aux yeux sauf si on tient compte du postulat général auquel il faut ajouter ce que je viens d’écrire à propos des colonies.

1) Les plus grands responsables :

Parce que, en définitive, qu’est la mondialisation financière et marchande ? Ce n’est jamais que la colonisation du monde entier par un ramassis de profiteurs. Ces gens, que je vais tenter, une fois de plus, de désigner en espérant n’oublier personne :
- Les puissances financières en tout premier lieu. Ce sont elles qui sont au sommet, ce sont elles qui financent les « boîtes à idées » américaines, françaises, anglaises, etc. Par puissances financières, j’entends les grands groupes financiers dont le plus souvent nous ne connaissons rien sinon qu’ils existent. Et tout de suite en-dessous, les banques, pratiquement toutes les banques dont le métier d’engranger et de faire fructifier l’argent est l’essence même. Entrent dans cette catégorie également les grands groupes d’assurances, tous les métiers d’argent. Et on peut ajouter, mais à des degrés divers, les rentiers (hormis les plus petits qui ne sont jamais, en dépit de leurs illusions, que des proies à avaler et digérer tôt ou tard), les joueurs en bourse, dont, et très puissamment au regard des dégâts dont ils sont responsables, les fonds de pension.
- Les multinationales, ces monstres aux intérêts multiples, à la conscience d’autant moins développée que les responsabilités sont diluées. Elles agissent avec le soutien des puissances financières de la même manière que nos Etats coloniaux dans le passé.
- L’essentiel du personnel politique de cette époque, tout pays (ou presque) confondus, dès lors que le parti auquel ils appartiennent est un parti à « vocation majoritaire ». Pour comprendre l’importance de cette dénomination, il suffit de se souvenir de la supplique de Jean-Pierre Raffarin qui implorait pratiquement les Français de voter, aux élections européennes pour un parti de ce type.
- L’essentiel des « élites » médiatiques qui n’ont plus vocation à informer mais uniquement comme dessein de délivrer la « pensée unique », autrement dit, la propagande financière et marchande.
- On peut encore y ajouter certains philosophes à la mode, certains scientifiques complices des puissants qui deviennent, les uns comme les autres, des serviteurs très serviles.

2) Les responsables moyens :

- Un degré au-dessous, mais néanmoins totalement responsables, toutes les masses de dirigeants d’entreprises, de chefs et de petits-chefs dès le moment où, conscients de ce qu’ils font, ils se rendent complices des politiques consistant à « coloniser » tous les peuples en faveur de la puissance d’argent.

3) Les responsables qui s’ignorent :

Et enfin, si douloureux que ce soit, nous tous, par cette atonie qui fait de nous des complices le plus souvent inconscients, mais bien réels dès que nous nous livrons à l’esprit de consommation. Il ne faut jamais se contenter de dire que les autres, les autres seulement, sont responsables. Ce n’est pas la vérité.
La mondialisation actuelle : Colonisation à l’échelle planétaire

Toute la mondialisation actuelle, et je ne remets pas en cause le principe d’une mondialisation qui de toute façon s’établira, certainement par une nécessité qui nous dépasse, est basée sur le principe de la colonisation. Et cela est vrai parce que le seul véritable but de ce type de mondialisation est le vol des biens de la majorité des humains au seul bénéfice d’une petite caste de profiteurs sans conscience. Ce fut toujours, sans la moindre exception, le but de tous les colonisateurs.

Cette colonisation mondiale est d’autant plus difficile à comprendre et combattre, qu’elle se situe à la fois en interne et en externe de chaque pays dominateur. Ce qui laisse croire, avec le soutien d’une propagande éhontée, que nul ne peut rien n’y faire, qu’il s’agit d’une crise économique, là où il n’y a qu’esprit de rapine, le plus bas, le plus vulgaire, totalement inacceptable. Nous vivons donc à la fois une colonisation intérieure à nos pays et extérieure. La rapine en elle-même, bien sûr, ne justifie pas à elle seule ce mal immense commis contre la majorité des humains.

Non, il faut aller plus loin pour comprendre... L’argent, dans ces milieux qui se définissent comme naturellement supérieurs, n’est qu’un moyen pour satisfaire un seul objectif : le pouvoir, le pouvoir absolu, le pouvoir abusif et cela, pour satisfaire le moteur d’une extrême puissance chez certains humains, l’orgueil. Même les idéologies meurtrières qu’a connu l’humanité au cours du dernier siècle comme en ce début de siècle, je pense notamment au capitalisme et son excroissance de type cancéreuse qu’est le néolibéralisme et sa forme extrême qu’est l’ultralibéralisme, ne répondent qu’à cette motivation effroyable.

Au nom de l’orgueil et pour le satisfaire, combien de crimes abominables ont été commis et le seront encore... La masse des souffrances humaines est incalculable et n’a de justification, pour l’essentiel qu’au travers de la satisfaction de l’orgueil de ces humains qui s’imaginent supérieurs mais qui sont, en réalité, la lie de l’humanité. Je le dis sans haine, mais avec énormément de tristesse...

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 8 -

dimanche 14 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs, empêchant les peuples d’atteindre l’âge adulte. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral ». (article 2 & 3). L’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, n’a rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) La résistance est légitime puisqu’il s’agit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Si la résistance est légitime, il faut choisir entre la non-violence et la violence. (article 6). Il y a parallélisme entre le colonialisme et la mondialisation financière et marchande. (article 7).

Quelques pièges du pouvoir « père abusif ».

Tous les parents abusifs, père ou mère, usent de toutes sortes de stratagèmes pour conserver le pouvoir sur leur progéniture au travers de phrases sensées la garder prisonnière de la volonté parentale. Voici quelques exemples :
1) Les mérites du parent : Te rends-tu compte de tout ce que j’ai fait pour toi ? - Je me sacrifie pour toi. - Tout ce que je fais, je ne le fais que pour toi. - Tu me dois tout.
2) Le chantage : Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te coupe les vivres. - Tu peux quitter la maison, mais tu ne remets plus les pieds ici.
3) Les reproches : Tu es un incapable ! Tu ne réussiras jamais en rien ! - Tu n’es qu’un égoïste !
4) La culpabilisation : Tu me rends malade ! - Je regrette de t’avoir mis au monde, c’est la pire bêtise que j’ai faite...

Il y a bien sûr une infinité de possibilité. Le but recherché est toujours la culpabilisation de la victime pour ficeler ce fils, cette fille ; tout de suite après ce sont des paroles débordantes d’amour pour mieux jeter le trouble... Lorsqu’il s’agit de garder le pouvoir sur un être, l’ingéniosité est sans limite. Il en va de même pour le pouvoir. A cet égard, le général De Gaulle usait, lui aussi, de phrases semblables, notamment au moment des référendums. Bien entendu, plus l’intérêt qu’on trouve à un pouvoir augmente, plus les méthodes sont dures ou raffinées. C’est souvent, comme pour les parents, un mélange de culpabilisation puis des discours sensés montrer notre grandeur. Les schémas sont identiques.
De l’utilité de la notion de « nationalisme ».

Dans le domaine des subtilités, mais qui sont de véritables grossièretés, les Etats, donc les pouvoirs, depuis toujours et partout, ont inventé et imposé des signes et des notions de ralliement obligatoires pour leurs populations. De cela est né le nationalisme et le patriotisme. De cela ont découlé les drapeaux et les hymnes nationaux. De cela est né le sentiment de supériorité et pour une part au moins, le racisme. Je sais que je vais en choquer plus d’un, mais il faut tout de même que les choses soient dites. Ces points, beaucoup d’autres avant moi les ont également décrits pour les stigmatiser et sans doute mieux que je ne saurais le faire. Mais il est important de les rappeler pour la démonstration que je tente.

Quelle est la valeur des notions de nationalisme et de patriotisme ?

Si l’on peut comprendre que ces notions eurent une utilité dans les temps reculés, au moment où certains bâtissaient des nations toujours plus grandes, l’intérêt personnel des « bâtisseurs » n’était tout de même pas absent, qu’il s’agisse de l’orgueil ou du besoin de fortunes pour assurer leur pouvoir. Par voie de conséquence, cela induisait la spoliation des masses. Les peuples n’auraient pas suivi ces « chefs, princes, rois » sans un puissant moteur agissant comme nos propagandes actuelles. Quel intérêt pouvait donc trouver un fils issu du monde paysan ou citadin, ou leur équivalent il y a deux mille ans et plus, à aller se battre contre d’autres ? Bien sûr, souvent, ils s’enrôlaient volontairement. Mais il fallait tout de même une motivation puissante pour accepter de risquer l’intégrité de son corps ou sa vie. Il y avait, certes, la solde, mais ce n’était pas suffisant. On inventa donc « la gloire du combattant », la beauté des victoires, l’ingéniosité, la grandeur et donc le respect absolu des chefs, et pour finir la supériorité du peuple qu’on asservi pourtant. Que ne dit-on pas pour acheter les foules ? Il y avait aussi, en ces temps, des compensations offertes aux guerriers (cela arrive encore dans nos guerres dites modernes) : Le pillage et les viols...

Pour unifier l’esprit d’un pays, les « princes » de tous les temps ont inventé, puis imposé, peu à peu, l’idée de nation dérivant fatalement sur le nationalisme et le patriotisme. Lorsqu’on y songe, toutes ces notions ne sont que de terribles pièges. Pour que les peuples se laissent manipuler plus facilement, il fallait leur faire croire que leur nation était la plus glorieuse, la plus puissante, qu’elle était « un tout sacré ». Il fallait que chaque individu comprenne et accepte, au besoin par la force, que sa vie n’avait pas d’importance, qu’il devait l’offrir si « la nation » la réclamait. Qu’importaient la famille, la femme, les enfants. Il fallait, au nom de cette abstraction tout sacrifier. Au fil du temps, le nationalisme et le patriotisme se sont transformés en véritables obsessions, en hystérie tragique. Sans ce maudit nationalisme, ce misérable patriotisme, les dernières guerres mondiales n’auraient pu avoir lieu. Des foules immenses d’hommes, de femmes, se sont jetées les unes contre les autres dans d’effroyables carnages alors que les combattants ne se connaissaient pas, alors qu’ils n’avaient rien à se reprocher mutuellement. N’est-ce pas, là, le sommet de la stupidité humaine ? Si, à mon sens, si. Bien entendu, je parle pour l’essentiel des guerres d’agression, comme celle qui se déroule en Irak actuellement. Les données changent lorsqu’on est attaqué. Mais nul besoin du nationalisme et de son folklore criminel pour défendre les siens et toutes les contrées attaquées par des fous ou des voleurs.

Après la dernière guerre mondiale, les rescapés ont tous affirmé que cela ne devait pas se reproduire. Moyennant quoi les pouvoirs glorifièrent leurs soldats, exaltant encore plus le nationalisme le plus souvent trempé dans un racisme glauque. Et les guerres ont repris partout sur la surface du globe...

L’explication est schématique, bien sûr, mais c’est bien le principe de ce qui s’est passé et dont nous ne sommes pas encore débarrassés. Jean Jaurès, qui avait une très grande vision de l’homme, très en avance sur son époque, a tout tenté pour abattre cette folie qu’est la guerre au nom du nationalisme. Cela lui a coûté la vie... Ce fut à la base, l’intuition qui permit de construire l’Internationale. Malheureusement, cette notion magnifique fut rapidement récupérée par d’autres pouvoirs qui n’allaient pas tarder, à leur tour, à devenir dictatoriaux et totalitaires.

Pour mieux enferrer les peuples dans les notions criminelles que sont le nationalisme et le patriotisme, la religion institutionnalisée pesa de tout son poids, chez nous, comme ailleurs. Combien de fois fut prononcée cette injure à Dieu qui affirmait, de chaque côté des exaltés et des fanatiques : « Dieu est avec nous » ! Quand comprendrons-nous, pauvres fous que nous sommes, que si Dieu existe, il est pour tous, intégralement pour tous ! Quand je pense à ces bénédictions d’armes, comme on en a encore vues aux USA récemment, ces armes destinées uniquement à tuer des frères vivants ailleurs, des femmes, des enfants, des vieillards, des hommes, j’ai envie d’hurler de rage tant c’est monstrueux et manipulateur des esprits. Rien que par rapport à ce genre de fait, il est évident que les peuples ne sont pas majeurs, sinon, ils rejetteraient puissamment toutes ces folies qui aboutissent toujours à des actes criminels.
De l’utilité des gadgets que sont les drapeaux et les hymnes nationaux.

Bien des gadgets furent inventés pour enrôler les peuples et les conserver intacts dans les « congélateurs d’idées monstrueuses ». Les drapeaux firent cet office, les hymnes nationaux également.

Tout laisse penser que le pouvoir, en France, à l’exemple des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, prépare les guerres prochaines contre le monde arabe, ces peuples magnifiques. Ils tiennent visiblement à la théorie du « choc des cultures, choc des civilisations » ; beaucoup d’indices montrent qu’ils veulent nous jeter les uns contre les autres. Les plus fanatiques dans le domaine du nationalisme veulent nous imposer, à nouveau, l’esprit nationaliste sectaire. Et pour cela, il faut remettre en vigueur les colifichets qui ont si bien servi dans le passé. C’est ainsi que les députés UMP ont décidé que la « Marseillaise » devait à nouveau être apprise à l’école. Il faut donc, pour ces « élus », enfoncer dans la tête de nos enfants, dès le plus jeune âge, un chant barbare qui veut affirmer notre supériorité, ce chant qui veut que « le sang impure abreuve nos sillons ». Mais pourquoi le peuple entier, debout comme un seul homme, n’ordonne-t-il pas que ce chant d’un autre temps ne soit jeté dans les oubliettes de l’histoire ? Vous rendez-vous compte de la monstruosité de telles paroles ? « Un sang impur » ! Réalisez-vous l’immensité du racisme abject que délivre une telle phrase ? Réalisez-vous la manipulation éhontée qui se pratiquera, lorsque ce chant servira à nous jeter contre nos frères arabes ? Passe encore qu’il ait été écrit il y a plus de deux cents ans pour motiver les soldats de cette époque, mais aujourd’hui, quel recul du mental !

Ce même groupe UMP, de plus en plus extrémiste dans ses décisions et lois, veut imposer à nos maîtres et professeurs d’enseigner « les valeurs de l’œuvre coloniale française » en Afrique du Nord, là où, pour l’essentiel, il n’y avait que mépris, haine, exploitation et crimes. La colonisation comme œuvre civilisatrice ? Non, ce ne fut et ce ne sera toujours qu’œuvre de mort au profit de quelques castes monstrueuses. Mais, réalisez-vous que de telles lois sont faites pour nous préparer, collectivement, à la haine accentuée, toujours accentuée, contre les peuples arabes ? Il est urgent de le comprendre.

Par ailleurs, le même groupe de députés extrémistes veut rétablir la discipline dans les écoles. La discipline, dans de telles bouches, issue de tels cerveaux, ne peut être qu’une discipline du type militaire avec tout l’autoritarisme que cela suppose. Bien sûr, tout cela est enrobé des meilleures intentions du monde... comme toujours... Seulement, il faut se rappeler qu’à la guerre on interdit aux gens de penser, il faut juste qu’ils obéissent aveuglément !
Enfin, le ministre des Armées, issu toujours du même groupe, sous le prétexte de lutter contre le chômage, veut « ouvrir » l’armée aux jeunes afin qu’ils puissent préparer des métiers en son sein. Oh combien une telle mesure est pratique pour disposer de futures « chaires à canon » !

Tout ce qui tourne autour du nationalisme n’est qu’un piège mortel pour les sociétés ; tout cela empêche les peuples de devenir adultes. Sur ces exemples, on peut comprendre combien il est urgent que nous devenions collectivement adultes pour enfin chasser définitivement les monstres naturels que sont la majorité des pouvoirs.

Parce que notre pouvoir veut à nouveau nous soumettre à sa seule loi, je le répète, probablement en vue de prochaines guerres, et l’Iran est « bien » placé dans cette optique criminelle, mais aussi pour mieux nous maintenir en enfance, tout ce que je viens d’écrire me rend passible du Tribunal et de la prison. N’avoir pas plus de respect pour le drapeau que moi, c’est-à-dire considérer qu’il ne s’agit que d’un chiffon parmi d’autres, peut me valoir la même sanction. Et alors ? Etre homme, être adulte, nécessite d’assumer ses actes. Faut-il pour faire avancer l’humanité vers son âge adulte payer le prix de la prison ? Oui, il faut l’accepter car là il ne s’agit plus d’un acte motivé par un intérêt personnel, quel qu’il soit, mais d’un acte en faveur de la vie et de la paix des peuples. C’est le principe du combat non-violent...

Je crois comme quelques autres, que donner sa vie pour soutenir les seuls intérêts de quelques puissants, de quelques pouvoirs abusif, est d’un absurde consommé ; mais donner sa vie, la risquer pour la cause de l’humanité, la fin de toutes les guerres, donc la fin de tous les nationalismes, est la seule cause digne d’un adulte véritable. En fait, lorsque je dis la seule, cela signifie que seules les causes qui font avancer l’humanité entière, c’est-à-dire tous les humains sans exception, sont dignes de l’adulte véritable.
Que sont donc les nationalismes et les patriotismes au regard de l’infini de l’univers ! Une insulte à la sagesse ! Un crachat à la beauté de la vie !
Nationalisme et mondialisation

Trouve-t-on du nationalisme dans la mondialisation financière et marchande. Un premier réflexe me faire dire que non. Mais cela vaut la peine d’y regarder de plus près. L’argent n’a pas d’odeur et l’on peut dire qu’il n’a pas de nationalité... Seulement, une nation a décidé que sa monnaie valait plus que tout autre : l’Amérique. Nous subissons depuis des décennies le diktat du dollar. Et il se trouve que c’est de cette même nation que vient l’essentiel de l’idéologie néolibérale qui écrase l’humanité de ce temps. Nous subissons de plein fouet le nationalisme américain, au travers de sa monnaie, de son idéologie et de son armée. Le rapace dévore tout, veut tout ; lui d’abord et les autres ensuite, s’il reste quelque chose... Toute la destruction sociale actuelle a été entreprise pour redonner son obésité monstrueuses à la finance américaine, qu’elle se trouve aux mains de l’administration, des entreprises, des banques ou de certains individus.

Anti américanisme primaire crieront certains ! Non, constatation de faits vérifiables. Le fait que l’idéologie américaine soit partagée par de nombreux profiteurs sous toutes les latitudes, ne change rien. C’est la nation américaine, aujourd’hui, comme les nations anglaise et française dans le passé, qui domine le monde du haut de sa morgue. Il s’agit donc bien d’un nationalisme exacerbé qui se croit tout permis au nom de son unique grandeur, nation, selon ses chefs, « choisie par Dieu ». Là, nous atteignons le sommet du délire et c’est à partir de ce point qu’on peut être certain que le reste du monde est en danger.

Et comme tout pouvoir abusif, imitant un parent abusif, celui-ci se permet de faire la leçon au reste de monde tout en voulant, par la force, la manipulation et les crimes, imposer à tous les hommes sa façon de penser, sa culture, sa vision, pourtant atroce, du monde. Le reste du monde n’ose pas bouger, n’ose guère se dresser devant ce « père abusif ». Il courbe l’échine et dit oui à tout... L’exacte réaction d’un enfant victime d’un parent abusif...

Hors ligne

#2  03-10-2005 16:05:47

Aragorn
 

Re: LePouvoir:Faut-IlObéirOuRésister?Suite

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 9 -

lundi 15 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs, empêchant les peuples d’atteindre l’âge adulte. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral ». (article 2 & 3). L’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, n’a rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) La résistance est légitime puisqu’il s’agit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Si la résistance est légitime, il faut choisir entre la non-violence et la violence. (article 6). Il y a parallélisme entre le colonialisme et la mondialisation financière et marchande. (article 7). Le nationalisme et toutes ses dérives associées ne sont que des pièges grossiers pour nous maintenir dans la dépendance, donc dans l’enfance des peuples (article 8).

Quels autres pièges ? Une foule...

Lorsqu’il s’agit d’attraper les guêpes dans un piège dont elles ne sortiront pas, on prend un récipient avec du liquide très sucré et l’on construit tout de manière à ce que la bête ne puisse plus s’échapper et meure. Lorsqu’un pouvoir, politique ou financier, veut « attraper » les foules dans un piège solide et incontournable dont elles ne pourront plus se dépêtrer, il construit un piège plus élaboré, faisant appel à tous les ressorts classiques de l’orgueil national, de la flatterie, du chauvinisme de très bas étage.

A notre époque, et depuis plus de trente ans, le sport dit de « haut niveau » est l’un de ces pièges. Il faut avoir baigné soi-même dans l’ambiance d’un match de football pour comprendre ce que veut dire le retour à l’instinct primaire qui conduit à la perte de personnalité propre, mais aussi à la perte de tout sens logique. Lorsque le supporter, même moyen, se trouve plongé dans une foule de trente ou quarante mille personnes devenue hystérique, sauf à être très fort, lui aussi se surprendra à hurler avec tous les braillards. C’est le phénomène d’entraînement des foules, bien connu de tous les manipulateurs.

Il n’y a plus d’individu à ce moment-là, rien qu’une masse chargée à la fois d’enthousiasme, ceci pour le beau côté des choses, mais aussi, et c’est infiniment laid, une masse qui se charge de chauvinisme, un dérivé du nationalisme, de mépris pour l’adversaire vite transformé en ennemi, le tout baignant dans une solide haine. Pourquoi donc s’étonner de l’existence des « hooligans » qu’ils soient Anglais ou de n’importe quelle nationalité ? C’est dans la logique des choses. C’est évidemment grave, tragique même et peut devenir cause de mort d’hommes comme nous l’avons trop vu.
L’exemple des jeux olympiques.

Le même phénomène se répète dans la majorité de ce type de sport amplement télévisé. Les jeux olympiques sont devenus symptomatiques de la dérive. Mais dans ce cas, bien plus que dans le football, on voit à quel point les pouvoirs ont intérêt à ces « messes » païennes débordantes d’argent, d’orgueil et de nationalisme meurtrier sous couvert d’internationalisme.

C’est vrai, j’ai été ravi que Paris n’ait pas obtenu les prochains jeux. Imaginez le déferlement d’auto satisfaction, toujours preuve d’orgueil, des élus appartenant aux formations à vocation majoritaire ? Plus encore que pour la constitution européenne, c’eût été les embrassades, les fêtes communes, donc, au bout, le combat complice contre le peuple qu’une telle opération saigne tragiquement. Imaginez encore le déferlement quasi monstrueux de la publicité, bien avant que les jeux n’aient lieu. Mais imaginez aussi, dans le contexte d’éducation à la peur des foules, le nombre de lois sécuritaires qui auraient pu être votées avec les apparences de la légitimité ou de la nécessité, sous le prétexte de la sécurité des athlètes et des parisiens, le tout avec la bénédiction totalement aveugle des foules béates !

Au-delà, et ce n’est pas un détail, quelle occasion c’eût été pour le monde des affaires en France, s’ajoutant aux profiteurs internationaux, pour agrandir encore considérablement leurs fortunes, donc leur pouvoir sur le pays. Si ces jeux s’étaient déroulés en France, à Paris, il y aurait eu, fatalement, une vaste exploitation des ouvriers, mais qui serait passée inaperçue tant les médias n’auraient parlé que de « performance » pour la construction des « cathédrales » sportives. Nul média n’aurait parlé du saccage écologique, la nature n’ayant plus aucun droit face à la cupidité de certains humains.

De même, sur le sol de France, le « bon peuple » déjà bien martyrisé par des politiques irrespectueuses du droit humain, aurait été invité, pour ne pas dire poussé, à haïr les adversaires forcément présentés comme des ennemis à tuer, à abattre, compétition oblige. Que le « sang impur abreuve nos sillons », même s’il n’est que virtuel... A chaque victoire française nous aurions assisté à un déferlement du délire nationaliste, et à chaque défaite, un déferlement de la même intensité, mais cette fois de haine. Pas un spectateur, pas un de ces « sportifs » confortablement assis, suant sang et eau par transfert de personnalité, n’aurait eu le moindre remord en sachant que nombre de ces sportifs sont des pharmacies à drogues ambulantes ; ils ne sont, dans l’affaire, que les nouveaux gladiateurs offerts à la folie des foules pour la paix des puissants.

Le nationalisme destiné à ligoter les peuples, en temps de paix, se conjugue avec le sport de « haut niveaux ». C’est une autre manière de dresser les pays les uns contre les autres, de maintenir cette pression constante d’une prétendue supériorité nationale. Il faut bien entretenir l’esprit belliqueux des peuples pour les guerres futures...

Le seul monde bénéficiaire dans ces débordements nationalistes, reste le monde financier. Qu’il s’agisse de guerres ou de sports dit d’ « élite » en temps de paix, ce monde-là s’enrichit. Tout cela n’existe que pour alimenter cette bête hideuse, monstrueuse, gourmande en vies humaines.

Vous pensez peut-être que je m’éloigne de l’axe central de mon postulat ? Non, car les motivations de fond, de même que la pratique du pouvoir à ces occasions sportives, sont les mêmes que les pratiques des parents abusifs. Cela se passe juste à une échelle beaucoup plus vaste. Les parents abusifs chercheront toujours à se mêler des occupations des enfants, mais selon leurs plans et non pas selon l’intérêt de ces derniers. Ils s’arrangeront pour « coller » aux désirs de l’enfant de manière à mieux le dominer. Et que leur importe les dérives de leur progéniture, tant que celles-ci demeurent dans le cadre voulu et imposé par eux seuls.
Le pouvoir par l’argent.

L’essentiel du pouvoir, ce qui lui donne sa force, c’est l’argent. Il est pourtant évident que ce pouvoir n’existerait pas si les peuples se comportaient enfin en adultes. L’argent, en lui-même, n’est qu’insignifiant, qui ne l’a pas compris ? Hormis les avares qui reportent toutes leurs capacités d’amour sur ce seul objet, pour tous les autres, l’argent n’est qu’un moyen. Mais là où l’argent n’est qu’une nécessité impérieuse pour simplement assurer le quotidien, ailleurs, il est l’instrument au service du pouvoir donc de l’orgueil. Et, là, c’est la dérive assurée.

Un exemple parmi d’autres dans le grand commerce :

Il est une pratique, en tout cas en France et sans doute aussi dans de nombreux autres pays, qui s’est considérablement développée ces dernières années. Tous les magasins du type supérette, super ou hypermarché, proposent « une carte de fidélité ». A première vue, voici un procédé bien innocent qui, de plus, permet de payer un petit peu, un tout petit peu moins cher certains achats. Mais l’adage populaire ne dit-il pas « qu’il n’y a pas de petites économies » ? Quelquefois, nous ferions mieux de nous méfier de ces adages qui semblent pourtant frappés au coin du bon sens. Il se trouve que la « carte de fidélité » est un piège à plusieurs niveaux, un piège dont la majorité des consommateurs n’a même pas idée.

La face cachée, soigneusement cachée, de cette carte, c’est la surveillance, l’espionnage du client. La carte n’est pas neutre : Elle comporte un numéro, souvent un code barre ou une piste magnétique et l’on peut penser qu’elle comportera bientôt une puce électronique. Ces éléments permettent aux multinationales de la consommation de cibler par quartier, et même par immeuble, les habitudes de consommation de la population. De cette manière, ces marchands peuvent ajuster les lourdes et pénibles campagnes de publicité, influer sur les choix des clients, et imposer, par des promotions, des produits dont les consommateurs n’ont jamais ressenti le besoin. Il s’agit donc, sous les apparences d’une « gentille remise » du « gentil commerçant » d’une vaste et sourde manipulation de chaque consommateur acceptant ce piège.

La face visible du piège, pour autant que le consommateur ait conservé quelques facultés de réflexion, c’est de fidéliser le client, mais surtout de le fidéliser dans l’esprit de consommation abusive. C’est, sans le dire, emprisonner le client dans cet esprit destructeur de la personnalité, de la nature, de la vie au bout du compte. C’est l’établissement et la pérennisation d’un vaste pouvoir, d’autant plus dangereux qu’il est le plus souvent indolore et invisible.

Deuxième exemple, le tabac :

On ne réalise pas suffisamment, toujours par manque d’esprit adulte, de quel poids pèse l’argent dans les mains des esprits dominateurs et abusifs. En tout domaine, lorsque les pouvoirs politiques et financiers veulent imposer leur volonté, ils agiront en premier sur le facteur argent. Voyez comment on dissuade tout un peuple d’acheter telle ou telle chose. Par exemple les cigarettes. Je ne défends pas la fumée en présentant cet exemple (même si je suis fumeur), mais il est symptomatique d’une pratique. Sous un prétexte de santé publique (je parle des politiciens et non pas des médecins engagés dans cette cause) le seul moyen trouvé pour arrêter la tabagie est l’augmentation considérable des prix. Cette augmentation, tragique pour les plus pauvres, une augmentation qui les plonge encore plus dans la misère, n’a guère d’importance ou d’influence pour les plus riches et, de plus, l’argent n’est pas perdu pour tout le monde, ici en l’occurrence l’Etat qui engrange une rentrée financière supplémentaire non négligeable sous forme d’impôt déguisé.

Un pouvoir adulte, puisque le pouvoir ne l’est pas plus que les peuples, aurait choisi une tout autre voie, plus coercitive, certes, mais nécessairement plus juste ; il s’agissait soit d’interdire totalement la fumée dans tout le pays soit, et cela me semble plus intelligent et en même temps plus humain, d’interdire la fumée pour les jeunes de manière à ce que ceux-ci ne commencent jamais. On connaît bien la façon dont s’installe l’habitude, puis le besoin de la fumée : dans les collèges, les lycées et dans un passé récent, à l’armée durant le service militaire...

Troisième exemple : l’agriculture.

Les gouvernements successifs, depuis plus de trente ans, ont soutenu de toute leur force l’agriculture intensive. Je ne dirai pas ici, parce qu’il faudrait plusieurs pages, les méthodes utilisées pour convaincre ou obliger moralement les agriculteurs à passer à l’intensif. Mais cela tenait de la propagande, de la manipulation et même de la corruption passive, voire dans certains cas active, par banque verte interposée. La motivation avancée était d’ordre économique bien plus que pour des nécessités alimentaires en faveur de la population. Cela permettait aussi le développement considérable de l’industrie chimique fabriquant les engrais et les pesticides ; de même, cela permettait l’essor d’une industrie mécanique au travers des tracteurs et autres outils nécessaires pour que ce type d’agriculture soit viable et seulement ce type-là d’agriculture. Les chiffres d’affaires de ces industries liées à l’agriculture ont été, et sont toujours, faramineux.

Mais le monde paysan, lui, paye le prix fort au travers de l’élimination progressive des petites exploitations au seul profit des très grandes structures. Le consommateur, lui aussi, paye le prix fort de cette dérive des pratiques paysannes. Lui, il le paye au prix de sa santé et de plus en plus au prix de sa vie au travers du développement important des cancers liés à l’ingestion des produits chimiques. Et on ne sait même pas encore le prix qu’auront à payer les humains par rapport aux OGM... Et puis, comment oublier la souffrance immense, incalculable, inexcusable des animaux élevés en batterie ; c’est un scandale absolu dont la grande foule se garde bien de prendre véritablement conscience... Tout cela, nous le subissons au seul nom des bénéfices de quelques groupes de profiteurs et de puissants...

De nombreux consommateurs réagissent depuis quelques années, en privilégiant l’alimentation bio. Cependant, ce type d’alimentation reste très onéreux pour des budgets modestes. Hasard ? Nécessité ? Non ! Il y a plus de pertes, c’est vrai et cela exige une compensation pour les agriculteurs et éleveurs qui ont choisi cette voie. Mais, ce qu’on ignore généralement, c’est que l’Etat, et derrière lui sans aucun doute les lobbies agro-marchands, impose une taxe très lourde pour l’obtention du simple label bio... C’est à tel point que certains professionnels font du bio tout en renonçant à obtenir le label en question. Mais bien sûr, ils ne pourront s’en prévaloir dans les lieux de vente et perdront nombre de débouchés. Voilà comment on cherche, lorsqu’on possède le pouvoir abusif, à détruire une solution d’avenir qui contrecarre les ambitions délirantes de quelques puissants... La rapacité des divers acteurs de la consommation alimentaire est telle, que peu à peu, le bio, au moins dans les Bio-Coop, commence à être compétitif, même pour les budgets modestes. Cela en raison de l’augmentation constante des prix dans les chaînes alimentaires et non pas à cause des producteurs. Cependant, je tiens le pari que le pouvoir finira par taxer de plus en plus lourdement la filière bio pour satisfaire les lobbies et nous contraindre, par l’argent, à consommer les produits de l’agriculture intensive, animaux martyrisés y compris...

Il y a, bien sûr, une foule d’autres exemples, mais ces deux cas, vous montrent les méthodes du pouvoir. Il serait bon que les peuples ouvrent les yeux, non ?

Si l’on comprend bien ce que je veux dire au travers de cette nouvelle partie de l’analyse générale sur le pouvoir, on concevra facilement qu’il faut, pour que les peuples deviennent adultes que nous trouvions une ou des solutions de rechange concernant l’argent. C’est l’argent, après la force physique dans le passé, qui fait ou défait le pouvoir abusif.

Ce qu’il faut comprendre en attendant d’avoir trouvé des solutions de rechange :

Le pouvoir profitant de l’esprit encore trop infantile des peuples, use du moyen procuré par l’argent pour nous acheter. Tant qu’une majorité d’humain accordera une importance majeure, concevra l’argent comme une « valeur », nous tous, nous resterons esclaves des pouvoirs. Les pouvoirs cupides profitent de notre propre cupidité...

Nous pouvons, si nous le voulons, si nous avons développé notre conscience, à défaut de nous passer de l’argent, le remettre à sa place, c’est-à-dire le chasser en tant que « valeur » pour le maintenir tout en bas de la liste des utilités. Il faut juste avoir le courage de le passer du rang de « dieu » au rang de poussière utile.

Pour y parvenir, il faut bien sûr abandonner tout esprit de consommation. Ce sera l’objet de la suite de l’analyse...
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 10 -

mardi 16 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

Postulat : Les pouvoirs se comportent comme des parents abusifs, empêchant les peuples d’atteindre l’âge adulte. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit, ils ne le sont pas par rapport au « droit moral ». (article 2 & 3). L’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, n’a rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) La résistance est légitime puisqu’il s’agit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Si la résistance est légitime, il faut choisir entre la non-violence et la violence. (article 6). Il y a parallélisme entre le colonialisme et la mondialisation financière et marchande. (article 7). Le nationalisme et ses dérives ne sont que des pièges grossiers pour nous maintenir dans la dépendance (article 8). Pour devenir adultes, nous devons considérer l’argent à sa juste place ; ce n’est pas une valeur, juste un outil à placer tout en bas. (article 9).

« L’esprit de consommation », assassin de la conscience.

Au cours de l’histoire humaine, sans doute, les pouvoirs n’avaient-ils pas trouvé une arme plus efficace pour asservir les peuples que la consommation et surtout « l’esprit de consommation ». Toutes mes observations m’ont toujours amené à constater que le pouvoir est lié aux choses de l’esprit, qu’il soit bon ou mauvais, que l’âge adulte ou immature qu’on nous impose est lui aussi lié à l’esprit, à ses qualités ou à ses défauts. C’est notamment pour cela que je crois, sans le moindre doute possible, à la supériorité de l’esprit sur la force physique. Cela signifie, qu’en dépit de toute l’imagination dont pouvaient faire preuve les pouvoirs du passé, la perversion de l’esprit n’avait pas encore été établie à un tel niveau. Ceci est particulièrement inquiétant pour notre temps. En comparaison de « l’esprit de consommation » qui semble pourtant tellement innocent, les débordements d’imagination du passé ne sont guère que des bricoles, meurtrières, certes, mais rien d’autre et je pense aussi bien aux nationalismes avec leurs folklores, drapeaux et hymnes, qu’à l’argent, qu’aux menaces de toutes sortes, et aux religions sous forme d’Institutions... Les pressions du passé, le plus souvent, se faisaient sous une menace plus ou moins claire, plus ou moins féroce.

Tout change et radicalement avec la consommation et son esprit. Avant d’entrer dans l’analyse de ce qu’est la consommation, pour rester en lien avec le postulat du « pouvoir père abusif », il faut se rappeler qu’un parent abusif, s’il est souvent menaçant, aime mieux encore, au regard de l’efficacité, « acheter » sa progéniture par les sentiments et surtout les biens matériels, en offrant à ses enfants tout ce qu’ils désirent et même ce qu’ils ne demandent pas, donc en agissant sur l’instinct.

Pourquoi la consommation et son esprit, sont-ils un danger mortel ?

Dans le fond, j’hésite à parler de consommation, parce que cette notion prête à confusion. Tout le monde consomme : c’est une nécessité vitale dès lors que « consommation » signifie se nourrir, s’habiller, se loger. Et je crois que les stratèges de l’idéologie néolibérale jouent de la confusion qu’apporte automatiquement ce mot de « consommation ». Qu’y a-t-il de plus naturel que de s’alimenter, se vêtir ou se loger ? Quelle notion de danger pourrait donc se nicher dans cette consommation si naturelle ?

Pour percevoir la réalité d’un danger, il faut nécessairement chercher sa source, sa cause, et pas seulement ses effets. La consommation, comme idéologie, est extrêmement dangereuse par l’esprit qu’elle induit, donc par son propre esprit. Que dit-il ? Comment le vivons-nous, souvent d’ailleurs de façon inconsciente ?

Dit abruptement, voici ce que dicte « l’esprit de consommation » : « Tout est licite dès que tu en ressens l’envie ! », « Tout t’es dû tout de suite, si tel est ton désir ! », « Ne t’occupe pas des autres, c’est toi, et toi seul au travers de tes envies qui a raison et qui compte ! » En filigrane, faisant appel à d’autres dogmes de l’idéologie dominante, l’esprit de consommation ajoute : « Tout n’est que compétition, seuls les plus forts gagnent ! C’est la morale nouvelle, la morale indépassable ! » sous-entendu, « Tant pis pour les perdants ! ». La philosophie finale ordonne en flattant : « Tu es le meilleur, le plus fort, alors profite, c’est légitime ! » Cette philosophie parfaitement perverse a d’ores et déjà provoqué des ravages dans les pays riches...

Si l’on ne comprend pas à quoi s’attaque cet esprit profondément perverti, on reste sans arme devant de tels arguments, parce qu’ils vont dans le sens de nos instincts, donc jusqu’au plus profond de nos racines les plus anciennes, les plus animales. J’ignore s’il existe un plan monté par une sorte de « gouvernement mondial » des égoïsmes. Et à la limite, cela n’a pas d’importance. Mais, ce qui me semble certain, c’est que nombre d’esprits ne songeant qu’à leurs intérêts, tous liés à la domination et au pouvoir abusif, se sont, consciemment ou inconsciemment, ligués pour construire, pierre après pierre, le mur opaque et ténébreux chargé de dérouter nos consciences. Le résultat est dramatique au vu de l’anéantissement de la conscience personnelle du plus grand nombre dans les pays riches. Et c’est encore plus tragique lorsqu’on songe que les pauvres, ici comme ailleurs, dans les pays sous-développés, si l’on songe que cette immense foule n’espère et n’aspire qu’à une chose : Imiter nos dérives, profiter, elle aussi, de nos paradis artificiels et meurtriers. C’est pourtant exactement l’inverse du sens de la vie ; c’est la face ténébreuse de ce que nous sommes appelés à devenir, ce dont nous sommes potentiellement capables de devenir.

Quand les humains comprendront-ils qu’ils ont tout de même plus de valeur qu’un simple ventre ? Nous ne pouvons pas nous réduire à n’être que de « simples machines à consommer » !

Tout le processus de l’esprit de consommation n’a qu’un but, concernant la manipulation des humains : Endormir, ou mieux, tuer la conscience. Il faut bien comprendre, c’est essentiel, cette distinction entre l’humain et le reste du monde animal. Jusqu’à preuve du contraire, le groupe humain est le seul qui soit doté d’une conscience indépendante, mais aussi d’une conscience collective. Ceci, les promoteurs du système, à tous les échelons, l’ont bien compris et pour cause, il suffisait qu’ils s’analysent eux-mêmes. Que nous le voulions ou non, « construits » sur le même principe de base, nos réactions à défaut d’être identiques (surtout en raison de l’interférence culturelle), sont semblables, ce qui permet d’extrapoler.

Consciemment ou non, je le répète, puisque je ne peux pas affirmer sans preuve qu’il y a eu « complot », tout le système qui s’est mis en place consistait et consiste toujours à détruire, parallèlement, la conscience collective et la conscience individuelle. J’entends par « conscience collective » notamment le syndicalisme qui en était une très forte émanation. C’était aussi la conscience générale par rapport au sens de la Justice, du droit, du social. Cette conscience collective est la résultante des consciences individuelles. En détruisant, très vite, le droit syndical, Margareth Thatcher savait très bien ce qu’elle faisait, de même que Ronald Reggan. La consommation, elle, avait déjà commencé depuis quelques années à démolir la conscience individuelle. Bien entendu, d’autres facteurs intervenaient encore, comme le chômage que les pouvoirs provoquaient volontairement pour mieux briser les mouvements syndicaux mais également pour exercer un chantage permanent sur les salariés. Il a fallu, pour que tout cela tienne la route, que soit amenuisé le plus possible l’esprit collectif, fait de diverses solidarités, en faisant la promotion de l’individualisme qui n’est jamais qu’un synonyme un peu plus élégant de l’égoïsme personnel. Tout se tient...

Comment l’esprit de consommation agit sur notre conscience ?

C’est assez simple si on comprend, un peu au moins, le fonctionnement humain. Quelque chose en nous, que nous appelons conscience, nous fait comprendre que telle ou telle chose est bonne ou mauvaise dans ses conséquence ou son esprit. Il y a une part culturelle, sociale ou religieuse, mais il y a une part plus mystérieuse qui échappe à la logique uniquement humaine. C’est ce qu’on pourrait nommer, avec beaucoup de prudence tout de même, « la morale naturelle », celle qui s’impose à nous en-dehors des critères culturels. On entre, bien sûr, dans le domaine de la spiritualité, domaine qui en passionne beaucoup et en rebute au moins autant. Le débat, cela dit, ne se situe pas là...

Si l’on observe bien, très froidement, je dirais presque « scientifiquement » comment agit l’esprit de consommation en nous, avec bien sûr comme support essentiel toute la pollution produite par la publicité dont c’est le seul véritable but, on réalise très vite qu’elle s’attaque violemment à nos consciences. Cet esprit particulier cherche, par chaque partie de notre personnalité qu’il attaque, à nous affaiblir dans notre volonté de résister aux frustrations. Or, il faut bien le réaliser, ce sont les frustrations qui permettent de construire des adultes et pas autre chose. La satisfaction d’un instinct, hormis la poignée d’entre eux qui sont nécessaires à notre survie, comme respirer, manger, boire, etc, n’a jamais fait grandir l’esprit ou la conscience de quiconque. C’est la capacité de résister aux envies qui permet à l’enfant de devenir adulte en ce sens qui rien dans la vie ne peut se faire sans efforts. Il s’agit donc, au travers de l’esprit de consommation, d’inverser cette valeur, de faire croire que seule la satisfaction de toutes nos envies nous construit, qu’elle seule nous permet « d’être quelqu’un qui compte ».

Voyez le raccourci qui nous est imposé par l’esprit de consommation :
- Premier dogme : « Etre » sans « avoir » revient à ne pas « être ».
- Deuxième dogme : « Avoir », sans « être » n’a pas d’importance, parce que « l’avoir » permet de briller, donc, « d’être » aux yeux des autres.

Il s’agit bien, selon l’idéologie, de faire « semblant d’être » mais surtout pas « d’être » ! D’où l’importance, dans le type de société qui nous est imposé, de l’apparence et jamais de la réalité. D’où aussi cette facilité, à tous les niveaux, mais particulièrement dans les allées des divers pouvoirs, de mentir. Le mensonge est devenu l’art de gouverner plus que jamais au cours de l’histoire passée. Plus exactement, si nous comprenons que l’astuce principale de l’idéologie est d’inverser systématiquement le sens des choses : l’art de gouverner est devenu l’art du mensonge le plus vraisemblable.

Ramener les peuples sur la seule valeur de « l’avoir », a pour conséquence de nous ramener, que nous le voulions ou non, à nos attitudes, ou plutôt, aux attitudes de nos très lointains ancêtres des temps préhistoriques. Sans nul doute, à ces époques de dangers constants, l’avoir était-il plus vital que l’être. Je m’avance un peu, certes, mais c’est tout de même probable. Pour que nous ayons « l’amour de l’avoir et le mépris de l’être », il fallait jouer sur la satisfaction exclusive de nos instincts. Cette nécessité de nous ramener, pour l’essentiel, au niveau instinctif, donc très proches des animaux, impose des politiques de destructions à multi niveaux.

Dans les écoles, la priorité est de détruire tout esprit critique ; il s’agit au travers de l’excuse d’un « socle commun » d’éradiquer la philosophie, les arts, l’histoire, toutes ces choses majeures qui forment les esprits adultes. Les autres connaissances, de ce point de vue-là, ne pèsent pas lourd dans la construction de cette qualité d’esprit. Compte tenu de l’évolution des cent cinquante ans qui viennent de passer, il est difficile à un pouvoir, politique ou financier, de fermer les écoles, mais rien ne l’empêche de détruire la valeur du contenu de l’enseignement et de transformer nos enfants en « machines spécialisées » au seul usage et bénéfice des entreprises. Ces pouvoirs abusifs gagnent sur tous les tableaux :
- L’ignorant ne se révolte pas, par définition ;
- L’ignorant fait ce qu’on lui ordonne, n’étant pas capable de juger ;
- L’ignorant ira se faire tuer dans n’importe quelle guerre et encore en chantant ;
- Il acceptera n’importe quelle politique de destruction sociale ;
- L’ignorant, surtout, ne sera jamais un rival des « possédants du pouvoir » ni un concurrent crédible par rapport aux fortunes à amasser. Il se contentera de sa nourriture, ne réalisant même pas qu’il vit comme un animal.

Là se trouve la signification de la destruction de la culture populaire, je veux dire par là, de l’impossibilité d’accéder, par l’argent que cela coûte, à la culture ; c’est aussi la raison pour laquelle tout sera fait pour éliminer la notion de respect de la vie, de respect de toutes les formes de vie. Et cela va très loin : Ne plus avoir la notion de respect de la nature, induit, même par l’inconscient, qu’il n’est pas important de respecter la flore, que les animaux ne méritent pas de respect, et on le voit tous les jours dans les élevages intensifs, à la chasse ou même dans nos rues... Ne plus respecter les animaux a pour corollaire de nous pousser à ne plus respecter les vies décrétées « inutiles », les malades, les faibles, et enfin les pauvres. Tout cela est induit par l’esprit de consommation. Réfléchissez, tournez le problème comme vous voulez, vous aurez toutes les chances de tomber sur la même conclusion que la mienne. Comprenez le cheminement de cette destruction et vous aurez tout compris...

Comprenez aussi que par le processus de la consommation et de son esprit ravageur, il n’est même plus question de maintenir les peuples dans un esprit adolescent, mais bien de les ramener à un esprit de bambin... Le bambin est sans défense, songez-y...

Comprenez aussi, pendant qu’il en est encore temps, qu’il fallait que les pouvoirs orgueilleux jusqu’à la folie arrivent à ce niveau de dérive et de perversité pour que leur domination soit totale, totalitaire et sans retour possible parce qu’il reste incompréhensible dans son mécanisme pervers pour la majorité des humains qui se contentent de l’avoir plutôt que d’être.

Nous laisserons-nous faire alors que nous avons tout, devant nous, pour comprendre qu’un tel système ne peut que mener l’humanité à sa fin ? Avons-nous tout oublié pour comprendre ce qui pourtant est élémentaire ? Qui détient le véritable pouvoir dans une société dominée par l’esprit de consommation ? Les pouvoirs, sans nul doute, tant que nous n’avons pas le courage de réfléchir, de remettre en cause nos modes de vie, nos habitudes et les facilités qui leurs sont liées.

Pourtant, oh combien il est facile de comprendre une chose : Le système tiendra et se renforcera uniquement tant que nous jouerons son jeu, tant que nous accepterons de satisfaire nos instincts, tant que ceci restera notre sens de vie. Mais si nous comprenons, en masse, qu’il s’agit d’un non-sens suicidaire, alors, rassemblons-nous et brisons l’esprit de consommation. Apprenons à nous contenter de ce dont nous avons besoin et, pour le reste, faisons « la grève de la consommation ». Si nous sommes des millions à comprendre cela, nulle sirène du pouvoir ne pourra nous tromper par de nouveaux mensonges. Surtout, s’il est un point sur lequel je veux insister c’est celui-ci : Aucun pouvoir, jamais, ne pourra nous obliger à consommer ! C’est radical, le système n’y survivra pas, je vous en fais le pari.

Hors ligne

#3  03-10-2005 16:08:50

Aragorn
 

Re: LePouvoir:Faut-IlObéirOuRésister?Suite

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 11 -

mercredi 17 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

Postulat : Les pouvoirs se comportent comme des parents abusifs, empêchant les peuples d’atteindre l’âge adulte. (article 1). Si les pouvoirs ne sont pas légitimes au regard du « droit moral » (article 2 & 3). L’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays (article 4). La résistance est légitime pour retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Résistance : Non-violence ou violence ? (article 6). Colonialisme et mondialisation financière et marchande (article 7). Le nationalisme et ses dérives sont des pièges grossiers (article 8). L’argent : ce n’est pas une valeur, juste un outil à placer tout en bas. (article 9). La régression humaine est inscrite dans l’esprit de consommation (article 10).

Les outils de la manipulation de masse.

Pour nous piéger dans l’esprit de la consommation, il fallait nécessairement créer des outils efficaces. Si l’on pense, même sur le long terme, à la manipulation des foules par le pouvoir, à l’exemple de ce que font les parents abusifs, on peut analyser les événements de ces presque quatre dernières décennies de la manière suivante :
Si on considère la situation de la France, valable à des détails près dans la plupart des pays riches, de la fin de la guerre à 1968, le pouvoir, comment en douter, comment analyser autrement, même si, ici ou là, il y eut des nuances, agissait en « parent abusif » essentiellement autoritaire. Il n’écoutait la population que de très loin, lorsqu’il se donnait la peine de l’écouter. Il arrive pourtant, dans la vie d’un fils ou d’une fille soumis à la possessivité d’un parent, que cette pression chargée d’autoritarisme et de morale d’ordre religieux l’étouffe. C’est l’explosion inévitable. Sans doute est-ce ce qui explique les événements de mai 68, même s’il faut y ajouter bien d’autres motivations.

Il fallait donc « lâcher du lest ». Le pouvoir religieux, très vite, perdit son autorité parce que le pouvoir politique, pour récupérer l’obéissance populaire, pour acheter la soumission, ferma les yeux sur les mœurs qui se libérèrent très vite et laissa s’installer la consommation de masse, abusive et destructrice de la conscience. Devant le retour des instincts, la religion ne pouvait guère lutter. De plus, l’Eglise catholique, très autoritaire et ultra dogmatique d’avant 1960 connu, sous l’impulsion de Jean XXIII, sa propre remise en cause. Cette période de liberté intense, mais de liberté qui ne servait essentiellement que le retour à l’instinct, fut l’occasion d’une remise en cause de presque tout. Le pouvoir y perdit « l’autorité » qu’il considérait devoir être la sienne, d’autant plus que sous l’effet d’un partage des richesses un tout petit peu plus équitable, la fortune des plus riches n’augmentait plus aussi vite pendant que le niveau de vie des plus modestes s’améliorait. Une tendance au sentiment d’égalitarisme s’installait.

La frustration des puissants devint, sans aucun doute, de plus en plus lourde. Leur inquiétude probablement aussi. Par idéologie ancestrale, non écrite mais parfaitement assimilée, ils étaient et sont toujours persuadés que la fortune donne et assure le pouvoir, à la condition toutefois que les peuples ne deviennent pas adultes. Le partage des richesses produites, outre la puissante frustration qu’il induit chez les puissants, fut, à n’en pas douter, ressenti comme un danger réel de perte de pouvoir, de perte d’influence. Ces gens, en rien, ne sont « partageurs » ; ni en termes de pouvoir, ni en termes de droits, ni en termes de richesses, financières comme culturelles. Il fallait donc « resserrer la vis » au plus vite.

On sait que depuis la fin de la guerre, quelques philosophes, économistes et intellectuels de la droite américaine, même si Hayek à la base de ce mouvement n’était pas américain, cherchaient à développer et pérenniser le libéralisme (voir le « Grand bond en arrière » de Serge Halimi). Au fil des années et des masses de dollars versés aux « boîtes à idées » américaines, ils ont bâti ce que nous nommons aujourd’hui le néolibéralisme qui a déjà dérivé, notamment dans les cercles du pouvoir américain, en ultralibéralisme à la mentalité désastreuse.

Ronald Reggan et Margareth Thatcher furent les politiciens malheureux qui lancèrent l’idéologie, économique et philosophique, très meurtrière qui allait s’abattre sur le monde. Le tour de vis fut d’abord, et comme toujours, d’ordre financier. En instituant, sans le dire néanmoins, le chômage de masse, un acte que nulle morale ne peut défendre, les idéologues puissamment aidés par les politiciens et bien sûr par le monde de la finance, avaient trouvé l’arme la plus violente contre l’égalitarisme qui commençait à imprégner les esprits de la « populace ».

Le chômeur devint la cible de toutes les attaques en très peu d’années. C’est sur ce point précis qu’on peut le mieux mesurer l’immensité de la perversité mentale et intellectuelle de ceux qui ont conçu cette idéologie, mais également de ceux, côté politicien, qui l’ont appliquée et imposée et qui la poursuivent aujourd’hui en tentant d’en accélérer encore le rythme. Non seulement, par diverses mesures économiques, ces dirigeants politiques, financiers et industriels ont créé de toutes pièces le chômage, mais de plus ils ont bâti toute une propagande insinuant que le chômeur ne veut pas travailler, donc qu’il est seul coupable de sa déplorable situation. Ma douleur, et celle de beaucoup d’autres observateurs, est de constater à quel point cette propagande est écoutée et crue par une large part de la population française... Ne me dites pas, après un tel constat, que le peuple est adulte !
Les outils de la manipulation.

Ce genre de perversité ne pourrait pas s’étendre au sein des populations si la propagande ne disposait pas de moyens puissants. Pour disposer des moyens de la manipulation, il fallait financiariser, par conséquent s’attacher les médias, télé, radio et presse.

Tout est complexe, plus complexe que je ne l’explique ici. Je cherche juste à montrer l’esprit des actes au travers de quelques exemples. Afin d’établir le régime le plus totalitaire qui n’ait jamais existé, mais totalitaire pour l’instant uniquement au niveau des idées et des dominations du pouvoir financier peu visible pour le commun des mortels, les idéologues ont travaillé dans toutes les directions imaginables. L’axe principal fut d’imposer, par la force des lois qu’ils faisaient voter, que tout était désormais marchandise ; les biens, cela va de soi, mais aussi la vie, toutes les vies et toutes les composantes qui forment la terre. Outre le fait que c’était un moyen vertigineux d’établir des bénéfices jamais connus jusque-là, cela leur permis aussi de prendre l’un des pouvoirs essentiels, l’information. Les libéraux américains, cons et néocons (comme ils s’appellent eux-mêmes), n’ont jamais dû digérer le camouflet gigantesque infligé à Richard Nixon par la presse ou alors, ils l’ont grandement admiré.

Ils ne pouvaient, à partir de là, que museler la presse ou l’acheter, et dans la foulée tous les médias. La museler eut été difficile puisque l’un des postulats du néolibéralisme pose que les apparences de la démocratie doivent toujours être sauvegardées. Acheter la presse fut autrement plus facile et longtemps, en effet, les populations ne se rendirent pas compte que les médias se transformaient pour devenir et ne demeurer que des caisses de résonance de l’idéologie et des intérêts des puissants. Parce que ce changement ne fut compréhensible que peu à peu, la propagande eut le temps de provoquer d’immenses dégâts dans l’esprit des lecteurs comme des téléspectateurs. Avez-vous remarqué, parlant de la presse, combien sont rares aujourd’hui, les quotidiens nationaux et même régionaux, de même que les magazines qui ne comportent par leurs pages économiques, leurs cahiers économiques, les colonnes consacrées à la bourse dont pas un lecteur sur dix n’y trouve le moindre intérêt ? C’est l’empreinte visible du pouvoir financier sur nos médias écrits.

Si à la télévision la partie économique n’est pas absente, l’effort est surtout mis sur la publicité, à l’exemple d’ailleurs de ce qui se passe dans nos rues ; pour que le piège se referme bien sur nous, il fallait que nos esprits subissent la tyrannie de la publicité, partout et à tout instant. C’est, à un degré moindre, le principe du lavage de cerveau. Sans cesse notre cerveau doit être soumis au désir d’acheter, à la frustration et aux moqueries si nous voulons résister. Pour un résistant anti-pub, mille passants au moins « mangeront » et « digéreront » dans le sens voulu, le message publicitaire, sa face visible. Plus vicieux, ils avaleront aussi, et sans le réaliser, le message en forme de non-dit, celui-là même dont la fonction est de nous rendre esclaves du système. Celui-ci fonctionne sur le mode du message subliminal, interdit, en théorie, mais bel et bien pratiqué par la publicité.

L’information, elle, n’a plus de valeur pour plusieurs raisons. Il faut comprendre qu’à partir du moment où quelque chose tombe dans le domaine de la « marchandisation mondiale », et c’est le cas de l’information, parce que c’est devenu une marchandise, est forcément dévalorisée. Le client en veut pour son argent ; que ce client soit le pouvoir politique, financier ou encore industriel, parce que l’info est une marchandise hautement rémunérée, elle sera transformée avant livraison au public ; soit amenuisée, soit ignorée, le plus souvent tronquée, sortie de son contexte, elle sera présentée sous l’une de ces formes en fonction des effets cherchés et attendus, selon la manipulation commandée par le client. Une même info peut devenir inquiétante, plaisante, intéressante ou dénuée de tout intérêt selon la façon dont elle sera servie, à l’exemple d’un menu qui, pour les mêmes ingrédients, sera fade, succulent ou carrément mauvais selon le cuisinier. Sauf que dans le cas des infos, tout cela est pratiqué pour manipuler le téléspectateur.
L’esprit de mort

Les pouvoirs, notamment économiques, usent de bien d’autres outils pour banaliser le sens de la vie, opération nécessaire pour établir leur totalitarisme de pensée. Voyez comme la vie coule à profusion sur terre, voyez comme elle est diversité, beauté enthousiasmante ou époustouflante. Admirer ces merveilles naturelles, montagnes, mers, océans, forêts ou déserts, admirer la vie sous ses multiples formes, donne à rêver, à penser à l’infini et, souvent comme par détours, nous permet de songer au mystère qu’est la vie. Il arrive qu’une spiritualité endormie se réveille devant tant de grandeur naturelle... Comment des « marchands » au sens de la mondialisation pourraient-ils comprendre de tels élans d’âme, eux qui veulent que les peuples soient sans âme, sans état d’âme, en fait qui voudraient que les peuples soient à leur image : froids, calculateurs, avides de désirs pour acheter, acheter et encore acheter...

Comment feraient-ils de nous des consommateurs du « tout marchand », pour l’éternité, si nous avons la mauvaise idée d’admirer, dans son sens et même au-delà, ce qui ne doit rien à la main ou à l’intelligence humaine ? Des esprits qui s’élèvent ne seront jamais des ventres qui consomment !

Pourquoi croyez-vous que, où que vous alliez dans le monde, si vous entrez dans un Mc Do, dans une chaîne hôtelière, dans une chaîne d’hypermarché, vous trouverez tout à l’identique sous toutes les latitudes, pays et cultures ? Pour la rentabilité, bien sûr, mais pas seulement. L’idéologie marchande, responsable de l’esprit de consommation, ne peut pas plus admettre la diversité que la beauté. Mécaniquement, elle cherche l’uniformité ; je crois que, même si les idéologues bâtisseurs de cette infamie qu’est le système actuel, ne l’ont pas réalisé eux-mêmes, leur principe est un principe de mort. Autrement dit, tout ce qui explose de vie, qui atteste de la beauté de la vie, de son mystère, ils doivent l’éradiquer afin de faire de nous tous, des êtres sans âmes, des robots dociles, conçus uniquement pour la réalisation de leurs ambitions, fortunes et pouvoirs. L’uniformisation de tout, recherchée de façon frénétique est la négation de la vie, puisqu’elle est la négation de la diversité. Cette idéologie est un non-sens effrayant par rapport à ce qu’est la vie. Elle est l’exact contraire de ce que doit être la vie. C’est une idéologie qui porte en elle le germe de la mort de l’humanité. Voulant faire de la vie une marchandise, elle n’aime pas la vie ; elle en tue le sens, elle finira par tuer la vie elle-même...

Je ne cherche pas à faire peur, je dis juste comment je ressens tout cela et c’est plus effrayant qu’autre chose. Je perçois vraiment un mal intrinsèque dans tout ce qu’on nous impose partout. Pour mieux nous achever, sans doute par peur de notre résistance qui commence à se faire ressentir partout dans le monde, de plus en plus ils tentent de mélanger les vieilles recettes avec leurs dogmes récents. Nous assistons, en effet, au retour des nationalismes ; à l’encouragement du racisme, sans doute pour favoriser le choc des civilisations ; au retour de l’exaltation du militarisme ; au retour de l’ordre par police brutale interposée ; au retour des pouvoirs dits forts, soi disant à notre demande ; tout en conservant les vieilles breloques comme la Légion d’Honneur surtout donnée actuellement à une grande masse d’industriels ou de banquiers ; et même, si l’on écoute GW Bush, Nicolas Sarkozy et quelques autres exaltés, ils vont nous imposer le retour de la religion dans sa forme la plus exécrable, qui, elle, sous cette forme, est l’inverse de tout ce que nous enseigne la spiritualité...
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 12 -

jeudi 18 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

Postulat : Les pouvoirs se comportent comme des parents abusifs, empêchant les peuples d’atteindre l’âge adulte. (article 1). Si les pouvoirs ne sont pas légitimes au regard du « droit moral » (article 2 & 3). L’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays (article 4). La résistance est légitime pour retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Résistance : Non-violence ou violence ? (article 6). Colonialisme et mondialisation financière et marchande (article 7). Le nationalisme et ses dérives sont des pièges grossiers (article 8). L’argent : ce n’est pas une valeur, juste un outil à placer tout en bas. (article 9). La régression humaine est inscrite dans l’esprit de consommation (article 10). Toutes sortes d’outils sont utilisés pour assurer notre dépendance envers les pouvoirs (article 11).

Sur l’obéissance aux lois

La loi ! Voilà bien un mot, un concept, qui définit l’importance que s’arrogent tous les pouvoirs. Pour autant, ici, vous ne me verrez pas remettre en cause le principe même des lois, du moins, dans l’état actuel du développement mental des peuples. Je reste profondément convaincu, que nous n’avons pas atteint « l’âge adulte » des sociétés, et pas même celui de la majorité des individus. Je me range dans cette même catégorie, conscient de mes très nombreuses limites...

Je vous ai dit, dans les premiers articles ce que je pense de notre évolution et surtout quelles sont les causes, externes à nous-mêmes, qui nous empêchent d’aller vers cet âge adulte... Dans le contexte de la domination des pouvoirs sur les peuples comme les individus, « la loi » n’est que l’arme qui garantit et pérennise le pouvoir des puissants. Cela fut toujours vrai, c’est encore notre réalité, et cela sera vrai aussi longtemps que nous n’aurons pas pu, pas su ou pas voulu nous émanciper des pouvoirs comme tout peuple adulte le ferait.

Il faut comprendre qu’il y a deux sortes de lois. Les lois qui régissent nos relations aux autres, qui garantissent un minimum de vie sociale possible, compte tenu de la sauvagerie naturelle attachée à nos désirs et débordements instinctifs d’origine. A côté de ces lois que j’appellerais des « lois relationnelles de base », il y a les lois conçues et écrites par et pour les pouvoirs. Celles-ci, je les nommerai des « loi de castes ». Elles n’ont pas les mêmes fonctions et n’ont pas pour dessein de protéger le commun des mortels, mais bien les pouvoirs, tous les pouvoirs, donc la caste qui se considère supérieure à tout individu appartenant au peuple.

Voyez, là encore, la similitude d’attitude entre les parents dominants et les pouvoirs abusifs. Une loi qui est faite pour le bien commun s’applique à tous, du haut en bas de l’échelle sociale. Or, si vous, en tant qu’individu vous pouvez être poursuivi au motif tant des « lois relationnelles de base » qu’au titre des « lois de castes », lorsque vous résistez aux abus du pouvoir, les individus appartenant à ces castes seront rarement poursuivis et encore moins condamnés au titre des « lois relationnelles de base ». De même, quel enfant d’un parent abusif n’est-il pas soumis à toutes les lois du parent, pendant que ce dernier ne se sentira pas du tout concerné par nombre de règles qu’il impose pourtant à sa descendance ? Vous voyez sans doute le parallèle que je veux faire, il me semble évident... C’est l’équivalent du fameux : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! »
La loi comme prison des peuples et des humains.

Le principe même des lois empêche l’homme de grandir. Pour moi, c’est une évidence absolue. Saint Paul, fort détesté aujourd’hui, présenté comme le destructeur des actes et paroles du Christ, ne disait pas que des bêtises. A l’égard des lois, en l’occurrence de la loi des Pharisiens et autres pouvoirs religieux de l’Israël d’alors, parlant de la parole du Christ, il disait (je donne le sens, je ne cite pas) que le Christ était venu abolir la Loi parce que la Loi rendait les hommes esclaves. Sous-entendu, c’est l’Amour, tel que le Christ l’a vécu et enseigné, qui délivre les hommes en les délivrant de « la Loi ».

Or si l’on sort un peu des disputes stériles de notre époque et surtout de la confusion entre les religions instituées et la spiritualité, comment ne pas comprendre que l’Amour vécu selon l’exemple du Christ, chose qu’avait très bien compris Gandhi qui expliquait aux foules le « sermon sur la montagne », n’a nul besoin de lois ? L’Amour vécu de cette façon, dans des dimensions héroïques, certes, respecte naturellement tout être et n’a pas besoin de lois. Les lois sont, si on comprend bien leur sens, des « garde fous » ; l’expression le dit bien puisqu’il s’agit de se garder « d’actes de fous ». L’Amour compris et vécu comme l’a enseigné le Christ, et pas que lui, il faut insister là-dessus, est sans doute ce qui peut, le plus sûrement faire de nous, en tant qu’individus comme en tant que peuples, des hommes libres, des adultes dans le sens plein du terme.

Voyez comme de telles phrases, et peu importe à quelles religions elles appartiennent, sont chargées de sagesse, une sagesse que l’humanité aurait tout intérêt à faire sienne, y compris sans le support des Institutions religieuses.

Lisez ce verset de l’Islam, cet Islam méprisé, sali, rejeté par des pouvoirs occidentaux qui ne peuvent imaginer qu’on trouve des merveilles ailleurs que chez eux :
« Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes. » (Voir : New York, Madrid et Londres)
Ou, ces phrases attribuées à Lao Tseu, que kroptokine a eu la gentillesse d’écrire dans l’une de ses réactions sur le forum d’altermonde :
« Il n’y a pas de plus grand crime que de se livrer à ses désirs. Il n’y a pas de plus grand malheur que de ne pas savoir se suffire. Il n’y a pas de plus grande calamité que le désir d’acquérir. Celui qui sait se suffire est toujours content de son sort. »

C’est moins une question de religion que de sagesse, de spiritualité tout de même, mais qu’on peut trouver dans toutes les contrées du monde. Concernant l’Eglise catholique on peut remarquer, d’ailleurs, que très vite elle a oublié ce que disait Saint Paul, tant elle ne s’est pas gênée de charger ses fidèles de lois lourdes, écrasantes, qui le plus souvent épargnaient les puissants... Cependant, l’égarement du pouvoir religieux condamne-t-il la sagesse des paroles des uns et des autres ? Non, je ne crois pas et c’est pour cela que je parle de « disputes stériles » de notre temps, qui consiste à jeter tout en un seul bloc...

En résumé de cette première partie de l’article concernant les lois, je dirais qu’il faut distinguer, et c’est essentiel, « les lois relationnelles de base » et les « lois de caste ». Ceci, c’est pour notre temps, pour notre combat, pour comprendre ce que nous pouvons, moralement, faire ou ne pas faire.

Pour le futur, sans doute très lointain, il faut enseigner aux générations à venir, que les lois rendent les hommes esclaves ; qu’ils doivent être élevés, eux et leurs propres descendants, dans l’Amour qui seul pourra abolir en réalité la nécessité toujours actuelle des « lois relationnelles de base ». Le but est bien de parvenir un jour à nous débarrasser des lois, de toutes les lois au même titre qu’il faudra nous débarrasser des pouvoirs. Et si « mon futur » dans le texte n’est pas fixé par une date précise, il faut garder à l’esprit que le plus tôt sera le mieux pour l’humanité.
Comment nous comporter face aux lois ?

Notre comportement doit être différent selon les lois considérées.

A) Comportement souhaitable face aux « lois relationnelles de bases :

Je me référerai à l’attitude de Gandhi, qu’une fois de plus je trouve exemplaire. Sa position était claire. Pour lui, toute loi juste devait être acceptée et respectée de façon rigoureuse. En effet, pourquoi combattre aujourd’hui les lois qui, seules, nous permettent de cohabiter ? Il faudrait être d’une particulière mauvaise foi pour ne pas admettre que nous ne pouvons toujours pas nous passer d’un minimum de lois. La nature humaine est encore tellement dans les « limbes » de l’esprit, et tellement proche, en revanche, de son animalité d’origine, que nous n’avons pas d’autre choix que de nous fixer des règles, ces règles que nous appelons des lois.

Gandhi affirmait ainsi que s’il voulait combattre les lois injustes qui, le plus souvent sont celles qui précisément n’existent que pour pérenniser les pouvoirs en place, il fallait qu’il respecte les lois acceptables et nécessaires. Cela tombe sous le sens, si du moins on veut bien faire un constat lucide. Pour lui c’était sans doute l’expression de son respect, de son amour des autres humains, tout en étant une nécessité pour la crédibilité de tout son combat.

En fait, c’est la faiblesse même de la nature humaine qui nous oblige à nous charger de ces chaînes souvent écrasantes. Nous ferions un grand pas vers notre libération par rapport aux lois si nous acceptions de consentir de véritables efforts dans l’apprentissage du respect d’autrui, de l’amour naturel que nous devrions porter à tous nos « frères » humains de toutes contrées, religions, cultures, mœurs, etc, à tous ces « frères » différents qui peuplent la terre.

B) Comportement souhaitable face aux « lois de castes » :

Ici, le problème est radicalement inversé. L’amour de ces « frères » humains devrait nous inciter, moralement, à nous lever et à résister vigoureusement. Parce que ces lois sont toujours des lois destinées à la répression des peuples, mais avant tout à la répression des « résistants », et ceci dans tous les pays. Ces lois, qui n’ont rien à voir avec des règles de cohabitation entre membres d’une même société, n’ont pour raison d’être que la protection des pouvoirs contre nos révoltes, mais aussi la protection des privilèges nombreux et scandaleux que s’accordent les maîtres du pouvoir.

Ces lois, lorsqu’elles ne protègent pas tout simplement les exactions des membres de la caste, deviennent, forcément, par leur nature, des outils de répression pouvant mener à la mort. On a vu, récemment, dans le projet de constitution européenne que les membres de la « conventionnelle » voulaient légitimer les meurtres de manifestants à l’occasion d’éventuelles insurrections. C’est le prototype même des lois perverses uniquement destinées à protéger les exactions et le principe de pouvoir de ceux qui prétendent encore nous gouverner sous régime démocratique... Voyez la perversité de telles lois...

Ce type de loi, c’est évident, doit être combattu par tous les moyens dont nous disposons. Il faut, radicalement, refuser d’obéir à de telles lois.

Par exemple :
Rigoureusement dans le même esprit, si nous comprenons que la surveillance de chaque individu est inadmissible dans une société qui se prétend libre, nous devons lutter contre l’installation de plus en plus hystérique de caméras ;
il faut lutter contre l’idée même de carte d’identité numérique et biométrique comportant une puce électronique permettant de nous surveiller même à notre insu ;
de même encore, il faut lutter contre des projets puissamment pervers concernant la prévention de la délinquance. Ces projets de lois, sous couvert de protection de la société sont inacceptables par leurs méthodes. Ce type de lois, permettant l’utilisation de la psychiatrie pour interner des gens, sur décision du maire ou du préfet avec un simple avis émanant du psychiatre, ne sont pas faites pour la « sécurité » des citoyens, mais bel et bien en vue de l’enfermement de tous les « déviants ». Qui seront ces déviants ? Bien sûr, pour respecter les apparences, il y aura quelques malades mentaux, mais au-delà, à l’exemple de ce qui se pratiquait dans l’ex-URSS, ce sera une arme pour enfermer tous les « déviants » idéologiques... Qui, sérieusement, peut en douter ?
De l’esprit des lois.

L’esprit des lois, dans mon analyse, dit à quoi celles-ci sont réellement destinées. Cet esprit permet également, sans être un grand juriste, de discerner la nature des lois, « relationnelles de base » ou « de castes ».

L’esprit d’une loi nous dira si elle est créée dans l’intérêt général ou s’il ne s’agit que de règlements autorisant la répression des résistances à un régime donné. Les lois constructives permettent de vivre ensemble, les lois d’égoïsme et de répression, elles, ne sont là que pour écraser les membres d’une société. C’est cela que j’appelle l’esprit d’une loi...

Devenir « hors la loi », lorsqu’il s’agit des « lois de caste », au regard du droit, est illégal, bien sûr, mais au regard de la démocratie réelle, au regard de la morale de vie, du droit naturel, c’est un acte non seulement de bravoure, mais c’est totalement légal, puisqu’il s’agit de lutter contre des « lois d’exception » pour établir le « droit pour tous ». En acceptant le « devoir moral » de lutter contre les « lois de caste », nous devenons des hors-la-loi pour les pouvoirs, mais nous devenons surtout des hommes debout, luttant pour l’humanité et non pas pour une simple et méprisable caste.

L’humanité aura déjà fait un pas de géant vers son âge adulte, à partir du moment où les peuples sauront imposer aux pouvoirs la fin des « lois de caste ». Il faut viser cet objectif même si nous savons que le chemin sera très long et parsemé d’embûches. Mais, là comme ailleurs, si nous voulons avoir des chances de l’emporter, mieux vaut lutter de façon déterminée, mais non-violente. Les pouvoirs ont tous les outils de la force :
- Les lois créées par et pour eux-mêmes.
- La police et les autres forces de répression assermentées et à leur service.
- Les armes et les militaires autorisés, pour ne pas dire incités, à en faire usage.
- La Justice qui n’a, le plus souvent, que pour rôle d’avaliser et exécuter les lois voulues par le pouvoir.
- Les prisons, ces mouroirs à pauvres, indignes de toute société moderne et démocratique.

Nous, nous n’avons rien de tout cela, mais nous pouvons avoir une conscience claire, une détermination totale. Et nous avons notre esprit, chose que les pouvoirs ne possèdent pas. C’est l’esprit, la puissance d’esprit de Gandhi, avec le soutien du peuple, qui a fait perdre l’Inde à l’Angleterre pourtant surarmée...

Méditez cette parole du mahatma que j’ai placé au fronton de la page d’accueil d’altermonde et qui dit tout : « Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir. " (Gandhi) »

Hors ligne

#4  13-10-2005 12:00:29

Aragorn
 

Re: LePouvoir:Faut-IlObéirOuRésister?Suite

L'homme blanc a presque toujours une montre mais il n'a jamais le temps........

Hors ligne

Pied de page des forums


Accueil | Tablatures | Compos | Blog | Forum | Annuaire | Contact