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#1  03-10-2005 14:54:32

Aragorn
 

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ?

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ?

dimanche 7 août 2005, Jean Dornac



Vaste question mille fois répétée au travers des âges de l’histoire humaine. Nombre de philosophes, de penseurs, d’érudits presque toujours, se sont penchés sur la question. Pour autant, à quelques exceptions près, il ne me semble pas qu’ils aient remis en cause le « principe même du pouvoir ». Or, nous vivons à une époque où la question, en raison des abus très graves que nous avons constatés hier comme nous le constatons aujourd’hui, se pose sérieusement.

Ce que nous remarquons c’est que, jamais, on ne demande aux peuples ce qu’ils pensent du « principe de pouvoir », comme si cette étrangeté ne devait jamais s’arrêter. Etant du peuple, rien que du peuple, n’étant rigoureusement pas intéressé par le pouvoir, ni par un statut d’érudit, je me permets néanmoins de vous exposer mes réflexions sur ce qu’est le pouvoir ainsi que les conclusions que j’en tire. Cette analyse, comme toujours, n’engage que moi-même. Au moment où j’écris ces lignes, j’ignore encore si ces réflexions tiendront en un seul texte ou en plusieurs...
Le pouvoir se justifie-t-il ?

Cette question semble absurde, mais j’ai toujours pensé qu’il n’existe pas de questions absurdes, tout au plus des questions iconoclastes, des questions gênantes. Tout peut, voire doit, se remettre en cause. Si l’on observe l’évolution des sociétés humaines, on réalise que toutes, toujours, ont suscité en leur sein une forme de pouvoir plus ou moins important. On pourrait donc penser que le principe de pouvoir est naturel, peut-être même obligatoire, dans toute société. Nul doute que tous les tenants et aspirants au pouvoir tiendront une telle affirmation pour une vérité absolue. Cependant, cette apparente « nécessité » n’est vraie que si l’on refuse de se poser les bonnes questions.

Pour comprendre dans quelle direction va ma réflexion, je précise que je débuterai l’analyse par le parallèle entre le fonctionnement d’une société, son évolution continuelle, et le développement individuel de tout humain. J’ai toujours été frappé par l’analogie entre les sociétés et les individus. Et c’est assez logique si l’on songe qu’une société n’est jamais que la résultante d’un nombre plus ou moins important d’individualités.

Je considère pour ma part, que si « le principe de pouvoir » existe toujours, c’est parce que les sociétés humaines n’ont pas encore atteint l’âge adulte. Nous sommes au mieux, en tant que sociétés, à l’adolescence, au pire, encore dans l’enfance. A cela, nous devons remédier d’urgence.

Le pouvoir agit en somme comme agirait un père ou une mère avec les peuples qu’ils considèrent du haut de leur suffisance, comme des enfants. Mais le problème majeur qui fait la souffrance des peuples, c’est que ce père (ou cette mère) est un père abusif. Comme tout père et toute mère abusifs, le pouvoir trouve son intérêt à empêcher son enfant d’évoluer, et surtout de l’empêcher par diverses manières et méthodes, de prendre son indépendance. Son intérêt est de nous « gâter », y compris par des mensonges, mais surtout par des futilités de manière à nous « acheter » et nous maintenir dans l’infantilisme. Ces « gâteries » se traduisaient à l’époque des Romains par le « pain et les jeux », aujourd’hui par la consommation et la télévision, particulièrement par la « télé-réalité ».

Les parents abusifs, même s’ils n’en ont pas toujours conscience, n’aiment pas leurs enfants ; ils n’aiment qu’eux-mêmes et font tout pour garder leur pouvoir sur leurs enfants, quitte à les détruire à jamais. Or, un enfant n’appartient jamais à ses parents ; il leur est confié et ils doivent le mener à sa vie d’adulte autonome. Cependant, les parents abusifs, conscients ou non, conservent leurs pouvoirs par toutes sortes de méthodes : chantages ; menaces ; mensonges ; exagérations ; corruptions en « achetant » leurs enfants ; infantilisations diverses. Il n’y a, sur le principe, pas la moindre différence dans la façon d’agir des pouvoirs sur les peuples. Les pouvoirs considèrent, depuis toujours, que les peuples leur appartiennent et agissent envers eux exactement comme les parents abusifs envers leurs enfants.

Que voyons-nous de la part des pouvoirs ? Chantages par la peur ; menaces de tous ordres ; corruptions massives ; mensonges et manipulations par médias interposés ; infantilisation tout aussi massive au travers des « télé-réalités » et autres émissions vides de sens, des drogues, de l’alcool, des jeux de cirques que sont les jeux olympiques, le football, le cyclisme professionnel, etc. ; emprisonnement pour ceux qui ne « réussissent » pas, donc les pauvres, mais aussi pour les contestataires ; assassinats dans les cas estimés comme « irrécupérables ».

Rien n’est honnête, rien n’est sincère et grand dans tout cela, mais tout sert à nous infantiliser ou nous punir pour que nous ne puissions surtout pas avancer vers l’âge adulte de nos sociétés.
Un pouvoir peut-il avoir une certaine noblesse ?

Il en est, dans l’histoire des peuples, qui s’en sont rapprochés ; il y a eu des règnes, à l’époque des rois, des présidences sous la république, qui s’en approchèrent. Mais tous ont, dans le principe du pouvoir, une tare majeure, celle du paternalisme, ce qui, finalement correspond encore à l’infantilisation des peuples.

La notion même de pouvoir ne permet pas une autre vision de son exercice. Le paternalisme se supporte, dans le meilleur des cas. Pour le reste, c’est toujours plus ou moins proche de la notion de dictature, douce ou effrayante, cachée comme aujourd’hui avec le pouvoir des libéraux (néo ou ultra) ou bien visible comme sous Hitler ou Napoléon. Qu’on le veuille ou non, un pouvoir cherchera toujours, par nature, tout comme les parents possessifs, à satisfaire son besoin de commander et de posséder en même temps que de briller. Il n’y a en cela nulle noblesse, il n’y a que vils intérêts personnels, de groupes, de classes ou de castes.

Un pouvoir ne peut pas être généreux, il aurait trop peur de perdre ses avantages et en tout premier lieu, il perdrait sa domination sur les peuples qui, rapidement, chercheraient à s’émanciper. Tout ce que je viens de décrire, concerne les pouvoirs politiques, mais s’étend de la même manière à toutes les sortes de pouvoirs ; qu’ils soient financiers, religieux, scientifiques, médiatiques et trop souvent même, associatifs. C’est donc un mal profondément lié à la nature humaine ; mais c’est bien un mal. Ce qui me tend à penser que c’est un réflexe des origines basé sur l’instinct et la force physique. Et ceci, bien sûr, conduit nécessairement à penser que les humains, les dirigeants comme les peuples, ne sont en rien adultes. Cet âge, lorsque la personne est bien construite, donc équilibrée, est l’âge de l’indépendance, de la prise de responsabilité personnelle, c’est l’âge de la conscience développée. Nous en sommes loin, en tant que sociétés humaines, convenez-en...
Un héritage du passé

Il ne fait nul doute que toutes les formes du pouvoir, notamment celui des hommes sur les femmes, sont une survivance, un héritage du passé. On peut imaginer que, dans les premières époques humaines, celles où la conscience naissante était encore dominée par les instincts, une forme de pouvoir était nécessaire à la survie même de l’espèce. Les dangers étaient grands et variés dans ces époques reculées. Il n’y avait donc rien de scandaleux à ce que ce furent les plus forts, les plus malins, qui prirent, peu à peu l’ascendant sur tous les autres, dans la mesure où eux avaient la capacité physique ou mentale, de protéger le reste du groupe, tout comme cela se passe chez les animaux.

On peut penser aussi, qu’à mesure du développement des consciences, conscience intime comme conscience d’être, les plus forts ont compris tout l’avantage qu’offrait le rôle que tout le groupe leur attribuait. Ce n’est probablement qu’avec le temps, un temps fort long que nous avons peine à imaginer, que ces plus forts, ont compris quel était leur ascendant sur tous les autres individus et quels immenses profits ils pouvaient en tirer pour eux-mêmes comme pour ceux de leurs clans.

C’est l’évidence même, et qui pourra contredire cette affirmation, qu’à l’origine la notion de « nobles », de « noblesse » distinguant une petite élite particulière, n’avait ni sens ni réalité. La noblesse, les puissances, ne se sont donc construites que progressivement au nom d’une certaine efficacité dans la défense du reste du groupe et dans la volonté d’accaparer le pouvoir en créant des castes supposées supérieures. Mais ces notions ne pouvaient qu’être virtuelles et ne possédaient aucun fondement réaliste, aucune base génétique.

Par ailleurs, probablement, la compréhension des phénomènes, des rivalités, les tactiques de chasse puis de guerres, développaient, chez ceux qui possédaient la force, des capacités intellectuelles nouvelles. Pour défendre un groupe, il fallait nécessairement faire des efforts de réflexions qui n’étaient sans doute pas innés. Mais évidemment, ceux qui ne participaient pas à ces « batailles » n’avançaient pas au même rythme. Par conséquent, en plus de l’ascendant physique, les plus forts, certains d’entre eux, en tout cas, ont également dû prendre un ascendant intellectuel, mental et psychique. La nature humaine étant ce qu’elle est, ces êtres ont dû, peu à peu comprendre qu’ils pouvaient prendre le pouvoir sur tout le groupe. Puis, par la suite, se sentant nécessairement supérieurs à tous les autres, ils ont pérennisé leur avantage en le rendant transmissible à leur propre descendance. Je présume que cette évolution, si elle s’est bien déroulée de cette façon, a duré quelques millénaires, avec probablement quelques nuances.

A mesure que les groupes, les tribus s’agrandissaient, certains se sont hissés au-dessus du lot, imaginant, notamment avec l’aide, voire la complicité des religions naissantes, qu’ils étaient différents, nobles en somme, et que tous les autres devaient leur faire allégeance.

Etant issu du monde animal, ayant vécu sur une très longue durée avec le même instinct de base, ces « chefs », choisis ou autoproclamés, avaient besoin de délimiter leur territoire. C’est sans doute de cette manière, et par instinct, qu’est né le concept tout aussi virtuel de « frontières ». Et comme tous les prédateurs, mais en bien plus puissant parce que doté d’une intelligence particulière, les plus orgueilleux voulurent, sans cesse, agrandir leur territoire et donc leur pouvoir. Sans doute, les nations se sont-elles construites sur ce schéma...

L’héritage du principe de pouvoir est lourd, écrasant. Il est l’une des causes majeures des crimes collectifs que sont les guerres. Rien qu’à l’égard de ces drames guerriers atroces, on peut comprendre que le pouvoir engendre presque mécaniquement le malheur humain.

Sans doute est-il encore trop tôt pour envisager l’émancipation réelle et définitive des peuples. Sans doute est-il trop tôt pour espérer voir éradiquer cet héritage de l’instinct animal qu’est le pouvoir. Mais il n’est plus trop tôt pour poser la question et pour que chaque humain de réelle bonne volonté se la pose à son tour. L’homme ne devient adulte qu’à partir du moment où il se pose les bonnes questions, qu’à partir du moment où il quitte ses parents même au prix des pires déchirements.

Il est un signe qui montre que les sociétés ne sont pas encore adultes, malheureusement. Ce signe, c’est la violence qui les anime. La violence physique, particulièrement elle, est la preuve de la faiblesse de caractère et d’un développement intellectuel et mental insuffisants de ceux qui se livrent à la violence. Elle est la réalité d’une grande foule d’individus et de pratiquement tous les pouvoirs. Elle est et reste, défaite pour l’homme.

Cette violence, tout comme le principe de pouvoir, est une survivance des origines de l’humanité. Si l’on se base uniquement sur ce critère, et en regardant tout autour de nous, alors, c’est à désespérer, car l’humanité ne serait pas même sortie des langes... Cette violence, en dépit des affirmations contraires lors de forts beaux discours, aussi creux qu’interminables de la part de nos politiciens actuels, sert leur pouvoir. Ils ne tiennent, ils ne se pérennisent leur pouvoir que par la violence, cette fois sous toutes ses formes, ces formes qui ne s’arrêtent pas aux violences physiques. Ils ont, en fait, intérêt à ce que la violence, tout comme la peur, se maintienne, voire se développe ; peurs et violences, ajoutés à l’abêtissement des peuples au travers de la télévision, des publicités et de l’esprit de consommation, sont les meilleurs garants de la pérennité et de la nécessité d’existence du principe de pouvoir. C’est le pouvoir abusif au même titre que les parents abusifs.


Mon analyse, je le sais, sera peu lue, peu commentée et sans doute peu comprise et encore moins approuvée. Je crois que ce n’est pas un problème. Il est des gens, et je crois en faire partie, dont le rôle dans une société est d’être à la fois des « veilleurs » et des « éveilleurs ». Ceux-là ne se destinent ni à la gloire ni au pouvoir ; ce sont des aspects qui leurs sont indifférents. Leurs préoccupations résident avant tout dans ce qu’ils perçoivent de l’état du monde. Quitte à faire sourire, j’affirme que cet état les fait souffrir et que de ce fait, ils tentent de comprendre les mécanismes pour trouver des solutions ou à tout le moins des pistes de réflexions.

Dans la première partie de cette analyse sur la notion du « principe de pouvoir », je parle de cette « étrangeté » qu’est ce principe. A priori, une telle affirmation tient de l’anomalie, tant la notion de pouvoir s’est installée dans notre logique, est intégrée à nos mentalités. Faites-en l’essai : Imaginez un instant une société, un pays comme la France qui ne serait plus gouverné, un peuple donc débarrassé du principe de pouvoir. Sans doute, comme nous tous, comme moi-même il y a peu de temps encore, direz-vous, en vous esclaffant : « C’est n’importe quoi ! Ce serait l’anarchie ! »

Rappelez-vous, à présent, de l’époque où vous étiez enfant. Vous semblait-il, si vous avez eu une enfance un minimum acceptable, que vous pourriez, vivre sans vos parents ? Cela vous paraissait-il seulement concevable ? Non, pour la plupart d’entre nous. Vous pouviez commencer à le concevoir une fois entrés en adolescence et encore n’est-ce pas vrai pour tout le monde. Ce n’est, notamment pas vrai pour les enfants ayant eu à subir l’un de ses parents abusifs. Le grand nombre des adolescents, au moins ceux qui n’ont pas eu à subir la pression de parents abusifs, vit même, dans son évolution naturelle et nécessaire, ce qu’on appelle la crise d’adolescence. Le plus souvent, les victimes de parents abusifs ne peuvent entrer dans cette phase de crise aiguë pourtant nécessaire pour « tuer le père », donc pour concevoir une vie sans « père », sans « mère » et vouloir pleinement entrer dans l’âge adulte.

Là encore, il en va de même pour les sociétés par rapport aux pouvoirs. A force d’avoir été maintenus sous la pression des pouvoirs abusifs, nous ne parvenons même pas à concevoir une société sans pouvoir. Les peuples, au final, n’ont pas encore fait leur crise d’adolescence et restent étroitement dépendants des divers pouvoirs existants. Le pire étant justement que la pression du « pouvoir père abusif » a fini par anesthésier en nous la capacité même d’imaginer une société sans pouvoir.
Pourquoi le pouvoir est-il une étrangeté ?

Je persiste à dire que le principe même du pouvoir est un anachronisme quitte à choquer. A mes yeux, la raison en est évidente et j’ai peine à comprendre que cette vérité n’éclate pas aux yeux de tous mes contemporains, sans la moindre exception.

Certes, pour me suivre sur ce terrain, il faut avoir une vision très grande de l’humain, homme comme femme, collectivité comme individualité. Qui donc me prouvera qu’un seul humain, quel qu’il soit, au moment de sa naissance, alors que nul acte n’a encore marqué sa toute nouvelle existence, serait inférieur ou supérieur à tout autre ? On pourra me raconter tous les bobards possibles, tenter de les justifier par les religions, les cultures, les couleurs de peau, la façon de vivre, rien ne me convaincra plus jamais qu’un seul humain, quel que soit son rôle ou son rang dans la société, serait supérieur à un seul autre. C’est irrémédiable chez moi !

Egaux en dignité et en importance, nous sommes nés ; égaux en dignité et en importance, quelles que soient les vicissitudes de nos vies, nous resterons.

Si l’on accepte ce postulat, alors, il devient immédiatement évident que le principe de pouvoir n’a plus de fondement, sauf en tant que service rendu par les uns en faveur de tous les autres. Mais il est évident que rendre service n’est pas synonyme d’enrichissement personnel, de gloire à obtenir à n’importe quel prix et de fortunes immenses à bâtir. Or, pour l’essentiel, et c’en est presque caricatural aujourd’hui, le pouvoir n’a pas pour caractéristique de servir, mais de se servir. Ceux qui veulent le pouvoir, qui font tout pour l’obtenir, qui l’exercent, c’est incontournable, se considèrent naturellement supérieurs à ceux qu’ils se sont donné pour charge de gouverner. Majoritairement, les politiciens vivent de ce sentiment de leur supériorité naturelle et évidente, en particulier tous ceux, en France, qui sortent de l’ENA.

On en a encore vu les effets délétères [1] après la volonté des Français de rejeter le texte constitutionnel européen. Ce fut une levée de boucliers de tous ceux, pouvoirs politiques comme médiatiques qui ne purent accepter ni tolérer qu’un peuple, par définition ignare, donc inférieur, puisse voter le contraire de ce qu’eux préconisaient, eux qui détiennent naturellement la vérité infuse puisqu’ils nous sont supérieurs, puisqu’ils imaginent être « l’élite »...
Le cas de Gandhi

Le cas du mahatma Gandhi est exemplaire par rapport à ce que je veux décrire. En cela aussi, il est d’une actualité criante, en fait, il est, même à présent, presque soixante ans après sa mort, largement en avance sur la foule des humains. Il est possible, même probable, que d’autres personnages exceptionnels ont fait le même choix que je vais expliquer, mais je ne connais, personnellement, que son cas.

Le choix qu’il a fait était celui qui, à mon avis, sera notre futur, du moins si nous voulons devenir adultes en tant que peuples, si nous ne voulons pas disparaître en tant qu’humanité. Cet homme avait, en Inde une aura particulière et immense, à la fois par son incroyable volonté, son combat non-violent, sa sagesse et par l’exemple personnel qu’il donnait sans cesse. Pour lui, combattre, ce n’était pas mettre les autres en avant pendant qu’il donnait des ordres. Combattre, pour Gandhi, c’était se mettre à la tête de tous, c’était accepter la prison, c’était risquer sa vie à tous moments, notamment au moment de ses grèves de la faim. Il aurait pu réclamer le pouvoir, la grande foule se serait précipitée pour le lui offrir. Ses amis le lui proposèrent. Il a toujours refusé, et là, est l’une des facettes de sa grandeur exceptionnelle.

Les politiciens du genre de ceux que nous avons à endurer aujourd’hui, par exemple un GW Bush, un Tony Blair, un Nicolas Sarkozy et la foule des autres, ne peuvent comprendre une telle attitude. Ils ne pourraient considérer ce genre position que comme une lâcheté, un abandon alors même que c’est la seule attitude de respect du peuple et de soi-même. Un père qui aime véritablement ses enfants, leur enseigne tout ce qu’il sait, puis s’efface en espérant que l’enfant, devenu adulte, le dépassera en tout domaine. Nos politiciens actuels, tout au contraire, feraient n’importe quoi pour arriver au pouvoir, tant ils en sont avides, et ils feraient pire pour s’y maintenir.

Nicolas Sarkozy qui a fait rire la France entière lorsque, peu de jours avant le référendum du TCE il a lancé aux journalistes ou à ses admirateurs « je ne suis candidat à rien », est l’exact contraire d’un Gandhi. Il a dit à propos de Dominique de Villepin, mais si mes souvenirs sont bons, sans le nommer, juste avant la composition du nouveau gouvernement, qu’il n’était pas bon qu’un Premier ministre ne soit pas un élu, qu’un tel personnage signait là son manque de courage. Cela ne veut évidemment rien dire, surtout lorsqu’on sait que les dés sont pipés, que pour être élu il faut être coopté par un parti et surtout, disposer d’une fortune conséquente. A ce niveau, si l’on prend un peu de distance, on se rend compte que ce genre de déclaration correspond à un niveau de « gosse », voire de « sale gosse ». Mais où se trouve l’intérêt du peuple dans tout cela ? Nulle part, bien sûr... Ce genre de propos et d’attitude transpire l’ambition personnelle, démesurée, et n’a pas d’intérêt, mais surtout est totalement contraire à l’intérêt du peuple. Ce genre de prise de position, de déclaration dont la majorité des politiciens ambitieux se rendent coupables, devrait déjà nous éloigner de l’idée d’élire de tels individus. Rien de bon, dans le sens de la démocratie, dans le sens d’une élévation des peuples vers leur âge adulte, ne peut être voulu et appliqué par ce genre de personnage. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, s’il devait être élu, on comprend facilement qu’aucune évolution du peuple ne sera possible, seule sa régression sera la réalité et cela sans même parler du programme politique ; cela se comprend sur le seul caractère d’un tel personnage.

Gandhi, sans doute, avait compris que le temps n’était pas venu pour son peuple de vivre sans la domination d’un pouvoir. Mais au moins, ne voulu-t-il pas prendre part à ce qui ne pouvait, tôt ou tard, que se traduire par le maintien de l’Inde dans l’enfance des peuples. Il était trop grand pour accepter de se rendre complice d’un tel acte de domination abusive.

C’est, je le crois, notre devoir, du moins celui de tous ceux qui voudraient aider l’humanité à grandir, de chercher à comprendre pourquoi après tant de millénaires les hommes se battent toujours, pourquoi ils entretiennent en eux-mêmes la haine, le racisme qui n’a pourtant nul fondement. Et il se trouve que le principe du pouvoir secrète en lui-même ces divers poisons, qu’il les cultive, fait tout pour les pérenniser. Nous tenterons de voir cela dans les prochains articles...

En mon for intérieur, j’ai la conviction que les peuples doivent devenir adultes et de ce fait, doivent tout faire pour se passer des pouvoirs, de tout faire pour les rendre, peu à peu, caduques. Mais il faut être conscient aussi qu’une notion comme celle-ci, c’est-à-dire des nations sans les pouvoirs, mettra peut-être des siècles à voir le jour. Peu importe, l’important, c’est que la notion existe et qu’elle fasse, au rythme qui lui est nécessaire, sa route.

Si un chemin est long, voire interminable, et peut-être même pénible, cela ne veut pas dire qu’il ne mène nulle part ou qu’il serait une erreur de destination. Devenir un adulte signifie apprendre durant toute l’enfance l’acceptation de la frustration. Tant que l’individu n’a pas réussi ce chemin chargé de contrariétés diverses et répétées, de véritables souffrances quelquefois, il ne sera pas adulte dans l’esprit, même si son corps en a tous les aspects et l’âge. Or, si l’on considère ce qu’est dans son fondement même, la société de consommation, voulue, appliquée, imposée par les gouvernants, les financiers, toutes les « élites » qui prétendent nous gouverner pour notre bien, nous comprenons aisément que c’est une société dont la philosophie est bel et bien de nous éloigner de toute frustration, de manière à laisser la majorité des peuples dans l’enfance ou dans l’adolescence sous domination de « pères abusifs » et cela au prix de la misère d’une grande foule sacrifiée à la non-frustration des autres.

Les buts de ces « mauvais maîtres du pouvoir », outre de nous maintenir en enfance étant bien sûr d’assurer leurs fortunes, leurs pouvoirs, leurs pauvres fausses gloires. Que ne feraient-ils pas pour pérenniser ces trois « avantages » qui ne sont, en fin de compte, que la traduction de leur immense faiblesse de caractère ? Etant issus du même moule des sociétés enfantines ou adolescentes, ils vivent de ce principe eux-mêmes et, parce qu’ils se sont trouvés dans des circonstances particulières, milieu familial, culture élitiste et ambitieuse, ils perpétuent ce système qui les sert si bien. Ils ne sont donc, eux-mêmes, que des « adolescents » qui s’ignorent, ce qui, évidemment, aggrave la situation des peuples. Des aveugles conduisant d’autres aveugles, c’est l’image qui convient le mieux aux pouvoirs conduisant les peuples.

En résumé de cette deuxième partie de l’analyse, je dirais que les peuples dominés par les pouvoirs abusifs, dans le principe des pères abusifs, n’évolueront pas. Tout comme les êtres manipulés par des parents abusifs, le plus souvent inconscients des raisons profondes de ce qu’ils subissent, ils seront toujours faciles à manipuler : pour les envoyer à la guerre ; pour leur faire croire qu’ils doivent vivre dans une prison à ciel ouvert au nom de leur sécurité ; pour les faire marcher au pas des nationalismes et des musiques martiales, etc. Puisque le « père pouvoir » l’affirme et le veut, le peuple « adolescent dominé » ne trouve rien à y redire...

Réfléchissez bien à tout cela. Le sens de nos combats, de notre combat nécessaire, peut changer. Et notre façon de voir le pouvoir et ceux qui s’en servent, peut changer également. On peut comprendre que ces gens, si détestables que soient leurs idées, leur façon de gouverner, s’abusent eux-mêmes. Comprendre cela doit nous mener à les considérer comme adversaires et non pas comme ennemis ; comprendre cela, peut et doit nous amener à combattre leurs idées, non pas par la violence, mais par une non-violence extrêmement active et ferme.

Hors ligne

#2  03-10-2005 15:26:06

Aragorn
 

Re: Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ?

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 3 -

mardi 9 août 2005, Jean Dornac



Partant du postulat [1] que j’ai posé, c’est-à-dire que le pouvoir, dans pratiquement chaque cas où il s’est exercé, fut abusif envers les peuples à la manière dont certains pères (ou certaines mères) peuvent être abusifs, nous pouvons aller plus loin. Je rappelle aussi, que l’une des raisons, selon moi, qui justifient aux yeux de ces pouvoirs la « pression abusive » est bel et bien de maintenir les peuples dans un âge correspondant à celui d’un enfant ou au mieux d’un adolescent, que cette volonté soit consciente ou non.

Il y a évidemment bien d’autres raisons qui motivent, en amont, ces pouvoirs abusifs. Mon analyse ne tend pas à démontrer que, pour ne citer que ces deux-là, le capitalisme ou la féodalité, ces formes de pouvoirs abusifs et criminels ne sont pas ou ne furent pas également les causes du comportement odieux des politiciens, rois ou autres empereurs. En fait, ce sont les fondements même des pouvoirs abusifs. Et si l’on remonte encore plus en amont, au fin du fin, nous retrouvons la nature humaine dans toutes ses tragiques faiblesses que sont l’orgueil, la vanité, le besoin d’amasser des fortunes le tout dans une sécurité la plus absolue possible, sécurité, bien sûr, dans le sens de la pérennité de la satisfaction de ces faiblesses. D’ailleurs, pour le besoin d’amasser des fortunes ou des biens, ainsi que d’assurer le sentiment de sécurité, ne serait-ce pas, là encore, des réflexes hérités de la nuit des temps, hérités des époques où il fallait engranger les vivres, les armes pour survivre, assurer la sécurité du groupe ainsi que la sienne propre ?

Mais, dans une analyse comme celle-ci, nécessairement courte, quelques articles au plus, je ne peux pas non plus entrer dans tous les détails qui expliquent les dérives des pouvoirs et les motivations profondes, toutes liées à la nature humaine, toutes liées aussi, comme arguments à des idéologies diverses, voire à des religions. La vie, le pouvoir, toutes ces choses sont d’une complexité sans borne. Les pouvoirs abusifs sont la résultante de tous ces faits, liés à la nature humaine. En tout premier lieu, pour servir les intérêts que réclame notre nature encore trop instinctive, mais aussi tout ce que l’esprit humain a inventé comme idéologies au service rarement désintéressé de cette nature humaine... Nous ne pouvons pas tout appréhender de ce qui nous commande, de ce qui commande la nature et la forme des pouvoirs. Il faudrait pour cela, sans doute, une vie complète de chercheur... De ce fait, nombreux serez-vous, sans doute, à regretter que je n’aborde pas tel ou tel aspect de la problématique posée par le pouvoir et ses abus. Au demeurant, et c’est une invitation à tous ceux qui s’en sentent la capacité, rien ne les empêche de proposer, sous forme d’articles, des compléments pour développer ce qui leur semble manquer. Il faut comprendre que je ne cherche pas à imposer une opinion ou un postulat, mais à provoquer la réflexion et, si possible, le débat public, au moins sur le site.

Entrons à présent dans la suite de l’analyse, en n’oubliant pas le postulat posé. Regardons de plus près ce qu’il en est de la « légitimité » du pouvoir...
Le pouvoir est-il ou non légitime ?

N’y a-t-il jamais eu, dans le sens le plus grand, un pouvoir que fût « légitime » ? Encore une question dérangeante, n’est-ce pas...

Le problème de la légitimité du pouvoir aux origines humaines ne s’est sans doute pas posé dans ces termes. Je suis persuadé, mais ce n’est qu’une conviction intime, que le pouvoir au sein des petits groupes d’humains de ces temps-là se prenait, ne se discutait pas, ou très peu, puisqu’il était lié avant tout à la capacité de force physique de ceux qui défendaient ces groupes. D’autres, possédant des connaissances que je n’ai pas, pourraient dire à quel moment, plus ou moins précis de l’histoire humaine, la nature du pouvoir s’est transformée, passant d’un pouvoir tribal ou clanique à un pouvoir partagé par des « assemblées ». Je pense notamment au sénat romain ou, avant lui, à son équivalent grec. Y a-t-il un moment précis, un peuple précis qui a procédé à ce changement ou cela s’est-il institué peu à peu ?...
Légitimité octroyée par Dieu ?

Si l’on suit ce que dit la Bible, dans la mesure où elle a effectivement une part historique sérieuse, ce serait Dieu qui aurait institué la royauté pour les hébreux et si mes souvenirs sont bons, ce serait au travers de la parole de certains prophètes. C’est là un problème de foi qui ne peut être partagé par tous à notre époque et de plus, ce n’est pas valable pour l’ensemble des peuples de la terre, du fait de la diversité des religions. Evidemment, pour des esprits religieux, cet exemple était fort, et notamment très intéressant pour les hommes désireux de prendre les rennes du pouvoir avec les apparences de la légitimité. Si la royauté était instituée par Dieu, si donc les rois étaient, de ce fait, choisis, désignés par Dieu, la légitimité de ce pouvoir ne pouvait même pas être remise en cause puisque cela revenait à se dresser contre Dieu Lui-même. Et nous l’avons vu dans les siècles qui ont suivi et sous plusieurs cultures successives, Dieu, dans quelque religion que ce soit, quel que soit le nom qu’on lui donnait, au moins dans le « monde connu », était toujours invoqué pour affirmer la légitimité du pouvoir, y compris celui des pires tyrans. Dieu est un magnifique alibi pour asservir les hommes à un pouvoir qui n’a rien de plus qu’humain, qui n’a que des objectifs très humains, je dirais même pauvrement humains si l’on tient compte de la faiblesse de la nature humaine. Le meilleur exemple, aujourd’hui encore, reste George W Bush qui ne cesse d’invoquer Dieu pour justifier son pouvoir et les drames qu’il provoque...
Alors, la légitimité octroyée par Dieu, il faut vraiment faire un très gros effort pour y croire... Au mieux, lorsqu’on est croyant sans être assujetti à une religion, on peut penser que Dieu laisse faire et que c’est une légitimité accordée par défaut... Sans quoi, la liberté accordée à tous les hommes par leur Créateur, ne serait qu’un vain mot...
A partir de la révolution française...

Pour examiner la « légitimité » du pouvoir aujourd’hui, nous pouvons faire un bond de plusieurs millénaires, pour arriver à la révolution française. Là, plus question de légitimer le pouvoir au nom d’un Dieu rejeté parce que trop lié à la royauté honnie, à la tyrannie permanente.

Ce furent quelques années folles si on les compare aux siècles précédents. Désormais, et sans doute étaient-ils sincères, selon ces révolutionnaires le pouvoir revenait au peuple ; c’est lui qui était souverain. Au plan de la pensée humaine et du sens démocratique, ce fut une avancée considérable, certes, bien préparée par les philosophes du siècle des lumières. Et il n’y a rien d’étonnant à ce que ces mêmes hommes et femmes aient conçu les « droit de l’homme ». En soi, c’est extraordinaire parce que totalement contraire aux coutumes, traditions et autres héritages du passé.

Mais après la plus belle période de cette révolution, quelle fut l’opinion du peuple soi-disant « souverain » ? Je n’ai pas suffisamment de connaissances historiques précises pour affirmer une chose ou son contraire concernant cette époque. Cependant, il faut croire que le peuple ne suivit pas comme un seul homme. Sans quoi la Terreur ne se serait pas également attaquée aux simples citoyens en plus des nobles. Bien sûr, de nombreux éléments intervinrent, comme par exemple la foi en Vendée... Mais, au bout du compte, et schématiquement, très vite, les têtes de la révolution, pour l’essentiel des gens issus de la bourgeoisie de l’époque, tinrent le peuple à l’écart. Ce fut le parlement qui représenta les « intérêts du peuple ». Mais qui étaient les députés en ces temps sinon des bourgeois, des érudits, qui défendaient les intérêts de la nouvelle caste aspirant, depuis longtemps, à prendre et s’accaparer le pouvoir désormais vacant. Que savaient-ils de la vie du peuple encore essentiellement paysan ? Peu de choses sans aucun doute. Auraient-ils, plus qu’aujourd’hui, confié le pouvoir à des paysans ? Non, bien sûr...

Passons sur la période de l’empire qui effaçait presque tous les acquis de la révolution, qui, au travers du couronnement fait par le pape, revenait à nouveau à déclarer que Napoléon tenait son pouvoir dictatorial par la volonté de Dieu. Oublions aussi la Restauration, cette résurgence provisoire d’un passé définitivement enterré. On se rend compte, néanmoins, que tous les pouvoirs qui se sont succédé sur une centaine d’année en France, Terreur comprise, ont agi dans le même sens du « père abusif » ne respectant en rien la volonté du peuple, imposant ses diktats, ses croyances, parfois opposées, empêchant par ce biais la maturation du peuple.

Il en est allé ainsi jusqu’à nos jours, de nouvelle République en nouvelle République en passant par le régime de Vichy. Tout au plus, peut-on considérer que le Front Populaire, dans ses débuts, respecta un peu plus le peuple, lui donnant, enfin, des droits méconnus jusque-là. La situation, depuis 1974, s’est très sérieusement dégradée pour revenir à une espèce de monarchie qui ne dira pas son nom.

Le type de gouvernement actuel est très semblable à la royauté si l’on excepte la présence d’un roi... encore que... Les fondements, motivations et intérêts ne sont pas différents. De plus en plus, si on l’observe objectivement, c’est bien une « petite noblesse » de politiciens qui accapare le pouvoir depuis trente ans au moins. A quelques variantes près, ce sont les mêmes individus qui dirigent le pays, qui imposent leurs vues ne demandant son avis au peuple que pour la forme et au travers d’élections qui n’ont plus de sens. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ces personnels politiques servent la même politique, hormis quelques détails essentiellement de discours. Ne sont-ils pas formés, pour l’essentiel à la même école, l’ENA ? On les forme dans le même moule, pour la même fonction. A eux, à la sortie de l’école, de trouver à se faire embaucher à droite ou à gauche, éventuellement au centre. Mais de convictions, là-dedans, il faut se lever tôt pour en apercevoir ! Ce sont des sortes d’ « animaux » très adaptables en fonction de l’employeur qui voudra bien d’eux. S’ils sont d’accord sur l’essentiel, et presque toujours en désaccord officiellement pour respecter les apparences, il est un point qui fait l’unanimité ; le pouvoir ne doit pas échapper à l’un d’eux. Hors de question d’accepter que le peuple, cet ignare de toujours, choisisse un parti qui n’ait pas une « vocation majoritaire », comme disait si bien M. Raffarin. Les énarques ne se trouvent qu’exceptionnellement (s’il s’en trouve !) dans les partis qui n’ont pas l’honneur de posséder une telle vocation...

De même, ils se retrouvent tous pour affirmer qu’aujourd’hui, il n’est plus d’autre politique possible que celle de la mondialisation marchande et financière. Ils se rejoignent aussi pour nous inculquer la peur, la peur de tout ; la croissance comme seul dogme pour l’humanité... Cherchez donc une différence notable...
Légitimité ?

Si le peuple est souverain, la légitimité du pouvoir ne peut venir que de son choix ; ça, c’est un fait et non pas un vœu pieux si l’esprit véritablement démocratique est respecté.

Cependant, nuance d’importance, pour les politiciens, tous d’accords sur ce point, la légitimité est respectée à partir du moment où une majorité du peuple a voté pour l’une ou l’autre composante qui sert le même régime. Cette légitimité, par rapport au droit, dont il ne faudrait tout de même pas oublier trop vite qu’il est écrit par les détenteurs du pouvoir, est respectée, mais seulement dans les apparences.

En effet, que signifie une légitimité arrachée par la propagande et plus encore par la manipulation de langage, les tromperies souvent abjectes au regard de la simple vérité des faits ? Quelle est la réalité d’un choix, donc d’une légitimité obtenue par le mensonge et la manipulation. Le droit, dans ce cas, n’est plus qu’au service du plus menteur, du plus roublard et devient de ce fait une sinistre farce. Et, au regard de la vérité des faits, du respect d’un minimum de sens moral, seul élément qui m’intéresse personnellement, la légitimité n’est plus la réalité de ce pouvoir. Nulle légitimité réelle ne peut exister si elle est basée sur le mensonge, la tromperie permanente et la manipulation de masse.

Parce que les pouvoirs illégitimes actuels sentent que leurs mensonges, leurs manipulations ont de moins en moins de prise sur un peuple dont de très nombreux citoyens ne sont plus dupes de la réalité, ils accentuent, jusqu’à la caricature, ces mensonges et manipulations. C’est ainsi que nous en sommes arrivés, avec le référendum du TCE à l’absurdité que nous avons presque tous dénoncé sur internet qui consistait à laisser au peuple comme choix de réponse : le oui ou le oui !

Quelle est la légitimité d’un pouvoir, par ailleurs, dès lors que pour être candidat à une élection, il faut soit être « parrainé » par un groupe financier, médiatique, politique et posséder une fortune personnelle conséquente ? Il n’y a pas non plus de légitimité morale du pouvoir dans ce cas. Les nobles, dans le passé, souvent, achetaient leur charge ; les élus de ce temps ont retrouvé les mêmes dérives.

Les pouvoirs dans les démocraties des pays riches, de ce fait, ne sont plus légitimes par rapport à la vérité du sens démocratique. Ce n’est plus qu’une vaste « pantalonnade » ! Quoi d’étonnant, après ce constat, que nos pouvoirs délèguent leurs prérogatives, sans avoir consulté le peuple, à des instances pas même élues, comme l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale, etc. Cette dérive est logique puisque, désormais, les politiciens ont une double casquette :
- Asservir les peuples par une propagande toujours plus intense, ensuite par la peur, puis une surveillance de plus en plus étroite, enfin par la force et le crime, comme tout récemment dans le cas du jeune brésilien froidement assassiné de cinq balles dans la tête par des policiers, ou la sauvagerie dont ont souffert les participants du « technival » en Tchécoslovaquie fin juillet. (voir Czechtek : Répression Sanglante) Le même principe est appliqué, à la perfection par un Nicolas Sarkozy qui nous impose partout et pour n’importe quoi, la présence de sa police, qu’il y ait ou non un bon argument. Cette police, espèce de « père fouettard » mais en nettement plus cruel et intéressé, n’a pas pour fonction de nous protéger, mais bien d’inspirer la peur pour que le peuple, de moins en moins dupe, de plus en plus en colère, ne tente pas de résister ou de se révolter.
- La deuxième casquette, non exprimée ouvertement, mais pourtant bien visible, est d’être au service de ceux qui commandent réellement au niveau mondial : Les grands financiers, les multinationales, tous ces acteurs dictatoriaux de la mondialisation financière et marchande, cette forme de mondialisation qu’ils imposent par la force et sans la moindre consultation électorale à tous les peuples. Leur seul échec, pour l’instant, mais il fut significatif, puisque ce fut la seule fois que l’enjeu fut suffisamment clair, c’est le refus des Français de voir institutionnaliser le libéralisme en Europe.

Peu, trop peu de gens, ont compris que ce refus est l’expression d’une prise de conscience, donc d’un pas vers l’âge adulte du peuple. Le « père pouvoir abusif », avec tous les moyens qui sont les siens, ordonnait à l’ « enfant peuple obéissant » de céder à son injonction. L’enfant a refusé, ou l’ado s’est révolté. Ce peuple auquel nous appartenons, de ce fait, porte sur ses épaules une très grande responsabilité : C’est à lui, bien plus qu’au peuple hollandais qui semble (mais ce serait à vérifier) avoir voté NON pour des raisons inverses aux nôtres, de montrer le chemin qui mène vers l’âge adulte. Saurons-nous relever un tel défi, et porter une telle responsabilité ?


Bref résumé des trois premiers articles de l’analyse : Le postulat posé indique que les pouvoirs, pratiquement sans exceptions, fonctionnent face aux peuples, à la manière d’un « père » (ou d’une mère) abusif. De ce fait, et par volonté, consciente dans certains cas, inconsciente dans d’autres, ces pouvoirs maintiennent les peuples dans la dépendance et les empêchent d’accéder à l’âge adulte.
Le postulat pose que pour être adultes, ces peuples doivent accéder à une vie sans les pouvoirs devenus inutiles. Enfin, nous avons vu également que si les pouvoirs d’aujourd’hui sont légitimes par rapport au droit, écrit et décidé par et pour les pouvoirs eux-mêmes, ils sont illégitimes au regard du « droit moral » non écrit mais fort bien compris par les peuples.

La création d’une élite implique que celle-ci se considère nécessairement comme étant au-dessus du lot, dès le moment où elle entretient pour elle-même et en elle-même la croyance qu’elle est l’élite. Le « lot » étant le peuple, la plèbe, voire pour certains la racaille... Ce « lot » est toujours considéré comme inculte, incapable de comprendre les tenants et les aboutissants d’une décision qui, pourtant, le plus souvent, ne semble nécessaire et utile qu’à ces élites. Un parent abusif, saura, lui aussi, toujours faire comprendre à l’enfant ou l’adolescent qu’il maintient sous sa domination, qu’il est nul, incapable de réaliser quoi que ce soit...
Quelques exemples contemporains de cet exercice du pouvoir

Comme exemple frappant, nous pouvons considérer le choix du nucléaire en France, depuis trois décennies. Au départ, il y avait ce qu’on a appelé la « crise pétrolière ». Cette crise, à bien y regarder, n’était que la conséquence du réajustement des prix du pétrole, prix maintenus à un niveau excessivement bas par les compagnies pétrolières occidentales, volant de fait, les ressources naturelles des pays producteurs de l’or noir. Les véritables propriétaires de cette ressource naturelle décidèrent de mettre, tout à fait légitimement, fin à cet abus ne profitant qu’aux sociétés pétrolières étrangères et aux économies des pays dont étaient issues ces sociétés.

En France, pour pailler le manque soudain d’or noir, pour pallier une facture de plus en plus lourde, la propagande de l’époque s’appliqua à nous persuader que si « la France n’a pas de pétrole, elle a des idées ! » Le ridicule d’une telle propagande ne fut pas toujours perçu par le peuple. Cette manipulation à l’adresse du peuple, grossière dans les termes, mais subtile dans ses desseins, allait permettre de faire admettre comme naturelle et indispensable l’énergie nucléaire. Il fallait bien, pour justifier la maxime très méprisante à l’égard des pays producteurs, amener ce qui constituait, aux yeux du pouvoir, l’idée maîtresse.

On nous imposa donc la « merveille » qu’était le nucléaire, l’énergie inépuisable, parfaitement maîtrisée, propre, si peu chère et qui allait, enfin, nous offrir notre indépendance énergétique... Le pouvoir, à l’époque, était dans les mains de Valéry Giscard d’Estaing et de ses amis. Ce qui ne fut pas crié sur les toits des chaumières françaises, c’est que la famille du président possédait de très gros intérêts dans le nucléaire. Et comme par hasard, le nucléaire devint, presque du jour au lendemain, l’énergie qui « sauverait » la France. La décision fut prise de construire des dizaines de centrales nucléaires tout en imposant, dans les médias, une propagande très lourde sur les avantages de cette énergie réputée « propre ». Tchernobyl n’était pas encore passé par là...

Mais le peuple, lui, fut-il jamais consulté ? Evidemment non ! Depuis, fut-il consulté ? Evidemment non ! Et à la veille d’une politique de relance du « tout nucléaire », le pays est-il consulté ? Evidemment non !

Mais lorsqu’une partie du peuple gronde, n’étant pas dupe quant aux dangers considérables de l’industrie nucléaire, le pouvoir, seul « souverain », méprisant totalement le peuple dominé et infantilisé par la propagande, ce pouvoir réputé, « issu du peuple », lance ses forces de répression contre les ignares. Ce fut le cas à l’occasion de la construction de la centrale de Creys-Malville, et la répression fut cause de mort d’homme...

On voit par cet exemple l’irrespect absolu du pouvoir face à la volonté du peuple. Le peuple n’est souverain que sur le papier et dans les discours destinés à le flatter pour l’endormir. Dans la réalité des faits, le seul « souverain » est le pouvoir, autrement dit une caste de politiciens, celle que j’ai décrite dans la partie 3 de l’analyse.
L’élite passe à la folie par l’orgueil.

La création de la notion d’ « élite », à laquelle s’assimile la quasi-totalité des pouvoirs, politiques, médiatiques, financiers, industriels, scientifiques, religieux, etc, est le produit d’un orgueil qui ne demande qu’à enfler de plus en plus. Chose qu’avait parfaitement décrite Jean de la Fontaine dans sa fable « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf ». L’orgueil ne se satisfait jamais de lui-même et gonfle, jusqu’à mener à la folie le malheureux qui lui est soumis. Cet orgueil ordonne à ceux qui se laissent ainsi dominer par ce déplorable défaut, de se considérer toujours comme supérieurs au « lot » ; il les conduit à ne considérer comme vrais et valables que leur volonté, leurs aspirations, leurs intérêts personnels ou de caste. Cette façon de penser qui se transforme très rapidement en « pensée unique », propre à chaque pouvoir, conduit ces gens à user de la propagande et du mensonge. Si ces manipulations ne suffisent pas, les pouvoirs orgueilleux par nature utilisent les forces de répression afin que le peuple abdique toute sa souveraineté. En fait, le pouvoir abusif, n’admet aucune contradiction.

Il ne faut pas négliger le danger qui est étroitement lié à l’orgueil. C’est bien ce mal profond, capable de tout détruire y compris celui qui se laisse gouverner par lui, ce mal propre au seul genre humain, qui offre suffisamment de génie à ses victimes pour construire les idéologies les plus monstrueuses. Ce « génie » généré par l’orgueil et ses intérêts, construit, pour perdurer, la pensée unique propre à chaque pouvoir, disais-je il y a un instant. J’ajoutais que l’orgueil, par nature, dévore tout en l’homme puisqu’il enfle et ne peut qu’aller dans ce sens.

C’est dans cette mesure que l’on comprend que la mondialisation financière et marchande actuelle, basée sur une idéologie profondément ancrée dans un égoïsme proche de l’absolu, a fini par construire la « pensé unique » qui cherche cette fois à devenir universelle. Cette tendance à vouloir atteindre l’universel montre le degré de folie intrinsèque à l’orgueil... Cette prétention à l’universel montre aussi que l’humain est en danger bien au-delà de ce qu’il n’a jamais connu. En quelques millénaires, et pour schématiser, on peut considérer que l’orgueil fou et individuel et passé, de cap en cap, à des échelles sans cesse plus grandes et tend à atteindre désormais le degré absolu qu’est l’universel. Et lorsque la folie atteint un tel degré, toute vie est en danger, comme nous le constatons déjà : écosystème, faune, flore et humanité.

L’exercice actuel du pouvoir, son mépris absolu de la souveraineté populaire, pourtant inscrite dans la Constitution, le conduit, le plus souvent au mensonge et à la tromperie par la propagande et la manipulation, comme je l’ai déjà dit. L’exemple le plus frappant de ces dernières années reste bien sûr toute la campagne référendaire du TCE. Mais comment ne pas mettre sur le même plan les ordonnances de Dominique de Villepin, ces ordonnances qui créent le CNE (contrat nouvelle embauche) ? La propagande gouvernementale dit qu’il s’agit de favoriser l’emploi qui, paraît-il, se trouverait entravé par le Droit du travail. Or, pour favoriser l’emploi, ces ordonnances le rendent précaire sur une période de deux ans, autant dire définitivement. Lorsque nous affirmons que les patrons, ravis de l’aubaine, qui se serviront de ce CNE chercheront à licencier leur personnel actuel pour le remplacer par les malheureux assujettis à ce nouveau contrat, le pouvoir nous présente comme des extrémistes, menteurs de surcroît. Mais comment expliquer autrement que ce gouvernement, ces derniers jours, assouplit parallèlement les règles de licenciement et qu’en même temps ou presque, il durcit par décrets le contrôle des chômeurs et les sanctions encourues si certains de ces derniers refusaient les emplois imposés, sous-entendu le CNE ?
Pas mieux ailleurs, bien sûr...

Ailleurs, du côté de MM. Bush et Blair, à les écouter, ils ont envahi l’Irak pour sauver le peuple écrasé par un tyran sanguinaire. Et ce tyran, d’un bien petit pays, selon les agresseurs, était un immense danger pour la planète entière, rien que ça ! Les faits ont démontré, ont prouvé, ce que nous avancions dès le départ, c’est-à-dire que tout, dans cette tragique histoire n’était que mensonge au service de la plus misérable cause qui soit, le vol du pétrole irakien.

Le même type de scénario peut se répéter partout. Les pouvoirs usent et abusent d’actes criminels qu’ils justifient et qualifient comme des actes au service des peuples. Pour résumer, je dirai, métaphoriquement, que pour satisfaire l’immensité de leur orgueil et de leurs intérêts personnels (et de caste), les politiciens de ce temps, sans doute encore bien plus lourdement que leurs prédécesseurs, font appel à Dieu pour servir le diable... Rappelez-vous, les « pays du bien » contre les « pays du mal »...
Un pouvoir dévoyé

L’exercice actuel du pouvoir revient à n’octroyer de valeur au peuple que dans la mesure où celui-ci abdique sa souveraineté. Tout est fait, sans cesse dans ce sens, et dans ce sens uniquement. Cette évidence montre à quel point ces pouvoirs suivent la mentalité des parents abusifs. Il faut, dans les deux cas, enfants comme peuples, que ces derniers renoncent à leur droit à l’autonomie, à leur droit de devenir adultes. Et dans les deux cas, le parallèle étant même saisissant, les tyrans, pères ou pouvoirs abusifs, pratiquent cette façon d’agir pour ne pas perdre une seule parcelle de leur pouvoir.

Sur un plan de morale élevée, dans le sens le plus grand, ces détenteurs du pouvoir ne respectent rien, en fin de compte : ni leurs victimes, enfants ou peuples, ni eux-mêmes puisqu’en rien ils ne se grandissent. L’orgueilleux, entre autres défauts, ne réalise plus ce qu’il est devenu, ne comprend pas la profonde laideur qui se dégage de ses actes et finalement de sa propre personne. Imbu de lui-même jusqu’à l’aveuglement complet sur tout ce qui le concerne, il détruit tout ce qu’il touche et de plus en plus à mesure que son orgueil prend de l’importance. Au final, il dévore progressivement et méthodiquement tout ce qui fit sa conscience. Persuadé qu’il est parfait par essence, il ne comprend pas que le peuple se dresse face à lui et il ne peut que mépriser cet ignare qui est trop bête pour le comprendre, lui, le parfait.

Combien d’exemples de ce type n’aurons-nous pas vus, dans le monde entier et en toutes époques ? Combien de morts, de destructions, de souffrances illimitées liées à cet orgueil absolu ? Les peuples auront payé un tribut excessivement lourd à l’orgueil de quelques-uns...

Face à ce type de pouvoir qui, désormais s’est mondialisé, il est autant nécessaire que légitime de construire la résistance des peuples...

Hors ligne

#3  03-10-2005 15:53:21

Aragorn
 

Re: Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ?

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 5 -

jeudi 11 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

- Postulat : Les pouvoirs, presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans l’âge d’enfance ou éventuellement en âge d’adolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir.
- Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien.
- Nous avons vu, au travers de quelques exemples, avec l’article 4, que l’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, n’a, logiquement, rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ».

Qui dit pouvoir moralement illégitime, qui dit encore exercice du pouvoir moralement illégitime, dit aussi son corollaire inévitable : « A pouvoir illégitime, résistance légitime. »
Légitimité de la résistance

Bien entendu, aucun tenant du pouvoir, aucun politicien appartenant à un parti dit « à vocation majoritaire » n’acceptera de reconnaître que notre résistance est légitime. Pas plus qu’il ne pourrait ni ne voudrait reconnaître que son pouvoir, celui qu’il sert et dont il se sert, est illégitime. Il brandira toujours les « tables de la loi », religieuses dans le passé, républicaines aujourd’hui.

Mais, pour un esprit subversif, c’est-à-dire un esprit libre, autrement dit un esprit qui cherche le renversement, même de manière non-violente, de l’ordre social ou politique, l’illégitimité du pouvoir est évidente et ce pouvoir ne peut qu’être combattu pour être remplacé ou, mieux, lorsque les peuples seront mûrs, pour s’en passer enfin et définitivement.
Justification de la légitimité de la résistance face aux pouvoirs illégitimes

1) Même si je me répète, mais qu’importe compte tenu de l’importance de cet élément, la première justification c’est que tout homme est égal en dignité et en importance à tout autre. Pour moi, c’est le fondement même de l’essentiel de ma pensée. Ce fondement est la base de ma révolte, de mon combat altermondialiste. Parce que j’ai la certitude de cette égalité absolue entre chaque humain vivant sur terre, femme comme homme, toutes cultures confondues, toutes religions ou non-religions confondues, tous âges confondus, je n’accepte pas et n’accepterai plus jamais qu’un groupe d’humains, qu’il soit riche ou cultivé plus que la moyenne, se prétende supérieur. C’est une fumisterie et de taille !

Les élites se considérant obligatoirement supérieures aux peuples, se permettront toujours, comme nous l’avons entrevu dans l’article 4, d’abuser le peuple, de le spolier, de créer des lois iniques. Il est d’ailleurs, à cet égard, frappant de constater à quel point les lois n’ont pas le même sens et la même valeur selon qu’on est issu du peuple ou de la prétendue élite. Il suffit de suivre quelques jugements, au tribunal, pour s’apercevoir que nombre de lois sont appliquées avec rigueur, dès qu’il s’agit du monde des pauvres et combien ces mêmes lois épargnent les puissants, pour des faits bien plus graves. Il en va de même pour les impôts et tant d’autres choses rattachées au droit qui se sont transformées en privilèges de caste.

On ne peut plus espérer revenir en arrière sans une véritable révolution. Mais attention, révolution ne veut pas dire forcément violences. On le voit depuis une bonne trentaine d’années, en France, en Angleterre, en Allemagne, aux USA comme ailleurs, les peuples peuvent voter pour n’importe quel parti politique « à vocation majoritaire », rien ne change. C’est toujours la même pression qui est exercée sur le peuple, et rien que sur lui. Nous avons atteint un point de non-retour, tant que ce type de parti politique monopolisera le pouvoir. Pour espérer un vrai changement, il faut obligatoirement donner libre cours à un parti n’appartenant pas à ce courant livré aux puissants du « marché mondial et financier » tout en s’interdisant d’élire un parti qui serait xénophobe, raciste, prétendant que ses membres ou le peuple sont supérieurs aux autres hommes, aux étrangers. Même si ces partis étaient, à la limite, susceptibles d’améliorer les conditions de vie du peuple, ce que je ne crois pas, ils poursuivraient, par d’autres moyens, la même politique de destruction ou d’empêchement de la cohésion humaine au niveau mondial. Et ce serait aussi tragique que nos malheurs actuels.

2) L’autre justification est forte également puisqu’elle est la réponse obligatoire à l’illégitimité du pouvoir. Il faut, parce que nous sommes des humains debout et non pas des esclaves couchés, résister, refuser le fait accompli. Toute démission, dans ces domaines, fait de nous des esclaves. Et nous le voyons très fortement, depuis trois ans en France. Chaque été, le peuple, légitimement, c’est vrai, prend ses vacances, oublie la politique et les politiciens retors. Mais les politiciens, eux, n’oublient pas de satisfaire leurs ambitions au travers de l’augmentation continuelle de leurs privilèges ou des privilèges de ceux qui, seuls, justifient encore leurs actions, c’est-à-dire le monde industriel et financier, les grands patrons pour simplifier. C’est ainsi que, ces trois dernières années, nous avons vu, successivement, en l’absence du peuple qui se reposait, la destruction du système des retraites ; la destruction de la protection sociale ; et cette année, un coup mortel contre le droit du travail au travers du CNE, le « contrat nouvelle embauche ». Par ces destructions, pour lesquelles le pouvoir actuel n’a jamais reçu mandat du peuple, nous voyons à quel point ce pouvoir français est illégitime et ne fait de la politique que pour l’intérêt de ses commanditaires riches et puissants et cela au détriment de plus en plus sévère du peuple.

L’intérêt et la volonté du peuple, proclamé « souverain » par la Constitution du pays, sont le partage des richesses entre tous, le droit de vivre libre pour tous, le droit à la culture pour tous, la santé pour tous, le logement pour tous, autrement dit l’application réelle, effective, des droits de l’homme conçus et voulus par nos ancêtres révolutionnaires. L’intérêt et la volonté du pouvoir, qui n’est pas proclamé « souverain » dans la Constitution, sont l’accaparement des richesses du pays au seul bénéfice de petites castes déjà bien trop riches et puissantes. Et cela se concrétise par la négation de fait des droits de l’homme.

Il est donc non seulement légitime mais encore nécessaire que les peuples, en particulier ses membres les plus conscients quant aux réalités du pouvoir, se lèvent et résistent afin de reprendre, à ceux qui ont rétabli des privilèges dignes des temps féodaux, la souveraineté et de la rendre au peuple, seul détenteur légitime. Le peuple, ici, en France, doit se soulever s’il veut à nouveau vivre dignement, vivre le partage entre tous et prendre le chemin de l’âge adulte qui tarde tant...
Les conditions d’une résistance puissante et efficace

Je n’aurai pas la prétention d’affirmer que je connais toutes les clefs d’une telle résistance. Mais avant d’arriver aux méthodes possibles de résistance, il faut quelques conditions sans lesquelles nous échouerons d’office.

Ce que je vais affirmer semblera être une évidence à beaucoup d’entre vous. Cependant, dans cette époque de banalisation des mots pour désarmer leur puissance, pour les anesthésier, en quelque sorte, j’affirmerai, et avec force, que la première de toutes les conditions d’une résistance efficace et qui ait du sens, c’est la prise de conscience.

Nulle résistance, nulle révolte n’est possible sans la prise de conscience préalable. Il faut en effet prendre conscience que le type de société actuel nous conduit à l’affrontement des civilisations, nous conduit à la mort de l’écosystème, à la mort de toute vie, y compris celle des hommes. Sans cette prise de conscience essentielle, il n’est pas possible de comprendre que le combat entrepris, notamment, mais pas seulement, par les altermondialistes, est le combat pour la survie des générations d’hommes à venir. Ce combat, pris dans ces termes, compris de cette façon, la plus haute, la plus noble, nous devons le mener, nous, humains de ce début du XXIème siècle, parce que nous sommes ceux qui, le plus souvent, avons favorisé la mise en place du système actuel, ou parce que nous l’avons laissé s’installer ou encore parce que, sous une forme ou une autre, nous en avons été complices, même de façon tout à fait inconsciente. Il est, par conséquent, de notre devoir d’entreprendre la renaissance d’une société nettement plus humble dans ses besoins, dans ses objectifs ; nettement plus fraternelle par le partage véritable des ressources naturelles et des richesses produites par tous.

Mais si nous ne prenons pas conscience de la réalité de la situation dramatique du monde, du peu de temps qui nous reste pour sauver ce qui demeure de vie intacte sur cette terre ; si nous refusons de prendre conscience de la gravité de la situation terrestre et de la responsabilité totale des pouvoirs abusifs et illégitimes, alors toute résistance est vaine. A l’heure actuelle, et je ne pense pas trahir leurs pensées, des associations comme Attac, des hommes comme José Bové, et plus modestement des gens comme moi, nous en sommes surtout à la phase du travail nécessaire pour amener au plus grand nombre les éléments nécessaires à la prise de conscience. Non pas que nous serions plus intelligents que d’autres, mais souvent parce que des événements de nos vies ont déclanché, en nous, cette prise de conscience qui se fait rarement toute seule. Il faut bien réaliser que pour beaucoup de ceux qui résistent déjà, et ce fut mon cas, ce qui a déclanché la prise de conscience c’est d’être jeté au chômage. Cette prise de conscience ne s’est pas faite du jour au lendemain, c’est un travail relativement long, il faut déjà remonter la pente après le choc... Malgré tout, pour ceux qui parviennent à sortir de cette « destruction programmée », le chômage devient un terrible révélateur. Du coup, et c’est le revers de la médaille pour les destructeurs de l’emploi, ils fabriquent eux-mêmes l’antidote au poison qu’ils diffusent dans la société. Ils ne pensaient assurément pas qu’au travers du mal profond, d’une souffrance étouffante, qu’ils imposent à leurs millions de victimes, ils allaient parallèlement réveiller notre conscience. Ils font tout, par ailleurs, au travers de la consommation, des médias, de la publicité pour endormir le plus parfaitement nos consciences. Notre chance, c’est la puissance de leur égoïsme et de leur orgueil. Ils n’ont toujours pas compris que plus ils créeront de pauvreté et d’exclusion, plus ils gonfleront les rangs des résistants par le puissant réveil de la conscience qu’ils induisent par leur cruauté.

La deuxième condition, tout aussi importante, c’est de parvenir à abolir, en nous-même la peur. Rien ne peut se faire sous l’emprise de la peur. Il n’y a pas, je crois, de recette précise pour trouver le courage et abandonner la peur. L’un des moyens, cependant, c’est d’arrêter d’accueillir volontairement cette peur, en nous mettant devant l’écran de la télévision, le soir à 20 heures. Ces journaux sont devenus des usines à diffuser la peur, surtout les peurs qui n’ont aucun sens, comme le terrorisme, l’insécurité. Devant les images, les commentaires, si l’on n’a pas d’autres sources sérieuses d’informations, comment éviter de prendre peur ? C’est un poison qui est injecté depuis des années dans les cerveaux des téléspectateurs, en particulier depuis septembre 2001. Et ce poison est mortel pour ceux qui n’en ont pas pris conscience ou qui refusent de comprendre par confort et habitude.

Je suis frappé, ici, à Lyon, de voir certaines personnes avoir visiblement peur, pendant que je me sens, moi, en parfaite sécurité. Parfaite, à un détail près, néanmoins : le déferlement des policiers qui jouent à « Rambo ». Là, je ne me sens pas en sécurité, non pas que j’ai quoi que ce soit à me reprocher, mais parce que des gars qui roulent les mécaniques et qui, de surcroît sont armés, sont par définition potentiellement dangereux. En outre, l’excès de présence policière, et c’est le cas ici, donne un sentiment de pays occupé, d’absence de liberté. Cela va jusqu’au point que, le soir, au Parc de la Tête d’Or, deux voitures de police au moins, avec deux policiers à l’intérieur, après avoir constamment surveillé les gens (on se demande quoi ?), leur rappellent, au moyen d’un mégaphone, que le règlement ordonne qu’il faut quitter le parc avant 22h30, sous peine d’amende, bien sûr !

La troisième condition tombe sous le sens. C’est de ne pas rester seuls. Aucune résistance n’est possible et surtout efficace lorsqu’on est isolé. Internet, à cet égard, est un formidable outil pour prendre des contacts, pour appartenir à un réseau comme pour diffuser les informations. Il ne faut pas hésiter à créer des liens. Peu à peu, même si au début tout cela semble être virtuel, des groupes se forment et l’on rencontre ceux qui sont prêts à résister...

Un grand pas sera fait si nous parvenons à réaliser ces trois points. Désormais, il faut passer aux actes. La grande question sera alors : Résistance violente ou non-violente. Ceux qui me connaissent savent déjà quel est mon choix, celui que je privilégie.

Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 6 -

vendredi 12 août 2005, Jean Dornac



Petit rappel des articles précédents :

- Postulat : Les pouvoirs presque depuis toujours et presque tous, se comportent comme des pères ou mères abusifs. Ceci dans le dessein de maintenir les peuples dans l’âge d’enfance ou éventuellement en âge d’adolescence, mais dans tous les cas pour conserver, seuls, le pouvoir.
- Si les pouvoirs, dans les pays proclamés « démocratiques » sont légitimes au regard du droit écrit par et pour eux-mêmes, ils ne sont pas légitimes par rapport au « droit moral » non écrit que les peuples ressentent et comprennent fort bien.
- Nous avons vu, au travers de quelques exemples, avec l’article 4, que l’exercice du pouvoir actuel, en France et dans quelques autres pays, n’a, logiquement, rien à voir avec la légitimité morale lue avec le support du « droit moral ».
- Dans le cinquième article, nous avons vu que la résistance est légitime puisqu’il s’agit de retrouver notre « souveraineté » perdue.

Résistance légitime : Violente ou non-violente ?

Le postulat à propos de la violence : Selon ma perception personnelle, que nous ne sommes pas très nombreux à partager, c’est vrai, la violence, celle qui tue ou blesse, est un héritage du passé que nous n’avons pas encore dépassé, tant au niveau des pouvoirs qu’au niveau des individus formant les peuples. On peut penser qu’il y a une part de cette violence qui est inscrite au plus profond de nos gènes, qu’elle est liée à l’état instinctif animal des origines humaines. Mais il est évident que la part culturelle qui entretient « l’esprit de violence » pèse très lourdement. Elle n’a jamais vraiment été remise en cause par les autorités, que ce soit au travers de l’enseignement et de la culture (je pense notamment aux films, certaines chansons, certains textes). Les exceptions admirables de résistance non-violente n’ont été présentées, chez nous, que comme une « curiosité exotique » au parfum venu d’ailleurs.

Le postulat général du « pouvoir abusif » et du peuple « maintenu en enfance » pose qu’il est dans l’intérêt des pouvoirs de maintenir bien vivante la culture de la violence :
- d’une part parce que les pouvoirs sont les premiers utilisateurs et bénéficiaires de la violence. On le constate en tout domaines, de la répression policière aux guerres que les pouvoirs parviennent toujours à légitimer par toutes sortes de manipulations et de mensonges.
- d’autre part, parce que pour éduquer tout un peuple à la peur, avec pour dessein de le soumettre à cette peur de manière à mieux le « posséder », il faut le maintenir en contact avec la violence. D’où les intenses campagnes télévisées, notamment aux informations, montrant la violence, la dénonçant en apparence, mais en la magnifiant en réalité comme dans une grande majorité de films programmés. Les pouvoirs proclament que la violence est hors-la-loi et pour l’imposer, utilisent la violence... Paradoxe ? Non, logique... Ils signifient, par cette pratique, que la violence est leur apanage. C’est l’arme du « père abusif » et seulement la sienne.

Sur la violence, le postulat que je pose est le suivant : La violence est toujours une défaite de l’humain. C’est elle qui, principalement, empêche le développement des peuples comme des individus vers « l’âge adulte ». On comprend, si on accepte ce postulat, que le pouvoir agissant comme un parent abusif, use de la violence, qu’elle soit physique ou psychique.

Un point important toutefois : Il ne faut pas confondre révolte et violence. La première est nécessaire pour l’évolution. L’enfant qui, adolescent, ne se révolte pas contre l’autorité du parent abusif et même d’un parent respectueux de l’évolution de son enfant, reste bloqué dans son évolution mentale pour très longtemps et dans certains cas, à jamais. Mais la révolte, sur le plan politique, n’est pas obligatoirement synonyme de violence. Il suffit de se souvenir des révoltes de Gandhi, Martin Luther King, Malcom X vers la fin de sa vie ou Nelson Mandela pour comprendre ce qui semble a priori paradoxal.

Pour bien comprendre ce qu’est la violence, je vous propose de vous reporter sur l’article Publication du Dictionnaire de la non-violence. Il est certain que les pouvoirs ont tout intérêt à maintenir la confusion entre révolte et violence, de même qu’ils ont intérêt à dénigrer la notion de non-violence.

Par ailleurs, il est important, majeur même, de comprendre que la violence est pratiquement toujours la résultante de diverses peurs. Pour les pouvoirs, c’est la peur de perdre la faculté de gouverner, d’imposer leurs lois, et la peur de perdre tous les avantages liés à cette faculté, puissance, richesse, domination... Pour les peuples c’est souvent l’insécurité, qu’elle soit sociale ou autre, qui induit la peur, puis la violence.
Une forme de violence présenté comme un élément de sécurité majeure

Parmi toutes les formes de violences que nous connaissons de la part des pouvoirs, il en est une qui n’apparaît pas immédiatement comme telle et qui, pourtant, en est une. C’est le viol de la vie privée de plus en plus généralisé, légalisé sous le prétexte fallacieux de la sécurité pour tous.

Les gouvernements des pays riches, de tous les pays riches, profitant de l’effet d’aubaine lié aux attentats de septembre 2001, créent et appliquent méthodiquement des lois sécuritaires impliquant une surveillance toujours plus étroite des populations. Pourquoi s’agit-il d’une violence ?
- En premier lieu parce que ces décisions sont prises sans le moindre mandat du peuple, jamais consulté sur ce thème. Au mieux, les pouvoirs s’appuient sur des sondages dont on connaît le peu de valeur, puisque tout dépend de la forme et du type de questions posées.
- En deuxième lieu, parce qu’il s’agit bel et bien d’un viol de la vie privée. Au rythme adopté pour la création de ces lois, plus un geste, y compris le plus anodin, ne passera inaperçu puisque les villes seront truffées de caméras, dont les images, bien entendu, ne seront jamais vues par une instance réellement indépendante des pouvoirs. Au travers de la carte d’identité biométrique à venir, ce viol est tout aussi puissant et constitue une violence d’ordre psychique puisque tout le monde pourra être contrôlé et surveillé à son insu, donc en permanence.
- Enfin, en troisième lieu, cela revient à enfermer un peuple entier dans une prison, certes, à ciel ouvert, mais une prison tout de même. Il n’est donc même plus besoin d’être un délinquant pour se retrouver dans une prison !

Il va de soi que tous les individus qui ne cèdent pas aux phobies sécuritaires instaurées par les pouvoirs ne peuvent que se révolter devant de tels actes ajoutés à tout ce que j’ai déjà décrit et la masse des autres dont je n’ai même pas parlé.
A ce stade, il faut choisir : Violence ou non-violence ?

On peut, pour faire ce choix crucial, se baser sur beaucoup d’éléments de jugement. La première question qui se pose peut se formuler de deux façons différentes qui induisent un choix préalable, au niveau psychologique.
« Résister contre qui, contre quoi ? » ou « Résister pour qui ou en faveur de quoi ? »

A première vue, il ne s’agit que d’une différence de sémantique et pourtant cette petite différence change tout. La notion « contre » implique, tout de suite en nous, un rapport de force ; la deuxième, implique elle, une notion du type « au service de ». La première formule induit presque machinalement la possibilité de la violence alors que la deuxième, de fait, ne l’implique en rien. Mais, les deux formules correspondent bien à la notion de Résistance. En fait, pour être plus clair, « Résister contre », fait appel à l’instinct et correspond par conséquent au niveau du postulat à un âge d’enfant ou d’adolescent alors que « Résister pour » est une attitude d’adulte.

Il est vrai que certaines situations ne permettent pas ce genre de distinction. Je pense notamment à la Résistance contre les nazis. Les Résistants avaient-ils le choix alors qu’ils combattaient des gens soumis à une idéologie particulièrement barbare ? Cette dernière remarque constitue la limite probable de la résistance ferme et non-violente. A cet égard, il est intéressant de lire ce qu’en pensait Gandhi :
« Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence... Je risquerai mille fois la violence plutôt que l’émasculation de toute une race ».

Toute la question pour nous, face aux pouvoirs qui nous imposent la mondialisation, est de savoir si nous avons à faire à un pouvoir semblable à celui que Gandhi combattait, c’est-à-dire un pouvoir colonial sauvage, mais encore humain, ou un pouvoir de type nazi qui n’a plus le moindre sens de l’humain. Il est trop tôt, à l’heure actuelle, pour avoir une certitude. Pour ma part, lorsque j’analyse les faits au niveau mondial et même au niveau français face aux méthodes et aux dérives d’un Nicolas Sarkozy avec ses « rafles d’étrangers », je crains que nous nous rapprochions d’un pouvoir de type nazi, du moins dans l’esprit de l’exercice du pouvoir, sans considération ni notion de la beauté et de la grandeur de tout être humain.

Faire le choix de la violence revient donc, si l’on excepte le cas du face à face avec des brutes primaires, c’est faire le choix, au mieux, de rester à l’âge de l’adolescence. Ce choix implique la mort d’hommes, coupables comme innocents. Mais que veut dire coupable à partir du moment où nous nous rendons compte qu’au travers d’un jeu d’héritages culturels malheureux nous sommes tous soumis à la pression quasi perpétuelle du pouvoir similaire à celui des parents abusifs ?

Ce choix de la violence signifie, toujours, un recul de l’humain et au mieux, une stagnation ; il signifie aussi le développement de la haine, une haine qui affectera les rapports humains tout au long d’une génération, voire de plusieurs générations. Ce qui signifie que notre violence d’aujourd’hui, même au nom d’une cause qui semble juste, s’étendra aux innocents des générations suivantes. Ce choix signifie, consciemment ou non, que nous voulons rester dans le rapport de force au lieu du rapport de l’esprit. C’est le rapport du dominant sur le dominé, du père abusif sur l’enfant abusé, du pouvoir abusif sur le peuple opprimé. Ce choix implique donc non pas une avancée commune, mais un recul général.

Je pourrais donner l’exemple des guerres et des révolutions passées. Mais je préfère donner l’exemple de la guerre d’Irak actuelle qui est symptomatique de ce que je cherche à démontrer : la guerre s’est faite au nom de la liberté à conquérir et de la démocratie à installer dans ce pays et les contrées avoisinantes. Or, nous constatons, dans la réalité, le massacre des innocents que sont les civils, les destructions massives, une impossible avancée de la démocratie, l’installation de la haine entre communautés, l’appauvrissement général, la dépendance totale au « pouvoir abusif » américain qui est le seul à tirer un bénéfice de ce crime, celui du pétrole volé au peuple irakien. C’est un échec complet sur tous les plans humains et politiques, un drame pour les familles, l’assassinat de tout l’esprit d’un peuple. Il faudra des dizaines d’années pour reconstruire ce qui aura été détruit en quelques semaines. C’est ça, le fruit de la violence...

Et si je fais un court résumé de quelques révolutions violentes, très sanglantes, cela donne :
- La révolution française qui aboutit à l’empire napoléonien.
- La révolution russe qui aboutit à 70 ans de dictature.
- La révolution iranienne qui aboutit, déjà, à un quart de siècle de dictature.

A contrario, l’une des rares révolutions non-violentes, la révolution des œillets au Portugal, elle, n’a abouti sur aucune dictature... N’est-ce pas là, la signature même de ce que produisent la violence ou la non-violence ?

Il me semble donc tout à fait pertinent de dire que si nous faisons le choix de la révolte, donc de la résistance et si notre volonté est réellement le mieux-être des populations, nous devons nous écarter du choix de la violence. Mais j’insiste sur ce point : la non-violence n’est pas le pacifisme, n’est pas une attitude de lâcheté, n’est pas un abandon ou une trahison. La non-violence, bien comprise, bien appliquée, dans la lignée de ce que fit Gandhi, est la recherche d’une provocation constante des pouvoirs, un harcèlement qui va toujours plus loin, qui est toujours plus exaspérant pour les pouvoirs. Cette non-violence désarme le pouvoir qui ne comprend que le langage de la force et qui l’amène à faire usage de la force, l’obligeant à montrer sa véritable nature même lorsqu’il voulait la cacher.

La non-violence implique aussi l’acceptation du sacrifice personnel et du compagnonnage avec la souffrance. A cet égard, voici ce que disait encore Gandhi :
« L’efficacité de la non-violence est la conséquence, selon Gandhi, d’un acte de foi qui suppose : une conviction spiritualiste (la supériorité de l’esprit sur la force physique) ; une éthique de la souffrance (“Nul ne s’est élevé sans avoir passé par la souffrance...Le progrès ne consiste qu’à purifier la souffrance en évitant de faire souffrir”) ; un fondement religieux universel (“La religion de la non-violence n’est pas seulement pour les saints, elle est pour le commun des hommes. C’est la loi de notre espèce comme la loi de la violence est la loi de la brute”). »

La non-violence comporte, c’est vrai, une dimension spirituelle. Mais il faut cesser d’avoir peur de cette dimension particulière. Nombre de contemporains en ont peur parce qu’elle aussi répond au schéma du postulat. Tant que les religions servent l’idée du pouvoir, de la richesse et des dogmes infaillibles, celles-ci se servent de la spiritualité au lieu de la servir. Ces religions, par ces actes, tuent la spiritualité, du moins elles lui enlèvent tout sens. Il ne peut y avoir de foi, de spiritualité en Dieu, quel que soit son nom, sous le signe de la richesse qui signifie pouvoir, domination, sectarisme, donc violence. L’essentiel des religions, des Institutions religieuses, de ce point de vue, ne sont pas non plus adultes ; elles fonctionnent toujours sur le schéma du père abusif face à des enfants abusés. Mais ce faisant, elles se vident de toute substance et de tout sens. Pire, ce sont elles, par ces méfaits, qui sont responsables de la mort de Dieu dans l’esprit de tant d’humains. Ce faisant aussi, certains membres de ces religions deviennent des assassins : C’est parce qu’il mettait en danger le pouvoir de certains religieux fanatiques hindous que Gandhi a été assassiné...

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#4  08-10-2005 20:21:25

Aragorn
 

Re: Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ?

Je sais c'est long mais lisez...

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