LePouvoir:Faut-IlObéirOuRésister?Suite
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 7 -
samedi 13 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
- Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans lâge denfance ou éventuellement en âge dadolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien. (article 2 & 3). Nous avons vu, au travers de quelques exemples, que lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays na rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) Ensuite, nous avons vu que la résistance est légitime puisquil sagit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Puisque la résistance est légitime, il faut choisir entre la résistance non-violente et la violence. Seule la solution non-violente, hormis les cas où ladversaire est une brute achevée, peut permettre aux peuples de gagner, peu à peu, leur indépendance par rapport au pouvoir, donc tendre vers lâge adulte. (article 6).
Les cheminements de lindépendance des peuples.
Nous lavons vu, et ce nest quun peu de réalisme qui me le fait affirmer, lindépendance dun jeune soumis à des parents abusifs est toujours source de souffrances ; les difficultés pour couper ce cordon ombilical virtuel, mais plus puissant quune chaîne dacier trempé, sont immenses et pas toujours couronnées de succès. Ce jeune, sil ne trouve pas les ressources pour briser cette chaîne, dautant plus étouffante que le plus souvent elle nest pas palpable, ne vivra jamais pleinement. Il sera incapable de mener une vie réellement et pleinement responsable.
Il en va de même pour les peuples, partout sur cette terre. Je cite le plus souvent la France, mais il est évident que, les humains étant égaux, étant « construits » sur le même modèle, le postulat du pouvoir abusif sur le modèle du père abusif se retrouve sous toutes les latitudes, à quelques détails près.
Toutes ces populations immenses, partout, régulièrement, ont dû et doivent encore se soulever pour tenter de se libérer du « père pouvoir abusif ». Cest ainsi, que tout au long de lhistoire humaine, partout, des peuples se sont soulevés contre les pouvoirs qui les oppressaient. Et comme sil nétait pas suffisant que leur propre pouvoir les oppresse, de nombreux peuples ont dû se battre contre des colonisateurs.
Le principe des colonies
La colonisation nentre pas totalement dans le schéma du postulat. Elle en fait partie, et de façon extrêmement dure, quant aux méthodes dautoritarisme et doppression contre les populations asservies, mais pas sur la motivation. Du moins est-ce plus complexe.
Lorgueil est ainsi fait quil sassocie très souvent avec la rapine de bas étage. Mais, parce quil sagit de lorgueil, la rapine en question se mue en volonté civilisatrice. Je ne prétends pas non plus détenir la vérité en ce domaine, mais tout de même... Regardons, succinctement ce quil en est.
Aux origines, ainsi que dans quelques autres cas, comme actuellement la colonisation féroce et destructrice en Palestine par les Israéliens, il y avait un besoin réel ou affiché, dagrandissement du territoire. Mais, sous ces motivations déjà discutables, il y a toujours une volonté évidente de saccaparer également les ressources naturelles et les quelques richesses des autochtones. De plus, par exemple pour le cas dIsraël, actuellement, lorgueil se pare de la « volonté de Dieu » puisque pour justifier le vol de toutes les terres, de tous les biens, et la destruction systématique dun peuple entier, pourtant innocent de tout crime (est-ce un crime de se défendre ? Les résistants auraient-ils donc été des criminels face aux nazis ? Non, bien sûr !) La justification majeure des fanatiques juifs reste la Bible qui affirmerait que Dieu lui-même a fait don de cette terre au peuple juif.
Si lon considère le phénomène de la colonisation dans sa globalité, hors des cas semblables à celui dIsraël, on retrouve les mêmes motivations de base :
Officiellement, il sagit dapporter la civilisation. Bush, adaptant ce langage aux temps actuels, parle dapporter « la démocratie », mais évidemment, cest une excuse de même nature. Remarquez comme le colonisateur affirme toujours quil détient, à lui tout seul, la totalité de la vérité : cest lun des effets classiques de lorgueil, lorsquil est délirant. Mais cest aussi lune des attitudes les plus classiques chez le parent abusif...
Si lon prend le cas des Espagnols et des Portugais en Amérique du Sud, lexcuse était dapporter le « vrai Dieu », déclairer des sauvages, des êtres dont on nétait même pas certain quils possèdent une âme. Les mêmes excuses ont été invoquées pour la colonisation de lAfrique par la France ; le goupillon précédait toujours le canon ou le suivait immédiatement. Comment les peuples, maintenus dans lignorance par le pouvoir de type abusif, politique comme religieux, aurait-il compris quil ne sagissait que darguments fallacieux, alors que lui-même subissait loppression des gouvernants et des chefs religieux. Par son ignorance, précieusement entretenue par les pouvoirs, il acceptait tout et navait même pas les moyens pour réfléchir.
Un Georges W Bush, un Tony Blair, et pour lAfrique un Jacques Chirac, il sagit donc dapporter ou de maintenir, selon les cas, la civilisation, la religion (pour Bush en particulier), et la culture, notamment celle des droits de lhomme. Quest la réalité si lon considère froidement la situation ?
La volonté réelle, vérifiable pour peu quon sen donne la peine, cest avant tout autre considération, le vol des ressources naturelles. Cest criant en Irak, cest criant en Afrique. Cest un pillage constant qui alimente la cupidité des castes dirigeantes de tous les pays riches et puissants actuels. Dirigeants de pays dominants et voulant le rester, ils ont besoin de ces ressources pour entretenir une illusion de puissance et de richesse face à leurs peuples, mais surtout pour agrandir sans cesse leur propre puissance, leurs propres fortunes, élément, selon eux, qui garantit la pérennité de leur pouvoir. Cette certitude est exacte, du moins tant que les peuples accepteront la domination de largent, et ladmiration face aux grandes fortunes, tant quils ne seront pas adultes et quils ne pourront par conséquent pas comprendre que largent na nulle valeur réelle. Il en ira tout autrement si nous imposons lidée que largent na guère ou pas du tout de valeur. Nous verrons, plus tard, comment y parvenir éventuellement.
Cette volonté absolue dagrandir leur propre pouvoir par les fortunes engrangées (il faut se souvenir que pour être élu, il ne faut pas y songer si lon est pauvre - conséquence des lois faites par et pour les pouvoirs), nous ramène, elle, au postulat du « père abusif » face au « fils abusé ». On trompe les enfants comme on trompe les peuples pour conserver tout le pouvoir et toute lautorité.
La modernité du combat de Gandhi
Gandhi sest battu durant toute la première moitié du 20ème siècle contre lempire anglais après sêtre battu en Afrique du Sud pour légalité des droits entre Blancs et Indiens. Il avait compris, notamment, et je trouve cela admirable, que si les Indiens avaient eu la puissance des Anglais, sans doute, ils auraient, eux aussi, été des colonisateurs. En ce sens, il considérait les Anglais non comme des ennemis, mais juste comme des adversaires, ce qui, bien sûr, nest pas pareil. Faire cette distinction essentielle, permet de respecter lautre, de mieux comprendre ses motivations, donc les faiblesses qui le font agir, faiblesses que nous connaissons tous à des degrés divers, ces faiblesses liées à notre nature humaine, donc, surtout, à nos origines et nos instincts. Il faut bien comprendre, cest essentiel, que lorgueil, la cupidité, la recherche de puissance, la volonté de prendre et conserver le pouvoir, ne sont rien dautre que de tragiques faiblesses. Il serait tant dinverser les valeurs établies comme intangibles par les pouvoirs qui ont un besoin vital de notre admiration.
Gandhi, cet homme isolé au départ, eut à combattre un empire, le plus grand, le plus puissant de lépoque. Cétait, visiblement, une gageure de taille ! Sil a vaincu, en définitive, avec le concours de lessentiel du peuple indien, cest parce quil a considéré que les Anglais nétaient que des adversaires et non pas des ennemis. Face à lennemi, le plus souvent et instinctivement, nous laissons libre cours à notre violence tout aussi instinctive en la parsemant de haine, de sentiment de supériorité, bref, tout ce qui mène au meurtre de celui qui nous oppresse. Mais, dans le cas du combat de Gandhi, sil avait fait appel à la violence, léchec était certain.
Face à ladversaire, si nous sommes non-violents, nous cherchons, même si cest dur, à discuter, à le convaincre. Si ces solutions ne donnent aucun résultat, nous passons à la phase suivante qui est celle de la résistance non-violente. Certains considèrent quil sagit également dune violence. Je ne suis pas vraiment en accord avec eux. Dans labsolu, oui, bien sûr, il sagit dun rapport de force, donc on peut considérer quil y a violence. Mais cest bien plus une volonté dimposer le dialogue, donc une uvre de lesprit, loin de toute notion ou lourdeur physique, qui amènera ensuite la solution. Cest, typiquement, une attitude dadulte accompli. On pourrait également affirmer pour dévaloriser le combat non-violent quil sagit dun chantage permanent. Mais non, ce serait absurde, parce que dans le cas dun chantage, ce nest pas un rapport desprit à esprit, mais une violence et une menace dordre physique qui sont en jeu.
Gandhi, lui, a réussi, par son amour du genre humain, sa compréhension des phénomènes instinctifs humains, à mener un rapport desprit à esprit. Et là, cest finalement la sagesse qui la emporté et qui a permis de faire plier lempire le plus puissant de son temps. Gandhi nest pas à lorigine du combat non-violent, mais il a su lappliquer, le développer et surtout, pour moi cest le point essentiel, il a montré, aux générations suivantes, les nôtres, quon pouvait évoluer sans la violence. Ce nest pas un hasard si, aujourdhui, partout dans le monde, nombreux sont ceux qui se réclament de Gandhi. Lenseignement quil nous a apporté par ses idées, par sa ferme volonté, par son type de combat et sa victoire finale, à valeur duniversel. Gandhi nest pas un « gourou », chose qui serait absurde, mais un exemple, un maître dans lenseignement des générations futures.
Gandhi, un exemple pour notre temps ?
Quel est lien avec la situation que nous vivons en 2005 et lempire britannique que combattait Gandhi ? Cela ne saute peut-être pas aux yeux sauf si on tient compte du postulat général auquel il faut ajouter ce que je viens décrire à propos des colonies.
1) Les plus grands responsables :
Parce que, en définitive, quest la mondialisation financière et marchande ? Ce nest jamais que la colonisation du monde entier par un ramassis de profiteurs. Ces gens, que je vais tenter, une fois de plus, de désigner en espérant noublier personne :
- Les puissances financières en tout premier lieu. Ce sont elles qui sont au sommet, ce sont elles qui financent les « boîtes à idées » américaines, françaises, anglaises, etc. Par puissances financières, jentends les grands groupes financiers dont le plus souvent nous ne connaissons rien sinon quils existent. Et tout de suite en-dessous, les banques, pratiquement toutes les banques dont le métier dengranger et de faire fructifier largent est lessence même. Entrent dans cette catégorie également les grands groupes dassurances, tous les métiers dargent. Et on peut ajouter, mais à des degrés divers, les rentiers (hormis les plus petits qui ne sont jamais, en dépit de leurs illusions, que des proies à avaler et digérer tôt ou tard), les joueurs en bourse, dont, et très puissamment au regard des dégâts dont ils sont responsables, les fonds de pension.
- Les multinationales, ces monstres aux intérêts multiples, à la conscience dautant moins développée que les responsabilités sont diluées. Elles agissent avec le soutien des puissances financières de la même manière que nos Etats coloniaux dans le passé.
- Lessentiel du personnel politique de cette époque, tout pays (ou presque) confondus, dès lors que le parti auquel ils appartiennent est un parti à « vocation majoritaire ». Pour comprendre limportance de cette dénomination, il suffit de se souvenir de la supplique de Jean-Pierre Raffarin qui implorait pratiquement les Français de voter, aux élections européennes pour un parti de ce type.
- Lessentiel des « élites » médiatiques qui nont plus vocation à informer mais uniquement comme dessein de délivrer la « pensée unique », autrement dit, la propagande financière et marchande.
- On peut encore y ajouter certains philosophes à la mode, certains scientifiques complices des puissants qui deviennent, les uns comme les autres, des serviteurs très serviles.
2) Les responsables moyens :
- Un degré au-dessous, mais néanmoins totalement responsables, toutes les masses de dirigeants dentreprises, de chefs et de petits-chefs dès le moment où, conscients de ce quils font, ils se rendent complices des politiques consistant à « coloniser » tous les peuples en faveur de la puissance dargent.
3) Les responsables qui signorent :
Et enfin, si douloureux que ce soit, nous tous, par cette atonie qui fait de nous des complices le plus souvent inconscients, mais bien réels dès que nous nous livrons à lesprit de consommation. Il ne faut jamais se contenter de dire que les autres, les autres seulement, sont responsables. Ce nest pas la vérité.
La mondialisation actuelle : Colonisation à léchelle planétaire
Toute la mondialisation actuelle, et je ne remets pas en cause le principe dune mondialisation qui de toute façon sétablira, certainement par une nécessité qui nous dépasse, est basée sur le principe de la colonisation. Et cela est vrai parce que le seul véritable but de ce type de mondialisation est le vol des biens de la majorité des humains au seul bénéfice dune petite caste de profiteurs sans conscience. Ce fut toujours, sans la moindre exception, le but de tous les colonisateurs.
Cette colonisation mondiale est dautant plus difficile à comprendre et combattre, quelle se situe à la fois en interne et en externe de chaque pays dominateur. Ce qui laisse croire, avec le soutien dune propagande éhontée, que nul ne peut rien ny faire, quil sagit dune crise économique, là où il ny a quesprit de rapine, le plus bas, le plus vulgaire, totalement inacceptable. Nous vivons donc à la fois une colonisation intérieure à nos pays et extérieure. La rapine en elle-même, bien sûr, ne justifie pas à elle seule ce mal immense commis contre la majorité des humains.
Non, il faut aller plus loin pour comprendre... Largent, dans ces milieux qui se définissent comme naturellement supérieurs, nest quun moyen pour satisfaire un seul objectif : le pouvoir, le pouvoir absolu, le pouvoir abusif et cela, pour satisfaire le moteur dune extrême puissance chez certains humains, lorgueil. Même les idéologies meurtrières qua connu lhumanité au cours du dernier siècle comme en ce début de siècle, je pense notamment au capitalisme et son excroissance de type cancéreuse quest le néolibéralisme et sa forme extrême quest lultralibéralisme, ne répondent quà cette motivation effroyable.
Au nom de lorgueil et pour le satisfaire, combien de crimes abominables ont été commis et le seront encore... La masse des souffrances humaines est incalculable et na de justification, pour lessentiel quau travers de la satisfaction de lorgueil de ces humains qui simaginent supérieurs mais qui sont, en réalité, la lie de lhumanité. Je le dis sans haine, mais avec énormément de tristesse...
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 8 -
dimanche 14 août 2005, Jean Dornac
Petit rappel des articles précédents :
Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs, empêchant les peuples datteindre lâge adulte. (article 1). Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral ». (article 2 & 3). Lexercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, na rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ». (article 4) La résistance est légitime puisquil sagit de retrouver notre « souveraineté » perdue. (article 5). Si la résistance est légitime, il faut choisir entre la non-violence et la violence. (article 6). Il y a parallélisme entre le colonialisme et la mondialisation financière et marchande. (article 7).
Quelques pièges du pouvoir « père abusif ».
Tous les parents abusifs, père ou mère, usent de toutes sortes de stratagèmes pour conserver le pouvoir sur leur progéniture au travers de phrases sensées la garder prisonnière de la volonté parentale. Voici quelques exemples :
1) Les mérites du parent : Te rends-tu compte de tout ce que jai fait pour toi ? - Je me sacrifie pour toi. - Tout ce que je fais, je ne le fais que pour toi. - Tu me dois tout.
2) Le chantage : Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te coupe les vivres. - Tu peux quitter la maison, mais tu ne remets plus les pieds ici.
3) Les reproches : Tu es un incapable ! Tu ne réussiras jamais en rien ! - Tu nes quun égoïste !
4) La culpabilisation : Tu me rends malade ! - Je regrette de tavoir mis au monde, cest la pire bêtise que jai faite...
Il y a bien sûr une infinité de possibilité. Le but recherché est toujours la culpabilisation de la victime pour ficeler ce fils, cette fille ; tout de suite après ce sont des paroles débordantes damour pour mieux jeter le trouble... Lorsquil sagit de garder le pouvoir sur un être, lingéniosité est sans limite. Il en va de même pour le pouvoir. A cet égard, le général De Gaulle usait, lui aussi, de phrases semblables, notamment au moment des référendums. Bien entendu, plus lintérêt quon trouve à un pouvoir augmente, plus les méthodes sont dures ou raffinées. Cest souvent, comme pour les parents, un mélange de culpabilisation puis des discours sensés montrer notre grandeur. Les schémas sont identiques.
De lutilité de la notion de « nationalisme ».
Dans le domaine des subtilités, mais qui sont de véritables grossièretés, les Etats, donc les pouvoirs, depuis toujours et partout, ont inventé et imposé des signes et des notions de ralliement obligatoires pour leurs populations. De cela est né le nationalisme et le patriotisme. De cela ont découlé les drapeaux et les hymnes nationaux. De cela est né le sentiment de supériorité et pour une part au moins, le racisme. Je sais que je vais en choquer plus dun, mais il faut tout de même que les choses soient dites. Ces points, beaucoup dautres avant moi les ont également décrits pour les stigmatiser et sans doute mieux que je ne saurais le faire. Mais il est important de les rappeler pour la démonstration que je tente.
Quelle est la valeur des notions de nationalisme et de patriotisme ?
Si lon peut comprendre que ces notions eurent une utilité dans les temps reculés, au moment où certains bâtissaient des nations toujours plus grandes, lintérêt personnel des « bâtisseurs » nétait tout de même pas absent, quil sagisse de lorgueil ou du besoin de fortunes pour assurer leur pouvoir. Par voie de conséquence, cela induisait la spoliation des masses. Les peuples nauraient pas suivi ces « chefs, princes, rois » sans un puissant moteur agissant comme nos propagandes actuelles. Quel intérêt pouvait donc trouver un fils issu du monde paysan ou citadin, ou leur équivalent il y a deux mille ans et plus, à aller se battre contre dautres ? Bien sûr, souvent, ils senrôlaient volontairement. Mais il fallait tout de même une motivation puissante pour accepter de risquer lintégrité de son corps ou sa vie. Il y avait, certes, la solde, mais ce nétait pas suffisant. On inventa donc « la gloire du combattant », la beauté des victoires, lingéniosité, la grandeur et donc le respect absolu des chefs, et pour finir la supériorité du peuple quon asservi pourtant. Que ne dit-on pas pour acheter les foules ? Il y avait aussi, en ces temps, des compensations offertes aux guerriers (cela arrive encore dans nos guerres dites modernes) : Le pillage et les viols...
Pour unifier lesprit dun pays, les « princes » de tous les temps ont inventé, puis imposé, peu à peu, lidée de nation dérivant fatalement sur le nationalisme et le patriotisme. Lorsquon y songe, toutes ces notions ne sont que de terribles pièges. Pour que les peuples se laissent manipuler plus facilement, il fallait leur faire croire que leur nation était la plus glorieuse, la plus puissante, quelle était « un tout sacré ». Il fallait que chaque individu comprenne et accepte, au besoin par la force, que sa vie navait pas dimportance, quil devait loffrir si « la nation » la réclamait. Quimportaient la famille, la femme, les enfants. Il fallait, au nom de cette abstraction tout sacrifier. Au fil du temps, le nationalisme et le patriotisme se sont transformés en véritables obsessions, en hystérie tragique. Sans ce maudit nationalisme, ce misérable patriotisme, les dernières guerres mondiales nauraient pu avoir lieu. Des foules immenses dhommes, de femmes, se sont jetées les unes contre les autres dans deffroyables carnages alors que les combattants ne se connaissaient pas, alors quils navaient rien à se reprocher mutuellement. Nest-ce pas, là, le sommet de la stupidité humaine ? Si, à mon sens, si. Bien entendu, je parle pour lessentiel des guerres dagression, comme celle qui se déroule en Irak actuellement. Les données changent lorsquon est attaqué. Mais nul besoin du nationalisme et de son folklore criminel pour défendre les siens et toutes les contrées attaquées par des fous ou des voleurs.
Après la dernière guerre mondiale, les rescapés ont tous affirmé que cela ne devait pas se reproduire. Moyennant quoi les pouvoirs glorifièrent leurs soldats, exaltant encore plus le nationalisme le plus souvent trempé dans un racisme glauque. Et les guerres ont repris partout sur la surface du globe...
Lexplication est schématique, bien sûr, mais cest bien le principe de ce qui sest passé et dont nous ne sommes pas encore débarrassés. Jean Jaurès, qui avait une très grande vision de lhomme, très en avance sur son époque, a tout tenté pour abattre cette folie quest la guerre au nom du nationalisme. Cela lui a coûté la vie... Ce fut à la base, lintuition qui permit de construire lInternationale. Malheureusement, cette notion magnifique fut rapidement récupérée par dautres pouvoirs qui nallaient pas tarder, à leur tour, à devenir dictatoriaux et totalitaires.
Pour mieux enferrer les peuples dans les notions criminelles que sont le nationalisme et le patriotisme, la religion institutionnalisée pesa de tout son poids, chez nous, comme ailleurs. Combien de fois fut prononcée cette injure à Dieu qui affirmait, de chaque côté des exaltés et des fanatiques : « Dieu est avec nous » ! Quand comprendrons-nous, pauvres fous que nous sommes, que si Dieu existe, il est pour tous, intégralement pour tous ! Quand je pense à ces bénédictions darmes, comme on en a encore vues aux USA récemment, ces armes destinées uniquement à tuer des frères vivants ailleurs, des femmes, des enfants, des vieillards, des hommes, jai envie dhurler de rage tant cest monstrueux et manipulateur des esprits. Rien que par rapport à ce genre de fait, il est évident que les peuples ne sont pas majeurs, sinon, ils rejetteraient puissamment toutes ces folies qui aboutissent toujours à des actes criminels.
De lutilité des gadgets que sont les drapeaux et les hymnes nationaux.
Bien des gadgets furent inventés pour enrôler les peuples et les conserver intacts dans les « congélateurs didées monstrueuses ». Les drapeaux firent cet office, les hymnes nationaux également.
Tout laisse penser que le pouvoir, en France, à lexemple des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, prépare les guerres prochaines contre le monde arabe, ces peuples magnifiques. Ils tiennent visiblement à la théorie du « choc des cultures, choc des civilisations » ; beaucoup dindices montrent quils veulent nous jeter les uns contre les autres. Les plus fanatiques dans le domaine du nationalisme veulent nous imposer, à nouveau, lesprit nationaliste sectaire. Et pour cela, il faut remettre en vigueur les colifichets qui ont si bien servi dans le passé. Cest ainsi que les députés UMP ont décidé que la « Marseillaise » devait à nouveau être apprise à lécole. Il faut donc, pour ces « élus », enfoncer dans la tête de nos enfants, dès le plus jeune âge, un chant barbare qui veut affirmer notre supériorité, ce chant qui veut que « le sang impure abreuve nos sillons ». Mais pourquoi le peuple entier, debout comme un seul homme, nordonne-t-il pas que ce chant dun autre temps ne soit jeté dans les oubliettes de lhistoire ? Vous rendez-vous compte de la monstruosité de telles paroles ? « Un sang impur » ! Réalisez-vous limmensité du racisme abject que délivre une telle phrase ? Réalisez-vous la manipulation éhontée qui se pratiquera, lorsque ce chant servira à nous jeter contre nos frères arabes ? Passe encore quil ait été écrit il y a plus de deux cents ans pour motiver les soldats de cette époque, mais aujourdhui, quel recul du mental !
Ce même groupe UMP, de plus en plus extrémiste dans ses décisions et lois, veut imposer à nos maîtres et professeurs denseigner « les valeurs de luvre coloniale française » en Afrique du Nord, là où, pour lessentiel, il ny avait que mépris, haine, exploitation et crimes. La colonisation comme uvre civilisatrice ? Non, ce ne fut et ce ne sera toujours quuvre de mort au profit de quelques castes monstrueuses. Mais, réalisez-vous que de telles lois sont faites pour nous préparer, collectivement, à la haine accentuée, toujours accentuée, contre les peuples arabes ? Il est urgent de le comprendre.
Par ailleurs, le même groupe de députés extrémistes veut rétablir la discipline dans les écoles. La discipline, dans de telles bouches, issue de tels cerveaux, ne peut être quune discipline du type militaire avec tout lautoritarisme que cela suppose. Bien sûr, tout cela est enrobé des meilleures intentions du monde... comme toujours... Seulement, il faut se rappeler quà la guerre on interdit aux gens de penser, il faut juste quils obéissent aveuglément !
Enfin, le ministre des Armées, issu toujours du même groupe, sous le prétexte de lutter contre le chômage, veut « ouvrir » larmée aux jeunes afin quils puissent préparer des métiers en son sein. Oh combien une telle mesure est pratique pour disposer de futures « chaires à canon » !
Tout ce qui tourne autour du nationalisme nest quun piège mortel pour les sociétés ; tout cela empêche les peuples de devenir adultes. Sur ces exemples, on peut comprendre combien il est urgent que nous devenions collectivement adultes pour enfin chasser définitivement les monstres naturels que sont la majorité des pouvoirs.
Parce que notre pouvoir veut à nouveau nous soumettre à sa seule loi, je le répète, probablement en vue de prochaines guerres, et lIran est « bien » placé dans cette optique criminelle, mais aussi pour mieux nous maintenir en enfance, tout ce que je viens décrire me rend passible du Tribunal et de la prison. Navoir pas plus de respect pour le drapeau que moi, cest-à-dire considérer quil ne sagit que dun chiffon parmi dautres, peut me valoir la même sanction. Et alors ? Etre homme, être adulte, nécessite dassumer ses actes. Faut-il pour faire avancer lhumanité vers son âge adulte payer le prix de la prison ? Oui, il faut laccepter car là il ne sagit plus dun acte motivé par un intérêt personnel, quel quil soit, mais dun acte en faveur de la vie et de la paix des peuples. Cest le principe du combat non-violent...
Je crois comme quelques autres, que donner sa vie pour soutenir les seuls intérêts de quelques puissants, de quelques pouvoirs abusif, est dun absurde consommé ; mais donner sa vie, la risquer pour la cause de lhumanité, la fin de toutes les guerres, donc la fin de tous les nationalismes, est la seule cause digne dun adulte véritable. En fait, lorsque je dis la seule, cela signifie que seules les causes qui font avancer lhumanité entière, cest-à-dire tous les humains sans exception, sont dignes de ladulte véritable.
Que sont donc les nationalismes et les patriotismes au regard de linfini de lunivers ! Une insulte à la sagesse ! Un crachat à la beauté de la vie !
Nationalisme et mondialisation
Trouve-t-on du nationalisme dans la mondialisation financière et marchande. Un premier réflexe me faire dire que non. Mais cela vaut la peine dy regarder de plus près. Largent na pas dodeur et lon peut dire quil na pas de nationalité... Seulement, une nation a décidé que sa monnaie valait plus que tout autre : lAmérique. Nous subissons depuis des décennies le diktat du dollar. Et il se trouve que cest de cette même nation que vient lessentiel de lidéologie néolibérale qui écrase lhumanité de ce temps. Nous subissons de plein fouet le nationalisme américain, au travers de sa monnaie, de son idéologie et de son armée. Le rapace dévore tout, veut tout ; lui dabord et les autres ensuite, sil reste quelque chose... Toute la destruction sociale actuelle a été entreprise pour redonner son obésité monstrueuses à la finance américaine, quelle se trouve aux mains de ladministration, des entreprises, des banques ou de certains individus.
Anti américanisme primaire crieront certains ! Non, constatation de faits vérifiables. Le fait que lidéologie américaine soit partagée par de nombreux profiteurs sous toutes les latitudes, ne change rien. Cest la nation américaine, aujourdhui, comme les nations anglaise et française dans le passé, qui domine le monde du haut de sa morgue. Il sagit donc bien dun nationalisme exacerbé qui se croit tout permis au nom de son unique grandeur, nation, selon ses chefs, « choisie par Dieu ». Là, nous atteignons le sommet du délire et cest à partir de ce point quon peut être certain que le reste du monde est en danger.
Et comme tout pouvoir abusif, imitant un parent abusif, celui-ci se permet de faire la leçon au reste de monde tout en voulant, par la force, la manipulation et les crimes, imposer à tous les hommes sa façon de penser, sa culture, sa vision, pourtant atroce, du monde. Le reste du monde nose pas bouger, nose guère se dresser devant ce « père abusif ». Il courbe léchine et dit oui à tout... Lexacte réaction dun enfant victime dun parent abusif...