Tablatures







Forums de Reggae Tabs

#1  19-05-2005 21:45:26

TropiKaYa
 

L'ESRA (de E.Wells)

Le peuple du rêve :

Dans les années soixante-dix, deux ethnologues américains découvrirent au fin fond de la forêt de Malaisie une tribu primitive, les Senoïs. Ceux-ci organisaient leur vie autour de leurs rêves. On les appelait d’ailleurs « le peuple du rêve ».
Tous les matins au petit déjeuner, autour du feu, chacun ne parlait que de ses rêves de la nuit. Si un Senoï avait rêvé avoir nui à quelqu’un, il devait offrir un cadeau à la personne lésée. S’il avait rêvé avoir été frappé par un membre de l’assistance, l’agresseur devait s’excuser et lui donner un présent pour se faire pardonner.
Chez les Senoïs, le monde onirique était plus riche d’enseignements que la vie réelle. Si un enfant disait avoir rencontré un tigre et s’être enfui, on l’obligeait à rêver à nouveau du félin la nuit suivante, à se battre avec lui et à le tuer. Les anciens lui expliquaient comment s’y prendre. Si l’enfant ne réussissait pas à venir à bout du tigre, toute la tribu le réprimandait.
Dans le système de valeurs senoï, si on rêvait de relations sexuelles, il fallait aller jusqu’à l’orgasme et remercier ensuite dans la réalité l’amante ou l’amant désiré par un cadeau. Face aux adversaires hostiles des cauchemars, il fallait vaincre puis réclamer un cadeau à l’ennemi afin de s’en faire un ami. Le rêve le plus convoité était celui de l’envol. Toute la communauté félicitait l’auteur d’un rêve plané. Pour un enfant, annoncer un premier essor était un baptême. On le couvrait de présents puis on lui expliquait comment voler en rêve jusqu’à des pays inconnus et en ramener des offrandes exotiques.
Les Senoïs séduisirent les ethnologues occidentaux. Leur société ignorait la violence et les maladies mentales. C’était une société sans stress et sans ambition de conquête guerrière. Le travail s’y résumait au strict minimum nécessaire à la survie. Les Senoïs disparurent quand la partie de la forêt où ils vivaient fut livrée au défrichement. Cependant, nous pouvons tous commencer à appliquer leur savoir. Tout d’abord, consigner chaque matin le rêve de la nuit, lui donner un titre, en précisant la date. Puis en parler avec son entourage, au petit déjeuner par exemple. Aller plus loin encore en appliquant les règles de base de l’onironautique. Décider ainsi avant de s’endormir du choix de son rêve : faire pousser des montagnes, modifier la couleur du ciel, visiter des lieux exotiques, rencontrer les animaux de son choix.
Dans les rêves, chacun est omnipotent. Le premier test d’onironautique consiste à s’envoler. Etendre les bras, planer, piquer en vrille, remonter : tout est possible.
L’onironautique demande un apprentissage progressif. Les heures de « vol » apportent de l’assurance et de l’expression. Les enfants n’ont besoin que de cinq semaines pour pouvoir diriger leurs rêves. Chez les adultes, plusieurs mois sont parfois nécessaires.


Croissance :

Jadis les économistes estimaient qu’une société saine est une société en expansion. Le taux de croissance servait de thermomètre pour mesurer la santé de toute structure : Etat, entreprise, masse salariale. Il est cependant impossible de toujours foncer en avant, tête baissée. Le temps est venu de stopper l’expansion avant qu’elle ne nous déborde et ne nous écrase.
L’expansion économique ne saurait avoir d’avenir. Il n’existe qu’un seul état durable : l’équilibre des forces. Une société, une nation ou un travailleur sain sont une société, une nation ou un travailleur qui n’entament pas et ne sont pas entamés par le milieu qui les entoure. Nous ne devons plus viser à conquérir mais au contraire à nous intégrer à la nature et au cosmos. Un seul mot d’ordre : harmonie. Interpénétration harmonieuse entre monde extérieur et monde intérieur.
Le jour où la société humaine n’éprouvera plus de sentiment de supériorité ou de crainte devant un phénomène naturel, l’homme sera en homéostasie avec son univers. Il connaîtra l’équilibre. Il ne se projettera plus dans le futur. Il ne se fixera pas d’objectifs lointains. Il vivra dans le présent, tout simplement.


Chamanisme :

Presque toutes les cultures de l’humanité connaissent le chamanisme.
Les chamans ne sont ni des chefs, ni des prêtres, ni des sorciers, ni des sages. Leur rôle consiste simplement à réconcilier l’homme avec la nature.
Chez les Indiens Caraïbes du Surinam, la phase initiale de l’apprentissage chamanique dure vingt-quatre jours, divisés en quatre périodes de trois jours d’instruction et trois jours de repos. Les jeunes apprentis, en général six jeunes d’âge pubère, car c’est l’âge où la personnalité est encore malléable, sont initiés aux traditions, aux chants et aux danses.
Ils observent et imitent les mouvements et les cris des animaux pour mieux les comprendre. Pendant toute la durée de leur enseignement, ils ne mangent pratiquement pas mais mâchent des feuilles de tabac et boivent du jus de tabac.
Le jeûne et la consommation de tabac provoquent chez eux de fortes fièvres et d’autres troubles physiologique. L’initiation est de plus parsemée d’épreuves physiquement dangereuses qui placent l’individu à la limite de la vie et de la mort, en détruisant sa personnalité.
Après quelques jours de cette initiation à la fois exténuante, dangereuse et intoxicante, les apprentis parviennent à « visualiser » certaines forces et à se familiariser avec l’état de transe extatique.
L’initiation chamanique est une réminiscence de l’adaptation de l’homme à la nature. En état de péril, soit on s’adapte, soit on disparaît. En état de péril, on observe sans juger et sans intellectualiser.
On apprend à désapprendre.
Vient ensuite pour l’apprenti chaman une période de vie solitaire de près de trois ans dans la forêt, pendant laquelle il se nourrit seul dans la nature. S’il survit, il réapparaîtra au village, épuisé, sale, presque en état de démence. Un vieux chaman le prendra alors en charge pour la suite de l’initiation. Le maître tentera d’éveiller chez le jeune la faculté de transformer ses hallucinations en expériences « extatiques » contrôlées.
Il est paradoxal que cette éducation par la destruction de la personnalité humaine pour revenir à un état d’animal sauvage transforme le chaman en super-gentleman. Le chaman, à la fin de son initiation, est en effet un citoyen plus fort tant dans sa maîtrise de lui-même, ses capacités intellectuelles et intuitives, que dans sa moralité. Les chamans yakoutes de Sibérie ont trois fois plus de culture et de vocabulaire que la moyenne de leurs concitoyens.
Selon le professeur Gérard Amzallag, auteur du livre « Philosophie biologique » les chamans sont aussi les gardiens et sans doute les auteurs de la littérature orale.
Celle-ci présente des aspect mythiques, poétiques et héroïques qui constitueront la base de toute la culture du village.
De nos jours, dans la préparation aux transes extatiques, on constate une utilisation de plus en plus répandue de narcotiques et de champignons hallucinogènes. Ce phénomène trahit une baisse de la qualité de l’éducation des jeunes chamans et un affaiblissement progressif de leur pouvoir.


Les CREQ :

L’homme est en permanence conditionné par les autres. Tant qu’il se croit heureux, il ne remet pas en cause ces conditionnements. Il trouve normal qu’enfant on le force à manger des aliments qu’il déteste, c’est sa famille. Il trouve normal que son chef l’humilie, c’est son travail. Il trouve normal que sa femme lui manque de respect, c’est son épouse (ou vice-versa). Il trouve normal que le gouvernement lui réduise progressivement son pouvoir d’achat, c’est celui pour lequel il a voté.
Non seulement il ne s’aperçoit pas qu’on l’étouffe, mais encore il revendique son travail, sa famille, son système politique et la plupart de ses prisons comme une forme d’expression de sa personnalité. Beaucoup réclament leur statut d’esclave et sont prêts à se battre bec et ongles pour qu’on ne leur enlève pas leurs chaînes.
Pour les réveiller il faut des CREQ, « Crise de Remise En Question ».
Les CREQ peuvent prendre plusieurs formes : accidents, maladies, rupture familiale ou professionnelle. Elles terrifient le sujet sur le coup, mais au moins elles le déconditionnent quelques instants. Après une CREQ, très vite l’homme part à la recherche d’une autre prison pour remplacer celle qui vient de se briser. Le divorcé veut immédiatement se remarier. Le licencié accepte de reprendre un travail plus pénible…
Mais entre l’instant où survient la CREQ et l’instant où le sujet se restabilise dans une autre prison, surviennent quelques moments de lucidité où il entrevoit ce que peut être la vraie liberté. Cela lui fait d’ailleurs très peur.

Hors ligne

#2  06-06-2005 01:22:11

Aragorn
 

Re: L'ESRA (de E.Wells)

      


ps : tu as vu/lu quoi sur les chamans ?

Hors ligne

#3  07-06-2005 19:29:33

tropikaya
 

Re: L'ESRA (de E.Wells)

J'ai lu beaucoup d'articles, de pages internet, mais en terme de livre rien encore (enfin aucun ouvrage entièrement consacré à ça), j'ai une liste (bien fournie) de livres que je compte lire un de ces 4 et sur cette liste figurent quelques livres sur le chamanisme, qui paraissent très intéressants, je t'en reparlerait quand je les aurais lus...

Une chose est sur le chamanisme m'intéresse énormément.

Hors ligne

#4  07-06-2005 19:54:25

ellesmera
 

Re: L'ESRA (de E.Wells)

Je ne sais pas si dans ta liste tu as mis les livres de Castaneda mais ce sont vraiment de purs bouquins.

Hors ligne

#5  07-06-2005 20:15:48

fenek
 

Re: L'ESRA (de E.Wells)

putain vous etes chian avec vos poste de 300metres de haut!!   

Hors ligne

#6  16-06-2005 16:16:20

Aragorn
 

Re: L'ESRA (de E.Wells)

Pour l'instant j'ai lu les 2 livres de Corinne Sombrun sur son initiation chamanique en amazonie puis en mongolie.plusdivers truk sur le net. Kler Castaneda est au programme des lectures a venir !

Hors ligne

#7  16-06-2005 19:24:45

NiCoX
 

Re: L'ESRA (de E.Wells)

         super interesant sur les chamans et le reste aussi
Good vibes

Hors ligne

Pied de page des forums


Accueil | Tablatures | Compos | Blog | Forum | Annuaire | Contact