Re: Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ?
Le pouvoir : Faut-il obéir ou résister ? - 3 -
mardi 9 août 2005, Jean Dornac
Partant du postulat [1] que jai posé, cest-à-dire que le pouvoir, dans pratiquement chaque cas où il sest exercé, fut abusif envers les peuples à la manière dont certains pères (ou certaines mères) peuvent être abusifs, nous pouvons aller plus loin. Je rappelle aussi, que lune des raisons, selon moi, qui justifient aux yeux de ces pouvoirs la « pression abusive » est bel et bien de maintenir les peuples dans un âge correspondant à celui dun enfant ou au mieux dun adolescent, que cette volonté soit consciente ou non.
Il y a évidemment bien dautres raisons qui motivent, en amont, ces pouvoirs abusifs. Mon analyse ne tend pas à démontrer que, pour ne citer que ces deux-là, le capitalisme ou la féodalité, ces formes de pouvoirs abusifs et criminels ne sont pas ou ne furent pas également les causes du comportement odieux des politiciens, rois ou autres empereurs. En fait, ce sont les fondements même des pouvoirs abusifs. Et si lon remonte encore plus en amont, au fin du fin, nous retrouvons la nature humaine dans toutes ses tragiques faiblesses que sont lorgueil, la vanité, le besoin damasser des fortunes le tout dans une sécurité la plus absolue possible, sécurité, bien sûr, dans le sens de la pérennité de la satisfaction de ces faiblesses. Dailleurs, pour le besoin damasser des fortunes ou des biens, ainsi que dassurer le sentiment de sécurité, ne serait-ce pas, là encore, des réflexes hérités de la nuit des temps, hérités des époques où il fallait engranger les vivres, les armes pour survivre, assurer la sécurité du groupe ainsi que la sienne propre ?
Mais, dans une analyse comme celle-ci, nécessairement courte, quelques articles au plus, je ne peux pas non plus entrer dans tous les détails qui expliquent les dérives des pouvoirs et les motivations profondes, toutes liées à la nature humaine, toutes liées aussi, comme arguments à des idéologies diverses, voire à des religions. La vie, le pouvoir, toutes ces choses sont dune complexité sans borne. Les pouvoirs abusifs sont la résultante de tous ces faits, liés à la nature humaine. En tout premier lieu, pour servir les intérêts que réclame notre nature encore trop instinctive, mais aussi tout ce que lesprit humain a inventé comme idéologies au service rarement désintéressé de cette nature humaine... Nous ne pouvons pas tout appréhender de ce qui nous commande, de ce qui commande la nature et la forme des pouvoirs. Il faudrait pour cela, sans doute, une vie complète de chercheur... De ce fait, nombreux serez-vous, sans doute, à regretter que je naborde pas tel ou tel aspect de la problématique posée par le pouvoir et ses abus. Au demeurant, et cest une invitation à tous ceux qui sen sentent la capacité, rien ne les empêche de proposer, sous forme darticles, des compléments pour développer ce qui leur semble manquer. Il faut comprendre que je ne cherche pas à imposer une opinion ou un postulat, mais à provoquer la réflexion et, si possible, le débat public, au moins sur le site.
Entrons à présent dans la suite de lanalyse, en noubliant pas le postulat posé. Regardons de plus près ce quil en est de la « légitimité » du pouvoir...
Le pouvoir est-il ou non légitime ?
Ny a-t-il jamais eu, dans le sens le plus grand, un pouvoir que fût « légitime » ? Encore une question dérangeante, nest-ce pas...
Le problème de la légitimité du pouvoir aux origines humaines ne sest sans doute pas posé dans ces termes. Je suis persuadé, mais ce nest quune conviction intime, que le pouvoir au sein des petits groupes dhumains de ces temps-là se prenait, ne se discutait pas, ou très peu, puisquil était lié avant tout à la capacité de force physique de ceux qui défendaient ces groupes. Dautres, possédant des connaissances que je nai pas, pourraient dire à quel moment, plus ou moins précis de lhistoire humaine, la nature du pouvoir sest transformée, passant dun pouvoir tribal ou clanique à un pouvoir partagé par des « assemblées ». Je pense notamment au sénat romain ou, avant lui, à son équivalent grec. Y a-t-il un moment précis, un peuple précis qui a procédé à ce changement ou cela sest-il institué peu à peu ?...
Légitimité octroyée par Dieu ?
Si lon suit ce que dit la Bible, dans la mesure où elle a effectivement une part historique sérieuse, ce serait Dieu qui aurait institué la royauté pour les hébreux et si mes souvenirs sont bons, ce serait au travers de la parole de certains prophètes. Cest là un problème de foi qui ne peut être partagé par tous à notre époque et de plus, ce nest pas valable pour lensemble des peuples de la terre, du fait de la diversité des religions. Evidemment, pour des esprits religieux, cet exemple était fort, et notamment très intéressant pour les hommes désireux de prendre les rennes du pouvoir avec les apparences de la légitimité. Si la royauté était instituée par Dieu, si donc les rois étaient, de ce fait, choisis, désignés par Dieu, la légitimité de ce pouvoir ne pouvait même pas être remise en cause puisque cela revenait à se dresser contre Dieu Lui-même. Et nous lavons vu dans les siècles qui ont suivi et sous plusieurs cultures successives, Dieu, dans quelque religion que ce soit, quel que soit le nom quon lui donnait, au moins dans le « monde connu », était toujours invoqué pour affirmer la légitimité du pouvoir, y compris celui des pires tyrans. Dieu est un magnifique alibi pour asservir les hommes à un pouvoir qui na rien de plus quhumain, qui na que des objectifs très humains, je dirais même pauvrement humains si lon tient compte de la faiblesse de la nature humaine. Le meilleur exemple, aujourdhui encore, reste George W Bush qui ne cesse dinvoquer Dieu pour justifier son pouvoir et les drames quil provoque...
Alors, la légitimité octroyée par Dieu, il faut vraiment faire un très gros effort pour y croire... Au mieux, lorsquon est croyant sans être assujetti à une religion, on peut penser que Dieu laisse faire et que cest une légitimité accordée par défaut... Sans quoi, la liberté accordée à tous les hommes par leur Créateur, ne serait quun vain mot...
A partir de la révolution française...
Pour examiner la « légitimité » du pouvoir aujourdhui, nous pouvons faire un bond de plusieurs millénaires, pour arriver à la révolution française. Là, plus question de légitimer le pouvoir au nom dun Dieu rejeté parce que trop lié à la royauté honnie, à la tyrannie permanente.
Ce furent quelques années folles si on les compare aux siècles précédents. Désormais, et sans doute étaient-ils sincères, selon ces révolutionnaires le pouvoir revenait au peuple ; cest lui qui était souverain. Au plan de la pensée humaine et du sens démocratique, ce fut une avancée considérable, certes, bien préparée par les philosophes du siècle des lumières. Et il ny a rien détonnant à ce que ces mêmes hommes et femmes aient conçu les « droit de lhomme ». En soi, cest extraordinaire parce que totalement contraire aux coutumes, traditions et autres héritages du passé.
Mais après la plus belle période de cette révolution, quelle fut lopinion du peuple soi-disant « souverain » ? Je nai pas suffisamment de connaissances historiques précises pour affirmer une chose ou son contraire concernant cette époque. Cependant, il faut croire que le peuple ne suivit pas comme un seul homme. Sans quoi la Terreur ne se serait pas également attaquée aux simples citoyens en plus des nobles. Bien sûr, de nombreux éléments intervinrent, comme par exemple la foi en Vendée... Mais, au bout du compte, et schématiquement, très vite, les têtes de la révolution, pour lessentiel des gens issus de la bourgeoisie de lépoque, tinrent le peuple à lécart. Ce fut le parlement qui représenta les « intérêts du peuple ». Mais qui étaient les députés en ces temps sinon des bourgeois, des érudits, qui défendaient les intérêts de la nouvelle caste aspirant, depuis longtemps, à prendre et saccaparer le pouvoir désormais vacant. Que savaient-ils de la vie du peuple encore essentiellement paysan ? Peu de choses sans aucun doute. Auraient-ils, plus quaujourdhui, confié le pouvoir à des paysans ? Non, bien sûr...
Passons sur la période de lempire qui effaçait presque tous les acquis de la révolution, qui, au travers du couronnement fait par le pape, revenait à nouveau à déclarer que Napoléon tenait son pouvoir dictatorial par la volonté de Dieu. Oublions aussi la Restauration, cette résurgence provisoire dun passé définitivement enterré. On se rend compte, néanmoins, que tous les pouvoirs qui se sont succédé sur une centaine dannée en France, Terreur comprise, ont agi dans le même sens du « père abusif » ne respectant en rien la volonté du peuple, imposant ses diktats, ses croyances, parfois opposées, empêchant par ce biais la maturation du peuple.
Il en est allé ainsi jusquà nos jours, de nouvelle République en nouvelle République en passant par le régime de Vichy. Tout au plus, peut-on considérer que le Front Populaire, dans ses débuts, respecta un peu plus le peuple, lui donnant, enfin, des droits méconnus jusque-là. La situation, depuis 1974, sest très sérieusement dégradée pour revenir à une espèce de monarchie qui ne dira pas son nom.
Le type de gouvernement actuel est très semblable à la royauté si lon excepte la présence dun roi... encore que... Les fondements, motivations et intérêts ne sont pas différents. De plus en plus, si on lobserve objectivement, cest bien une « petite noblesse » de politiciens qui accapare le pouvoir depuis trente ans au moins. A quelques variantes près, ce sont les mêmes individus qui dirigent le pays, qui imposent leurs vues ne demandant son avis au peuple que pour la forme et au travers délections qui nont plus de sens. Quils soient de gauche ou de droite, ces personnels politiques servent la même politique, hormis quelques détails essentiellement de discours. Ne sont-ils pas formés, pour lessentiel à la même école, lENA ? On les forme dans le même moule, pour la même fonction. A eux, à la sortie de lécole, de trouver à se faire embaucher à droite ou à gauche, éventuellement au centre. Mais de convictions, là-dedans, il faut se lever tôt pour en apercevoir ! Ce sont des sortes d « animaux » très adaptables en fonction de lemployeur qui voudra bien deux. Sils sont daccord sur lessentiel, et presque toujours en désaccord officiellement pour respecter les apparences, il est un point qui fait lunanimité ; le pouvoir ne doit pas échapper à lun deux. Hors de question daccepter que le peuple, cet ignare de toujours, choisisse un parti qui nait pas une « vocation majoritaire », comme disait si bien M. Raffarin. Les énarques ne se trouvent quexceptionnellement (sil sen trouve !) dans les partis qui nont pas lhonneur de posséder une telle vocation...
De même, ils se retrouvent tous pour affirmer quaujourdhui, il nest plus dautre politique possible que celle de la mondialisation marchande et financière. Ils se rejoignent aussi pour nous inculquer la peur, la peur de tout ; la croissance comme seul dogme pour lhumanité... Cherchez donc une différence notable...
Légitimité ?
Si le peuple est souverain, la légitimité du pouvoir ne peut venir que de son choix ; ça, cest un fait et non pas un vu pieux si lesprit véritablement démocratique est respecté.
Cependant, nuance dimportance, pour les politiciens, tous daccords sur ce point, la légitimité est respectée à partir du moment où une majorité du peuple a voté pour lune ou lautre composante qui sert le même régime. Cette légitimité, par rapport au droit, dont il ne faudrait tout de même pas oublier trop vite quil est écrit par les détenteurs du pouvoir, est respectée, mais seulement dans les apparences.
En effet, que signifie une légitimité arrachée par la propagande et plus encore par la manipulation de langage, les tromperies souvent abjectes au regard de la simple vérité des faits ? Quelle est la réalité dun choix, donc dune légitimité obtenue par le mensonge et la manipulation. Le droit, dans ce cas, nest plus quau service du plus menteur, du plus roublard et devient de ce fait une sinistre farce. Et, au regard de la vérité des faits, du respect dun minimum de sens moral, seul élément qui mintéresse personnellement, la légitimité nest plus la réalité de ce pouvoir. Nulle légitimité réelle ne peut exister si elle est basée sur le mensonge, la tromperie permanente et la manipulation de masse.
Parce que les pouvoirs illégitimes actuels sentent que leurs mensonges, leurs manipulations ont de moins en moins de prise sur un peuple dont de très nombreux citoyens ne sont plus dupes de la réalité, ils accentuent, jusquà la caricature, ces mensonges et manipulations. Cest ainsi que nous en sommes arrivés, avec le référendum du TCE à labsurdité que nous avons presque tous dénoncé sur internet qui consistait à laisser au peuple comme choix de réponse : le oui ou le oui !
Quelle est la légitimité dun pouvoir, par ailleurs, dès lors que pour être candidat à une élection, il faut soit être « parrainé » par un groupe financier, médiatique, politique et posséder une fortune personnelle conséquente ? Il ny a pas non plus de légitimité morale du pouvoir dans ce cas. Les nobles, dans le passé, souvent, achetaient leur charge ; les élus de ce temps ont retrouvé les mêmes dérives.
Les pouvoirs dans les démocraties des pays riches, de ce fait, ne sont plus légitimes par rapport à la vérité du sens démocratique. Ce nest plus quune vaste « pantalonnade » ! Quoi détonnant, après ce constat, que nos pouvoirs délèguent leurs prérogatives, sans avoir consulté le peuple, à des instances pas même élues, comme lOMC, le FMI, la Banque Mondiale, etc. Cette dérive est logique puisque, désormais, les politiciens ont une double casquette :
- Asservir les peuples par une propagande toujours plus intense, ensuite par la peur, puis une surveillance de plus en plus étroite, enfin par la force et le crime, comme tout récemment dans le cas du jeune brésilien froidement assassiné de cinq balles dans la tête par des policiers, ou la sauvagerie dont ont souffert les participants du « technival » en Tchécoslovaquie fin juillet. (voir Czechtek : Répression Sanglante) Le même principe est appliqué, à la perfection par un Nicolas Sarkozy qui nous impose partout et pour nimporte quoi, la présence de sa police, quil y ait ou non un bon argument. Cette police, espèce de « père fouettard » mais en nettement plus cruel et intéressé, na pas pour fonction de nous protéger, mais bien dinspirer la peur pour que le peuple, de moins en moins dupe, de plus en plus en colère, ne tente pas de résister ou de se révolter.
- La deuxième casquette, non exprimée ouvertement, mais pourtant bien visible, est dêtre au service de ceux qui commandent réellement au niveau mondial : Les grands financiers, les multinationales, tous ces acteurs dictatoriaux de la mondialisation financière et marchande, cette forme de mondialisation quils imposent par la force et sans la moindre consultation électorale à tous les peuples. Leur seul échec, pour linstant, mais il fut significatif, puisque ce fut la seule fois que lenjeu fut suffisamment clair, cest le refus des Français de voir institutionnaliser le libéralisme en Europe.
Peu, trop peu de gens, ont compris que ce refus est lexpression dune prise de conscience, donc dun pas vers lâge adulte du peuple. Le « père pouvoir abusif », avec tous les moyens qui sont les siens, ordonnait à l « enfant peuple obéissant » de céder à son injonction. Lenfant a refusé, ou lado sest révolté. Ce peuple auquel nous appartenons, de ce fait, porte sur ses épaules une très grande responsabilité : Cest à lui, bien plus quau peuple hollandais qui semble (mais ce serait à vérifier) avoir voté NON pour des raisons inverses aux nôtres, de montrer le chemin qui mène vers lâge adulte. Saurons-nous relever un tel défi, et porter une telle responsabilité ?
Bref résumé des trois premiers articles de lanalyse : Le postulat posé indique que les pouvoirs, pratiquement sans exceptions, fonctionnent face aux peuples, à la manière dun « père » (ou dune mère) abusif. De ce fait, et par volonté, consciente dans certains cas, inconsciente dans dautres, ces pouvoirs maintiennent les peuples dans la dépendance et les empêchent daccéder à lâge adulte.
Le postulat pose que pour être adultes, ces peuples doivent accéder à une vie sans les pouvoirs devenus inutiles. Enfin, nous avons vu également que si les pouvoirs daujourdhui sont légitimes par rapport au droit, écrit et décidé par et pour les pouvoirs eux-mêmes, ils sont illégitimes au regard du « droit moral » non écrit mais fort bien compris par les peuples.
La création dune élite implique que celle-ci se considère nécessairement comme étant au-dessus du lot, dès le moment où elle entretient pour elle-même et en elle-même la croyance quelle est lélite. Le « lot » étant le peuple, la plèbe, voire pour certains la racaille... Ce « lot » est toujours considéré comme inculte, incapable de comprendre les tenants et les aboutissants dune décision qui, pourtant, le plus souvent, ne semble nécessaire et utile quà ces élites. Un parent abusif, saura, lui aussi, toujours faire comprendre à lenfant ou ladolescent quil maintient sous sa domination, quil est nul, incapable de réaliser quoi que ce soit...
Quelques exemples contemporains de cet exercice du pouvoir
Comme exemple frappant, nous pouvons considérer le choix du nucléaire en France, depuis trois décennies. Au départ, il y avait ce quon a appelé la « crise pétrolière ». Cette crise, à bien y regarder, nétait que la conséquence du réajustement des prix du pétrole, prix maintenus à un niveau excessivement bas par les compagnies pétrolières occidentales, volant de fait, les ressources naturelles des pays producteurs de lor noir. Les véritables propriétaires de cette ressource naturelle décidèrent de mettre, tout à fait légitimement, fin à cet abus ne profitant quaux sociétés pétrolières étrangères et aux économies des pays dont étaient issues ces sociétés.
En France, pour pailler le manque soudain dor noir, pour pallier une facture de plus en plus lourde, la propagande de lépoque sappliqua à nous persuader que si « la France na pas de pétrole, elle a des idées ! » Le ridicule dune telle propagande ne fut pas toujours perçu par le peuple. Cette manipulation à ladresse du peuple, grossière dans les termes, mais subtile dans ses desseins, allait permettre de faire admettre comme naturelle et indispensable lénergie nucléaire. Il fallait bien, pour justifier la maxime très méprisante à légard des pays producteurs, amener ce qui constituait, aux yeux du pouvoir, lidée maîtresse.
On nous imposa donc la « merveille » quétait le nucléaire, lénergie inépuisable, parfaitement maîtrisée, propre, si peu chère et qui allait, enfin, nous offrir notre indépendance énergétique... Le pouvoir, à lépoque, était dans les mains de Valéry Giscard dEstaing et de ses amis. Ce qui ne fut pas crié sur les toits des chaumières françaises, cest que la famille du président possédait de très gros intérêts dans le nucléaire. Et comme par hasard, le nucléaire devint, presque du jour au lendemain, lénergie qui « sauverait » la France. La décision fut prise de construire des dizaines de centrales nucléaires tout en imposant, dans les médias, une propagande très lourde sur les avantages de cette énergie réputée « propre ». Tchernobyl nétait pas encore passé par là...
Mais le peuple, lui, fut-il jamais consulté ? Evidemment non ! Depuis, fut-il consulté ? Evidemment non ! Et à la veille dune politique de relance du « tout nucléaire », le pays est-il consulté ? Evidemment non !
Mais lorsquune partie du peuple gronde, nétant pas dupe quant aux dangers considérables de lindustrie nucléaire, le pouvoir, seul « souverain », méprisant totalement le peuple dominé et infantilisé par la propagande, ce pouvoir réputé, « issu du peuple », lance ses forces de répression contre les ignares. Ce fut le cas à loccasion de la construction de la centrale de Creys-Malville, et la répression fut cause de mort dhomme...
On voit par cet exemple lirrespect absolu du pouvoir face à la volonté du peuple. Le peuple nest souverain que sur le papier et dans les discours destinés à le flatter pour lendormir. Dans la réalité des faits, le seul « souverain » est le pouvoir, autrement dit une caste de politiciens, celle que jai décrite dans la partie 3 de lanalyse.
Lélite passe à la folie par lorgueil.
La création de la notion d « élite », à laquelle sassimile la quasi-totalité des pouvoirs, politiques, médiatiques, financiers, industriels, scientifiques, religieux, etc, est le produit dun orgueil qui ne demande quà enfler de plus en plus. Chose quavait parfaitement décrite Jean de la Fontaine dans sa fable « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Buf ». Lorgueil ne se satisfait jamais de lui-même et gonfle, jusquà mener à la folie le malheureux qui lui est soumis. Cet orgueil ordonne à ceux qui se laissent ainsi dominer par ce déplorable défaut, de se considérer toujours comme supérieurs au « lot » ; il les conduit à ne considérer comme vrais et valables que leur volonté, leurs aspirations, leurs intérêts personnels ou de caste. Cette façon de penser qui se transforme très rapidement en « pensée unique », propre à chaque pouvoir, conduit ces gens à user de la propagande et du mensonge. Si ces manipulations ne suffisent pas, les pouvoirs orgueilleux par nature utilisent les forces de répression afin que le peuple abdique toute sa souveraineté. En fait, le pouvoir abusif, nadmet aucune contradiction.
Il ne faut pas négliger le danger qui est étroitement lié à lorgueil. Cest bien ce mal profond, capable de tout détruire y compris celui qui se laisse gouverner par lui, ce mal propre au seul genre humain, qui offre suffisamment de génie à ses victimes pour construire les idéologies les plus monstrueuses. Ce « génie » généré par lorgueil et ses intérêts, construit, pour perdurer, la pensée unique propre à chaque pouvoir, disais-je il y a un instant. Jajoutais que lorgueil, par nature, dévore tout en lhomme puisquil enfle et ne peut qualler dans ce sens.
Cest dans cette mesure que lon comprend que la mondialisation financière et marchande actuelle, basée sur une idéologie profondément ancrée dans un égoïsme proche de labsolu, a fini par construire la « pensé unique » qui cherche cette fois à devenir universelle. Cette tendance à vouloir atteindre luniversel montre le degré de folie intrinsèque à lorgueil... Cette prétention à luniversel montre aussi que lhumain est en danger bien au-delà de ce quil na jamais connu. En quelques millénaires, et pour schématiser, on peut considérer que lorgueil fou et individuel et passé, de cap en cap, à des échelles sans cesse plus grandes et tend à atteindre désormais le degré absolu quest luniversel. Et lorsque la folie atteint un tel degré, toute vie est en danger, comme nous le constatons déjà : écosystème, faune, flore et humanité.
Lexercice actuel du pouvoir, son mépris absolu de la souveraineté populaire, pourtant inscrite dans la Constitution, le conduit, le plus souvent au mensonge et à la tromperie par la propagande et la manipulation, comme je lai déjà dit. Lexemple le plus frappant de ces dernières années reste bien sûr toute la campagne référendaire du TCE. Mais comment ne pas mettre sur le même plan les ordonnances de Dominique de Villepin, ces ordonnances qui créent le CNE (contrat nouvelle embauche) ? La propagande gouvernementale dit quil sagit de favoriser lemploi qui, paraît-il, se trouverait entravé par le Droit du travail. Or, pour favoriser lemploi, ces ordonnances le rendent précaire sur une période de deux ans, autant dire définitivement. Lorsque nous affirmons que les patrons, ravis de laubaine, qui se serviront de ce CNE chercheront à licencier leur personnel actuel pour le remplacer par les malheureux assujettis à ce nouveau contrat, le pouvoir nous présente comme des extrémistes, menteurs de surcroît. Mais comment expliquer autrement que ce gouvernement, ces derniers jours, assouplit parallèlement les règles de licenciement et quen même temps ou presque, il durcit par décrets le contrôle des chômeurs et les sanctions encourues si certains de ces derniers refusaient les emplois imposés, sous-entendu le CNE ?
Pas mieux ailleurs, bien sûr...
Ailleurs, du côté de MM. Bush et Blair, à les écouter, ils ont envahi lIrak pour sauver le peuple écrasé par un tyran sanguinaire. Et ce tyran, dun bien petit pays, selon les agresseurs, était un immense danger pour la planète entière, rien que ça ! Les faits ont démontré, ont prouvé, ce que nous avancions dès le départ, cest-à-dire que tout, dans cette tragique histoire nétait que mensonge au service de la plus misérable cause qui soit, le vol du pétrole irakien.
Le même type de scénario peut se répéter partout. Les pouvoirs usent et abusent dactes criminels quils justifient et qualifient comme des actes au service des peuples. Pour résumer, je dirai, métaphoriquement, que pour satisfaire limmensité de leur orgueil et de leurs intérêts personnels (et de caste), les politiciens de ce temps, sans doute encore bien plus lourdement que leurs prédécesseurs, font appel à Dieu pour servir le diable... Rappelez-vous, les « pays du bien » contre les « pays du mal »...
Un pouvoir dévoyé
Lexercice actuel du pouvoir revient à noctroyer de valeur au peuple que dans la mesure où celui-ci abdique sa souveraineté. Tout est fait, sans cesse dans ce sens, et dans ce sens uniquement. Cette évidence montre à quel point ces pouvoirs suivent la mentalité des parents abusifs. Il faut, dans les deux cas, enfants comme peuples, que ces derniers renoncent à leur droit à lautonomie, à leur droit de devenir adultes. Et dans les deux cas, le parallèle étant même saisissant, les tyrans, pères ou pouvoirs abusifs, pratiquent cette façon dagir pour ne pas perdre une seule parcelle de leur pouvoir.
Sur un plan de morale élevée, dans le sens le plus grand, ces détenteurs du pouvoir ne respectent rien, en fin de compte : ni leurs victimes, enfants ou peuples, ni eux-mêmes puisquen rien ils ne se grandissent. Lorgueilleux, entre autres défauts, ne réalise plus ce quil est devenu, ne comprend pas la profonde laideur qui se dégage de ses actes et finalement de sa propre personne. Imbu de lui-même jusquà laveuglement complet sur tout ce qui le concerne, il détruit tout ce quil touche et de plus en plus à mesure que son orgueil prend de limportance. Au final, il dévore progressivement et méthodiquement tout ce qui fit sa conscience. Persuadé quil est parfait par essence, il ne comprend pas que le peuple se dresse face à lui et il ne peut que mépriser cet ignare qui est trop bête pour le comprendre, lui, le parfait.
Combien dexemples de ce type naurons-nous pas vus, dans le monde entier et en toutes époques ? Combien de morts, de destructions, de souffrances illimitées liées à cet orgueil absolu ? Les peuples auront payé un tribut excessivement lourd à lorgueil de quelques-uns...
Face à ce type de pouvoir qui, désormais sest mondialisé, il est autant nécessaire que légitime de construire la résistance des peuples...